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Attendu surtout, et en outre, que, dans les États catholiques tenus aujourd'hui sous l'oppression de l'Église et du despotisme, - la presse est bàillonnée, la tribune muette, stipendiée ou complice des tyrannies, les droits d'association 2 et de réunion anéantis, milliers de patriotes sont bannis ou captifs, règnent en ces États le silence et la terreur, 5 —

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que des

que partout

que les citoyens de ces malheureux pays, soumis au double et exécrable joug du tyran et du prêtre, pourraient cependant trouver un élément de délivrance, - un instrument de lutte, un ferment d'opposition,

-

en

un moyen de concerter leurs efforts, de se compter, de se réunir embrassant l'une des sectes protestantes et notamment l'UNITARISME, manifestation légale que plusieurs gouvernements absolus, -celui de la France particulièrement, -ne pourraient que très-difficilement empêcher;

>> Pour les raisons ci-dessus énoncées, les soussignés déclarent leur résolution de répudier le catholicisme, d’embrasser l'UNITARISME et prennent l'engagement formel de s'efforcer d'étendre, par toutes les mesures possibles et légales, l'ASSOCIATION POUR LA PROPAGANDE DE L'UNITARISME.

(1) Preuve le Siècle en France, et le National en Belgique où vous imprimez vos lettres.

(2) Si vous étiez les maîtres, que feriez-vous du droit d'Association? Nous le saurons tout à l'heure.

(3) La terreur ! Comment ce mot ne vous fait-il pas reculer ? Les doctrines de la terreur, où les couve-t-on ? Rentrez en vous-même.

(4) De délivrance socialiste.

(5) Entendez-vous ? l'une des sectes. Tout est bon, pourvu que ce soit de la haine contre l'Église.

» Telle serait donc, à peu près, l'esquisse, le rudiment de ce projet d'association. Or, chose capitale (à mon sens): si le protestantisme en général et l'unitarisme en particulier, redevenu ce qu'il était à son berceau, une RELIGIon d'opPOSITION, en un mot de protestants, de gens qui protesTENT, s'augmentait de tous les citoyens qui, nominalement catholiques, mais complètement étrangers aux pratiques de cette foi, naissent, vivent et meurent dans la parfaite insouciance, indifférence ou contemption de ses dogmes, l'Église de Rome perdrait les trois quarts de ses fidèles, et serait frappée d'un coup irrémédiable, mortel peut-être....'

» Mais, répétons-le, pour atteindre ce but, il faudrait avant tout que le protestantisme, rajeuni comme il l'est par l'unitarisme, redevînt ce qu'il était à son berceau : une arme entre les mains des opprimés contre les oppresseurs, nous le répétons: UNE RELIGION D'OPPOSITION.2 >>

A ce cri de guerre du romancier, l'auteur du Génie des religions, l'ancien professeur du collège de France, M. Edgar Quinet a répondu magistralement qu'il existe trois moyens de combattre et, selon lui, de vaincre. l'Eglise la force, la philosophie et le protestantisme. Le docteur du libre examen affectionne particulièrement la force; mais si c'est à ses yeux « le moyen le plus efficace, c'est en même temps le plus impraticable aujourd'hui. Nul n'en peut conseiller l'usage, ajoute-t-il, puisque indépen

(1) Peut-être ! Il y a deux mille ans que les ennemis de l'Eglise prédisent sa mort à chaque siècle. Elle passe à travers leurs tombes.

(2) C'est pour mettre la main à l'exécution de ce plan antichrétien, que M. Quinet publie à Bruxelles les œuvres fanatiques d'un autre âge, les méprisables pamphlets de Marnix. On les trouve à la librairie évangélique!

damment d'autres raisons, il y en a une capitale qui exclut l'incertitude; c'est qu'il suppose la force et l'autorité c'est-à-dire les choses qui manquent le plus à ceux qui pourraient être le plus tentés de l'employer.2 »

On voit que ce n'est pour ces messieurs qu'une question de temps, et qu'ils espèrent voir le jour où ils seront libres d'agir selon le grand principe de philosophie de l'histoire que M. Quinet a découvert et formulé ainsi :

Il n'y a pas d'exemple au monde, qu'une religion nouvelle ait remplacé l'ancienne sans que l'autorité s'en soit mêlée, et sans qu'elle ait fait taire, au moins un moment ceux qui ont pour eux l'antiquité.

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La vraie religion n'est jamais une religion nouvelle, et c'est pour cela que le christianisme ou l'Eglise de JésusChrist qui n'est pas venu changer mais accomplir, n'a pas dû sa vie à la force, quoi qu'en dise M. Quinet. Pour affirmer une pareille erreur, il faut avoir oublié les catacombes, l'amphithéâtre, les trois siècles de persécutions inouïes et cependant vaines contre Dieu. Ce n'est pas en répandant le sang des autres, mais le sien, que l'apostolat catholique a rendu les nations chrétiennes. Les empereurs chrétiens en donnant au christianisme les temples des faux dieux, lui ont donné des temples déserts. Ils n'ont détruit que les restes du paganisme vaincu par la Croix. Pline atteste, en écrivant à Trajan, la vérité du mot de Tertullien Nous remplissons tout; nous ne laissons vides que vos temples. Dans ses préoccupations de sectaire,

(1) Effectivement, la force suppose la force.

(2) Voyez les lettres réunies déjà citées.

M. Quinet applique au christianisme ce qui n'est vrai que du protestantisme qui s'est lui, la chose est certaine, introduit partout par la violence. 1

Mais revenons à l'exposé des moyens du rationalisme contre Jésus-Christ. Le moyen tout philosophique qui oppose purement la raison à la religion « est le mieux fait pour séduire, continue M. Edgar Quinet, mais c'est aussi le moins sûr, et vous avez fait preuve d'un grand sens (il parle toujours à Eugène Sue) en l'excluant aujourd'hui.2

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Que faut-il done faire ? Une chose très-simple et je crains qu'elle ne soit repoussée à cause de sa simplicité mème. Le point pratique, le point utile, le point urgent, c'est de sortir en masse de l'Eglise,3 qui a fait serment de vous perdre. (!) Il faut que les peuples qui habitent encore le moyen àge prennent enfin pied dans le monde moderne; et pour cela, je n'exige pas qu'ils deviennent subitement des philosophes. Je ne pense pas non plus que pour faire un pas en dehors de la barbarie, il soit sage d'attendre cette foi nouvelle, cette forme de culte jusqu'ici inconnue, cette révélation de l'esprit attendu, que je suis loin de nier, mais sur laquelle je ne puis rien bâtir d'assuré ni de solide aujourd'hui, puisqu'une seule chose

1, Voyez Le Libre examen de la vérité de la foi, IVe Entretien.

(2) M. Edgar Quinet ne propose pas moins aux esprits d'élite l'engagement de renoncer au baptême de leurs enfants. « Que veux-je vous demander, leur dit-il? Une seule chose... les enfants qui viennent de naître, voilà ceux pour lesquels je vous demande grâce! » Satan en personne ne plaiderait pas mieux sa cause, la cause du péché originel. Il a peur du caractère des enfants de Dieu.

(3) Voilà l'essentiel. Abandonnez l'Église, et puis faites ce que vous voudrez ;

tout est bon.

est certaine, c'est que cette révélation souveraine qui doit relier tous les cœurs ne s'est pas montrée encore. 1

>> En des circonstances semblables, si nous ne voulons pas que les jours passent inutiles et amassent une plus lourde servitude, il me semble sage et sensé de commencer l'affranchissement des hommes pris en masse avec les leviers qui existent aujourd'hui. Et si, pour se délivrer du moyen àge, l'homme, au XVIe siècle, s'est tant appuyé du pur Évangile, peut-être serait-il raisonnable de s'appuyer aujourd'hui sur les résultats les plus avancés de la révolution religieuse pour s'affranchir du catholicisme dans sa caducité, la forme la plus aveugle qui ait encore paru dans le monde.3

>>

2

Que ceux qui se sentent l'esprit assez trempé pour vivre dans la philosophie le fassent; je les applaudirai; la philosophie reste, après tout, le temple serein par excel– lence Templa serena. Celui qui sera baptisé loin des orages, dans l'éternelle sagesse, n'aura rien à envier aux

autres.

Mais le nombre de ceux-là ne sera pas le plus grand. Quant aux autres, il y aurait quelque dureté et peu de sens à les compter pour rien. Cela admis, ce serait certes

(1) Avez-vous jamais entendu rien de plus innocent! Si la vérité de soixante siecles n'est plus la vérité, que sera la vérité de votre révélation à venir? Cependant, l'esprit attendu viendra, et unira toutes les erreurs contre la vérité.

(2) Le rationalisme prend le masque biblique.

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(3) La plus aveugle ! Cela n'est-il pas clair? Les Justin, les Origène, les Clément d'Alexandrie, les Augustin, les Chrysostome, les Thomas d'Aquin, les Descartes, les Pascal, les Bossuet, les de Maistre étaient des aveugles! M. Quinet est voyant. (4) Il ne demande pas de sacrifices celui-là !

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