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me inconteftable, que l'Apôtre S. Pier- Remar re ait fait allufion à cette proprieté dé- ques fur un paffacouverte depuis peu dans l'eau, quand il dit des mocqueurs incrédules: « Mais Pierre. » c'est par une ignorance volontaire qu'ils ne confiderent pas, que les cieux » furent faits d'abord par la parole de Dieu, auffi-bien que la terre qui fortit » du fein de l'eau, & qui fubfifte par » l'eau (47) ; » Il eft bien plus probable de dire, que l'Apôtre parle, non de la terre ni qu'elle ait été distillée de l'eau, mais du monde même, que le créateur tout-puiffant a fait au commencement avec les eaux, & qu'il ruina enfuite le déluge pour punir le genre humain. C'est de ce monde qu'il dit, qu'il fortit du fein de l'eau, & qu'il fubfifte par l'eau"; c'eft-à-dire, qu'il paroît en partie hors de l'eau, comme S. Cyrille ( 48 ), qui n'ignoroit pas la langue Grecque, l'a rendu, yv ég úðárwv avadeiv; & qu'il eft en partie environné d'eau, comme David dit au Pfeaume XXIII. vf. 2. » Il l'a » fondée (la terre) au-deffus des mers ,, & établie au-deffus des fleuves » ; & au Pfeaume CXXXV. vf. 6. « C'eft lui

par

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(47) Γ ́ ἐξ ὕδατος καὶ δὶ ὕδατο συνεςῶσα. (48) Cyrillus Alexandr. Lib. VI. contra Julian pag. 192.

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qui a affermi la terre au deffus des eaux; "parceque fa mifericorde eft éternelle; » & au Pfeaume CIII. vf. 6. » L'abîme » l'environne (la terre) comme un vê»tement; & les eaux s'élevent comme » des montagnes, mais vos menaces les " font fuir; & la voix de votre tonnerre » les remplit de crainte, elles s'élevent » comme des montagnes, & elles def»cendent comme des vallées dans le lieu » que vous leur avez établi. » C'est la même confidération de ce que la terre s'éleve au-deffus de l'eau, pour nôtre avantage, qui a fait dire aux philofophes Egyptiens (49) & Indiens (50), de même qu'à Thales, que la terre eft portée par les eaux: ce que le fçavant(51) Gonfalez de Salas & Thomas (52) Burnet ('qui en bien des chofes fuit volontiers fon avis) ont entendu tout autrement; quoique le deffein de S. Pierre ne foit

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(49) Simplicius in II. de Cœlo pag. 127.

(50) Jarchas Indus apud Philoftratum III. 11. pag. 135. Voyez aufli Andreas Dounæus ad Chrifoftomum Tom. VIII. edit. Savil. pag. 283. Valefius ad Philoftorgii III. 9. Weitzius ad Dracontium pag. 117.

(51) Gonfalez de Salas, de duplici terra viventium. pag. 33.

(2) Burnet II. 3. Archæolog. & in Theoria facra Telluris, quam non diffitetur loco Petrino fe totam inædificaflè. pag. 408. Archaolog.

uniquement que de convaincre les impies, qu'à la verité la terre fe conferve long-tems, tout comme Dieu a épargné long-tems au milieu des eaux l'ancien monde, qui périt pourtant par le déluge: Que de même Dieu feroit venir fûrement fes jugemens fur le préfent monde, par le feu qu'il ne manqueroit pas d'envoyer: quoiqu'il parût tarder trop long-tems aux, mocqueurs, qui ne confiderent pas mille ans comme un jour, fuivant le calcul de Dieu, mais qui le regardent fuivant leur maniere de compter, comme un renvoi qui fortifie l'incrédulité.

CHAPITRE SEPTIEME.

De la quantité d'eau qu'il y a dans l'Univers, de la profondeur des mers, des fleuves & des lacs; & du fond de la mer en particu

lier.

N'AVIONS-NOUS

Dieu

'AVIONS-NOUS pas fujet de re- Bonté de garder comme un bienfait fingu- Das lier du Créateur, qu'il nous ait donné le tondance plus de l'Eau

H2

Prix de

plus abondamment les chofes, qui nous font le plus néceffaires, & que nous foyions environnés de toutes parts des chofes dont nous ne pouvons nous passer. L'eau en eft un exemple fenfible; elle fe préfente à chacun dans la plupart des endroits fans peine & fans dépense; mais les ingrats n'en glorifient pas plus Dieu pour cela, ils jouiffent d'un bienfait d'autant plus ineftimable, qu'ils ne peuvent s'en paffer, & cependant ils n'en font

aucun cas.

Pour comprendre le véritable prix de l'Eau. l'eau, il faut que l'homme fe trouve dans le befoin, qu'il commence à éprouver & à fentir la difette d'eau : c'eft alors qu'on paye volontiers des ducats pour un verre d'eau, & qu'on voit le diamant perdre fon prix à côté d'elle. Notre Sauveur lui-même fe fert du manque d'eau pour donner une image des peines de l'enfer, où le mauvais riche, à qui tous fes biens n'étoient plus d'aucun usage, prie Abraham d'envoyer Lazare tremper le bout de fes doigts dans l'eau pour lui rafraichir la langue. Luc. XVI. vf. 24. Et, pour nous faire connoître combien fera récompenfé le moindre service fait à ses difciples en fon nom, le même Sauveur nous dit au Chapitre X. de S. Matthieu, vf. 42. & au IX. de S. Marc. vf. 40..

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Quiconque aura donné feulement à » boire un verre d'eau froide à l'un de ces plus petits, comme étant de mes difciples, je vous dis en vérité qu'il ne per» dra pas fa récompenfe.» Nous lifons auffi dans (1) Suetone, que l'empereur Claude donna une charge confiderable & très-profitable à un homme, parce que fon pere lui avoit autrefois donné de l'eau froide à propos dans une maladie. Pareillement le roi Agrippa eut tant de reconnoiffance de ce que Thaumaste, efclave de Cajus, qui n'étoit pas encore empereur, l'avoit laiffé boire de fa cruche lorfqu'il étoit en prifon; que dans la fuite, non content de lui avoir obtenu la liberté de Cajus pour ce bienfait, il le fit encore fon premier miniftre, comme (2) Jofeph le rapporte en détail. On fait par Plutarque (3) & Elien (4), comment le Perfe Sinétas fut bien reçu & actuellement récompenfé par Artaxerxe, parce que n'ayant rien à donner au roi, & n'ofant paroître devant lui fans un préfent, il lui offrit dans le creux de

(1) Suetonius in Claudio. Cap. 40.

(2) Jofephus Antiquitatum Judaic. Lib. XVIII. 6. pag. 892. Edit. d'Havercamp.

(3) Plutarchus Artaxerxe, pag. 1013. & Apoph tegmat. pag. 172.

(4) Elianus Lib. I. Var. Cap. 32.

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