Page images
PDF
EPUB
[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

3685. LEFEBVRE DE BÉHAINE, CHARGÉ D'AFFAIRES À BERLIN, AU Marquis de MoustiER. (Orig. Prusse, 360, no 235.)

Berlin, 18 octobre 1866.

(Cabinet, 20 octobre; Dir. pol., 22 octobre.)

[Lefebvre de Béhaine adresse au Marquis de Moustier des renseignements sur la nouvelle répartition des forces militaires et les nouveaux effectifs de l'armée prussienne. ]

3686. LE MARQUIS DE MOUSTIER AU DUC DE GRAMONT, AMBASsadeur à Vienne. (Minute. Autriche, 493, no 105.)

Paris, 19 octobre 1866.

J'ai pris connaissance de la dépêche que vous avez adressée à M. le Marquis de La Valette, sous le n° 132(1), au sujet des affaires de Candie. M. le Comte de Mensdorff ne vous a point caché les préoccupations qu'a d'abord causées au Cabinet de Vienne l'agitation suscitée par ces événements en Grèce et dans les provinces helléniques de la Turquie, et vous faites vous-même remarquer

Dépêche du 30 septembre.

ORIG. DIPL. -XIII.

1

IMPRIMERIE NATIONALE.

combien l'Autriche éprouve le besoin du repos après la crise qu'elle vient de traverser.

Le Gouvernement de l'Empereur, Monsieur le Duc, comprend parfaitement, lui aussi, l'inopportunité de la tentative des CrétoisHellènes, et le danger qu'auraient pour les Puissances les complications qui surviendraient en ce moment en Orient. Aussi nous n'avons usé de notre influence que pour calmer les esprits, et c'est en ce sens que j'ai employé personnellement mes efforts auprès du Roi de Grèce, en me rendant à Athènes, suivant l'invitation que Sa Majesté m'avait fait l'honneur de m'adresser (1). Le Gouvernement autrichien en a été informé par M. le Baron de Prokesch, et le Prince de Metternich est venu me lire des dépêches de l'Internonce, dans lesquelles il semble se féliciter du langage que j'ai tenu au Roi Georges et à son Ministre des Affaires étrangères. Au surplus, l'insurrection paraît avoir perdu de sa gravité durant ces derniers jours; elle n'a pas du moins fait de nouveaux progrès, et, dans les dépêches dont M. l'Ambassadeur d'Autriche a bien voulu me donner lecture, M. de Prokesch suppose, d'après les rapports transmis à Aali Pacha, que le soulèvement ne se prolongera pas au delà de ce mois. Les informations que je reçois aujourd'hui de Constantinople ne démentent pas ces prévisions.

M. le Prince de Metternich m'a entretenu aussi de l'affaire des Principautés-Unies. J'ai pu lui annoncer que les négociations ouvertes entre la Porte et le Gouvernement moldo-valaque sont arrivées à leur terme, et que le Prince de Hohenzollern se rend à Constantinople pour y recevoir l'investiture du Sultan (2). L'opinion que nous avons constamment soutenue depuis onze ans dans la question du Prince étranger, et la part que nous avons prise à l'entente qui vient de s'établir, nous portent naturellement à nous applaudir d'une solution conforme à nos vœux; mais nous nous félicitons aussi, dans un intérêt plus général, de voir disparaître un état d'incertitude qui, en se prolongeant, pouvait avoir des dangers pour la Turquie, et n'être pas sans inconvénients pour les Puissances voisines.

M. le Prince de Metternich m'a paru satisfait d'apprendre de

(1) Cf. Moustier à Gobineau, 12 octobre. (2) Cf. d'Avril, télégramme, 13 octobre.

ma bouche que cette affaire était heureusement terminée. Il considère en outre, ainsi que moi, que l'Autriche a tout avantage à se montrer bienveillante pour le nouveau Gouvernement des Principautés, et à entretenir de bons rapports avec lui.

[D'autre part, les difficultés depuis longtemps pendantes entre le Monténégro et la Turquie ont été heureusement réglées.]

3687. LE MARQUIS DE MOUSTIER AU DUC DE GRAMONT, AMBASSADEUR À VIENNE. (Minute. Autriche, 493, no 106.)

Paris, 19 octobre 1866.

J'ai l'honneur de vous accuser réception de la dépêche que vous m'avez adressée le 15 de ce mois, et à laquelle vous avez joint le traité ainsi que les protocoles signés le 3 entre l'Autriche et l'Italie.

Le Gouvernement de l'Empereur attachait du prix à ce que cet acte rappelât la cession de la Vénétie faite à Sa Majesté, de même que l'assentiment donné par elle à la réunion de cette province aux Etats du Roi Victor-Emmanuel, sous la réserve du vœu des populations dûment consultées. Suivant le désir exprimé par mon prédécesseur, cette disposition a été introduite dans le préambule du traité(1), et le rôle de chacune des Puissances se trouve ainsi exactement déterminé pour l'histoire.

[Le Cabinet de Vienne a reconnu, en outre, avec une bonne grâce parfaite, les créances de sujets français sur l'ancienne dette lombardo-vénitienne.]

Bien que le traité du 3 octobre consacre une perte de territoire pour l'Autriche, nous ne saurions, Monsieur le Duc, regretter pour la Cour de Vienne le résultat général de cette négociation. Vous connaissez au surplus depuis longtemps l'opinion du Gouvernement de l'Empereur sur la question vénitienne, et vous savez que, en désirant que la Vénétie appartînt à l'Italie, nous n'étions animés d'aucun sentiment hostile au Cabinet autrichien; mais cette possession était un fardeau pour ses finances et une gêne

() Voir le texte du traité à l'Appendice du t. XII, p. 400.

pour sa politique. Il en résultait en même temps en Italie un état de malaise et d'agitation qui était une cause permanente de dangers pour la paix. Ce sujet d'inquiétude et de trouble disparaît aujourd'hui, et, à la place des défiances si profondes qui existaient entre l'Autriche et l'Italie, des relations de bon voisinage vont désormais s'établir. Le Cabinet de Vienne, libre de toute préoccupation de ce côté, retrouve l'indépendance de son action. Cet avantage compense à nos yeux un sacrifice qu'il hésitait à accomplir, mais dont il avait lui-même reconnu la nécessité dans ces derniers temps. Nous y voyons, quant à nous, une circonstance favorable à nos rapports ultérieurs avec l'Autriche, dont nous ne sommes plus séparés par aucun intérêt, et nous ne pouvons, à ce titre, que regarder comme un événement heureux la paix qui vient d'être conclue.

3688. LE MARQUIS DE MOUSTIER AU VICOMTE DE BOTMILIAU, CONSUL GÉNÉRAL À BELGRADE. (Minute. Turquie, Belgrade, 16, no 4.) Paris, 19 octobre 1866.

Vos dépêches sont parvenues au Département jusqu'au no 130(1). J'ai vu par votre dépêche n° 129 (2) que le passage de la circulaire de M. de La Valette relatif au rôle qui semble être désormais assigné à l'Autriche avait donné lieu à Belgrade à des interprétations erronées.

D'après ce que vous me faites l'honneur de m'écrire, les craintes qui s'étaient déjà manifestées, il y a quelques mois, que le Gouvernement autrichien ne cherchât dans l'annexion des provinces slaves du nord de l'Empire ottoman une compensation à la cession de la Vénétie, auraient de nouveau préoccupé les esprits, et tendraient à favoriser un retour de l'influence de la Russie à Belgrade. Je vous invite à combattre, comme vous m'annoncez d'ailleurs l'avoir déjà fait, ces fausses appréciations, en représentant au Gouvernement du Prince Michel que la politique du Gouvernement de l'Empereur est avant tout conservatrice, et qu'il ne serait nullement disposé à voir avec indifférence, et encore moins à se

(1) Évidemment la dépêche n° 230, du 2 octobre.

(2) N° 229, du 1er octobre

« PreviousContinue »