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de fa main, avec un vifage gai & en faifant des voeux en fa faveur, un peu d'eau, qu'il avoit puifé dans le fleuve Cyrus. Le même prince, dans la guerre con⚫ tre le jeune Cyrus, étant preflé de la foif, Satibarzanes, après s'être bien donné de la peine, lui apporta enfin un vieux outre d'eau (5) gâtée: Artaxerxe avoua franchement, & jura par fes dieux (6) n'avoir bû de sa vie rien qui lui eût fait plus de plaifir, pas même les vins les plus exquis.

Profor

La grande abondance d'eau qu'il y deur de a fur la terre, fe montre à nous tous les jours & de tous côtés; mais furtout dans ce puiflant tréfor d'eau, que nous appellons la mer. Si nous en confidérons la longueur & la largeur, qui paffent l'étendue du fec, & que nous ajoûtions à la mer les fleuves, qui s'y jettent, nous comprendrons déja aifément que nous n'avons pas lieu de douter qu'elle ne foit fort étendue, & qu'elle ne contienne une grande abondance d'eau, Mais rien ne peut mieux nous en convaincre, que lorfque nous ajoûtons à

cette

(5) Εν ἀσκία φάυλω διεφθαρμένον ὕδωρ καὶ πονηρόν. Plutarchus Artaxerxe, pag. 1017.

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(6) Οι δε αίμασε τις Θεός μήτε οἶκον, ἐδέως ὅπως πώποτε πεπτωκέναι,

cette longueur & cette largeur l'abîme de la mer, la profondeur de tant de fleuves, la quantité d'eaux fouterraines avec toutes les fontaines. C'est de Dieu feul que Jefus, fils de Sirach écrit au Chapitre XLIII. vf. 18. qu'il fonde l'abîme. Et David, pour dépeindre les jugemens impénétrables du TrèsHaut, dit au Pfeaume XXXV. vs. 7. Vos jugemens font un abîme très-profond. De là vient que Dieu demande à Job au Chapitre XXXVIII, vf. 16. » Etes» vous entré jusqu'au fond de la mer, " & avez-vous marché dans les extré» mités de l'abime?» Il y a long-tems que les anciens ont obfervé, que dans bien des endroits il n'y a point de fonde, qui puiffe atteindre au fond de la mer. (7). Mais ceux, qui ont mefuré sa

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profon

(7) Ariftoteles I. Metorolog. Cap. 13. & ex eo Plinius Lib. II. Cap. 102.,, Alii in Ponto ex ad,, verfo Coraxorum gentis (vocant Badia Ponti) ,, trecentis ferè a continenti ftadiis, immenfam altitudinem maris tradunt, vadis nunquam repertis,,. Idem Lib. VI. C. 22. de mari Taprobanæ vicino:,, Certis canalibus ita profundum ,, ut nullæ ancoræ fidant,, five ut folinus Cap. 53.,, ut nullæ unquam ancoræ ad profundi illius ,, ima potuerint pervenire,, Athanafius queft. 136. ad Antiochum Tom. III. Edit. Cl. Montfauconi. pag. 300. adutos xai àßórises (nulla bolide attingenda abyffus ) ἐν τοῖς ὕδασι τῆς Μαρμαρικῆς πεντα πόλεως.

Senti

profondeur, feroient bien, fur - tout quand ils ne l'ont mefurée qu'en quelque peu d'endroits, de n'en point tirer de conféquence pour les autres, & de ne pas foutenir, qu'elle ne fauroit être plus profonde ailleurs. C'eft ce qu'a produit la grande différence de fentimens touchant l'abîme de la mer, qui fe trouye dans les écrits tant des anciens que des modernes.

Oppien (8) prétend, que la plus mens des grande profondeur que l'on ait trouvée, Anciens Toit de trois cens braffes: car le terme là-dessus pura, dont il fe fert, fignifie, comme

il l'explique lui-même, la plus grande longueur, où puifle atteindre un homme en étendant les deux bras, ce qui fait environ (9) quatre coudées ou fix pieds; de forte que trois cens de ces braffes feroient douze cens coudées. On conte cent braffes pour le ftade, fuivant la remarque de Budé fur les Pandectes, Lib. XI. Tit. VI. leg. ult. qui s'acorde très-bien avec ce qu'il dit dans

(8) Oppian. I. αλιευτικ. 83. άλλα τριηκοσίων οργυιών ἄχρι μάλιςα ἀνέρες ἴσασιν τε και έδρασεν αμφιτρίτην. Voyez auffi les notes de Rittershufius pag. 170. & Robertus Balforeus ad Cleomedem pag.

223.

(9) Eduardus Bernardus de menfuris & ponderibus, Lib. III. pag. 222.

dans fon livre de Asse pag. 251. qu'un ftade a quatre cens coudées. Je rapporte ceci pour faire voir, que de cette façon Oppien ne donne que trois ftades à la plus grande profondeur de la mer; au lieu que Plutarque, dans la vie de Paul (ro) Emile, affure que les Géometres donnoient à la mer dix ftades de profondeur, & autant de hauteur aux montagnes, comme au mont Olympe, regardant cette mefure comme la plus considérable la nature eût donnée à ces deux chofes. Et Pline (11) rapporte d'après Papyrius Fabianus, habile Naturalifte, qui fleurifsoit fous l'Empire de Tibere, que la mer a quinze ftades dans fa plus grande profondeur. C'est auffi celle qu'on prétend que trouverent ceux, que Jules Céfar avoit envoyés pour découvrir le fond de la mer; (12) d'où vient que Cléomedes (13) affùre pofitivement,

que

qu'on

(10) Plutarchus in Paulo Emilio. pag. 283. λέγεσιν οι γεωμετρικοι μήτε ὄρος ὕψος, μήτε βάθος τῆς θαλάσσης ὑπερβαλλειν δέκα ςαδίς.

(11) Plinius II. 102. Altiffimum mare XV. fiadiorum Fabianus tradit.

(12) Harduinus ad Plin. Tom. I. pag. 248. e Prifciano, & Philippus Caroli pag. 195. ad verba Curtij IV. 2. 16. profundum mare, quod vix divina ope poffit impleri.

(13) Cleomedes Lib. I. Meteor. pag. 56. öts vág

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qu'on ne trouve point de montagne plus haute, ni de mer plus profonde de quinze ftades. J'omets à deffein les autres opinions, que mes lecteurs trouveront dans Riccioli (14) auffi-bien que celle de Nicolas Gualtieri (15), qui penfe que la mer peut avoir dans quelques endroits la profondeur de près de deux cens milles d'Italie; fentiment, qui, pour avoir quelque probabilité, devroit être apuyé de meilleures preuves. Senti- Ce qui paroît approcher le plus de la ment de verité, & qui fe trouve le plus conforme aux expériences, qu'on a faites jufques à préfent, c'est que la mer n'eft nulle part plus profonde d'un mille d'Allemagne, & que dans bien des endroits, même dans la plûpart, elle n'a pas moitié de cette profondeur, comme la obfervé le fçavant M.Jean Rajus dans fon livre du commencement du monde, de fes changemens & de fa fin, pag. 98. II

Auteur.

la

ὄρος ὑψηλότερον πέντε καὶ δέκα ςαδίων κατὰ τὴν κάθεται ευρίσκεται ὅτε θαλάσσης βάθος,

(14) Riccioli Geographia reformata. Lib. VI, Cap. 21. pag. 221. & Lib. X. cap. I. p. 427. & Almagefti novi Lib. II. Cap. 14. pag. 71. Il parle auffi de la hauteur des montagnes dans la Geographia reformata Lib. VI. particulierement au Chap. 18. pag. 217. & feq.

(15) Rifeffioni fopra l'origine delle fontane. Journal des Sçavans 1725. Novembre, pag. 562.

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