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tagés par toute la terre, qu'ils four» niffent fuffifament de vapeurs pour » les nuages & la pluye, pour tempé »rer le froid glacé & les vents du nord, » pour adoucir la chaleur brûlante de » la zone torride, pour rafaîchir la » terre par des rofées & des pluyes, & » même pour pourvoir d'eau fraîche les » fontaines & les ruiffeaux.

१२

CHAPITRE TROISIE'ME,

A

Des Fleuves.

Près la mer il convient de parler Les fleus des fleuves, qui, étant entretenus vestirent des vapeurs de la mer par le moyen de leur fourla pluye, fe jettent derechef dans la montag

ce des

Pour

quoi?

mer comme dans leur fource. C'eft nes.
auffi principalement à la pluye & aux
vapeurs des eaux & de la terre qu'ils
doivent leur origine. Il eft certain, que
c'eft le plus excellent & le plus riche
moyen que la fage bonté de Dieu ait
établi pour la fertilité de la terre, que
» de faire fortir de la pierre des fontai-
» nes & des torrens. Pf. LXXIII. vf. 1 5.
» de conduire les fontaines dans les va-
lées

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lées, & de faire couler les eaux entre » les montagnes. PS. CIII. vf. 10. Et » d'arrofer les montagnes des eaux qui » tombent d'enhaut «vf. 13. Plufieurs naturalistes (1) ont obfervé, que les fleuves tirent leur origine des montagnes, & ce que l'on trouve là-deffus dans les relations des pays étrangers fert à confirmer de plus en plus cette remarque. Or il y a deux raifons, qui rendent les montagnes le plus propres à donner la naissance aux Heuves. La premiere eft, que les nuées touchant à leurs fommets elles font par là le plus à portée de fe remplir abondamment d'humidité & d'être pourvues de pluye & de rofée; fans parler des vapeurs plus fortes qu'elles exhalent elles-mêmes. Cette humidité s'augmente aifément à telle quantité, qu'elle ne peut pas toute pénétrer dans la terre, remplir les vallées, ou même se séparer en différentes fontaines; de là vient qu'elle fe raffemble audeffus de la terre & forme un fleuve. L'autre raison eft, que les montagnes font le plus propres, par leur hauteur, à diftribuer au loin & à faire couler

d'elles

(1) Ariftoteles Lib. I. Cap. XIII. meteorologia. Jo. Jovianus Pontanus Lib. Meteor. Tom. IV. opp. pag. 3142. & feq. Edit. Bafil.

d'elles un corps pefant & fluide par luimême, tel qu'eft l'eau: auffi les fleuves coulent jufqu'à ce qu'ils ne peuvent aller plus loin & qu'ils fe jettent dans la mer. C'est par là que la terre éprouve le grand bienfait d'être arrofée par tout de fleuves, comme un Jardin de Dieu: car on peut bien dire de l'Europe & de la plus grande partie de l'Afie & de l'Afrique ce que Daniel Falckner remar que dans fa relation curieuse de l'Afrique pag. 38. que l'Amerique eft comme un jardin bien arrofé de grands & de petits fleuves & de belles fontaines. On a particulierement remarqué, que dans beaucoup d'îles il fe trouve au milieu une montagne, du haut de laquelle les fleuves fe repandent de tous cotés. Le célébre Moine Dominicain Jean Baptiste Labat (2) a encore observé en dernier lieu la même chofe, non feulement de l'ile de S. Thomas en Guinée, mais encore de plufieurs autres. Il n'en eft pas autrement dans les contrées, qui font au milieu des terres; & dans toutes les parties du monde l'on a remarqué, que les fources des plus

grands

(2) Voyage en Guinée, dans les Ifles voisines & à Cayenne, Tom. III. pag. 25, 36. 43. Nieuwentyt, de l'existence de Dieu, &c. Confideration XX.

1

grands fleuves viennent des montagnes, On ne doit pas auffi être furpris de leur grandeur (3), quand on confidére le contour des montagnes, la quantité de vapeurs & l'abondante humidité, que le ciel leur fournit chaque jour. On fçait que dans notre Allemagne du feul Fichtelberg il vient quatre rivieres navigables, qui y ont leurs fources, le Mein, l'Eger, la Neb & la Sale, dont Cafpar Brufchius (4) a donné une relation détaillée. A l'égard des autres fleuves, tant d'Europe que des autres parties du monde, je prie mes Lecteurs de confulter le Mundus Subterraneus de Kircher (5) & l'Hydrographie reformée de Riccioli (6) Le Nil prend auffi fa fource fur une montagne d'Ethiopie (7), le Gange aux Indes fur le mont Imaus, les plus grands fleuves de l'Amerique méridionale fur les monta

gnes

(3) Nieuwentyt. 7. c.

(4) Befchreibung des Fichtelbergs An. 1542. & chez Zacharie Theobald', en 1612. & à Nuremberg 1683. in 4, J. F. K. B. T. P. C. Befchreibung des Saal Strohms, wie er wachst vom Fichtelberg hoch und. Starck bis zur Elbe. Iena 1707. in 8.

(s) Lib. II. Cap. 10. pag. 70. & seq.

(6) Lib. VI. Cap. 16. pag. 216.

(7) Jerôme Lobo Relation d'Abyfinie, Tom. I. pag. 133. 265, & suiv.

gnes du Perou & ainfi d'une infinité

d'autres.

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de l'Ecri

Ce que je viens de dire me donne oc- Remar cafion de m'arrêter un moment, pour ques fur confidérer le miracle, que Moïfe fit en quelques appaifant deux fois les querelles & les pages murmures des Ifraëlites, qui lui deman-ture. doient de l'eau. La premiere fois à Raphidin Exod. XVII. vf. 5. » Le Seigneur dit à Moïfe: marchez devant le peuple; menez avec vous des anciens d'I» fraël; prenez en votre main la verge dont vous avez frappé le fleuve, * & allez jufqu'à la pierre d'Horeb. Je me » trouverai-là moi-même prefent de» vant vous: vous frapperez la pierre, » & il en fortira de l'eau, afin que le peuple ait à boire. Moïfe fit devant » les anciens d'Ifraël ce que le Seigneur » lui avoit ordonné. » La feconde fois » à Cadès. Nombres XX. vf. 8. Le Sei» gneur parla à Moïse & lui dit: Pre» nez votre verge, & affemblez ce peuple vous & votre frere Aaron; & par» lez à la pierre devant eux, & elle vous » donnera des eaux. Et lorfque vous » aurez fait fortir l'eau de la pierre,

"

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tout

* L'Auteur paraphrase ainfi dont vous avez frapé les eux DE LA MER, & renvoye au Chapitre XIV. de l'Exode, vf, 16. & 21.

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