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Elle refléchit la lumiere.

non-feulement fouffre dans les nues unè réfraction qui la rend plus fupportable', mais auffi qu'elle fe conferve plus longtems fur l'horizon, qu'elle s'y groffit & s'y étend; ce qui eft d'un grand ufage, fur-tout aux habitans des pays feptentrionaux, qui ont des nuits fi longues*.

Une qualité de l'eau fort connue, mais qui n'en eft moins digne d'admiration, c'eft qu'elle refléchit la lumie

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videbis. Nonobstant tout cela, on fixe ordinairement l'origine des Telescopes au commencement du Siécle paffé. Voyez Petri Borelli Tractat. de vero Telefcopiorum Inventore.

*D'un grand ufage aux habitans des Pays Septentrionaux. Quoiqu'il foit très-vrai, que les vapeurs & les nuages, qui font dans l'Atmosphere, fervent à la réfraction des rayons du Soleil, ce n'eft pourtant pas proprement là qu'il faut chercher la raifon de ce qu'on lit dans l'Hiftoire de l'Académie Royale des Sciences 1700. p. 140. que les réfractions font plus grandes vers les Poles que vers l'Equateur. Les rayons font plus ou moins rompus felon la diverfe denfité de l'air même, qui eft un fluide tranfparent & propre à rompre les rayons de la lumiere du Soleil & des étoiles, quand même il n'y auroit point de vapeurs dans l'Atmofphere. Et comme l'épaiffeur de l'air eft ordinairement plus grande vers le Pole, que vers l'Equateur, il femble hors de doute que les réfractions doivent être moindres ici que là. Voyez cependant les Obfervations aftronomiques au Cercle Polaire, publiées par Mr. de Maupertuis, p. 169. où on a marqué la difference qu'il y a entre les réfractions de la lumiere à Paris & à Torneo.

re (7), que les autres corps s'y peignent, & que l'on peut s'y confidérer comme dans un miroir. Le Berger, à qui Virgile (8) fait dire, qu'il ne fe trouve pas fi-laid, s'en étoit affuré en fe confidérant dans l'eau de la mer. lorfqu'elle étoit tranquille. Narciffe (9), en voulant boire à une fontaine, y apperçut fa figure dont il devint amoureux. Ce fut dans l'eau que le cerf, dont parle Phédre (10), admira la beauté de fon bois, qui bientôt fut cause de fa perte. Le chien, dont le même poëte nous donne la fable, avoit vû dans une riviere l'image trompeufe qui lui fit abandonner fa proye. Mais quand on réfléchit sérieusement fur cette proprieté de l'eau, on lui trouve autant d'utilité

(7) Ovid. Metamorph. III. 407. Fons erat illimis nitidis argenteus undis.

(8) Virgil. Eclog. II. 25. Non fum adeo informis, nuper me in littore vidi, cum placidum ventis ftaret

mare.

(9) Ovid. Metamorph. III. 416. Dumque bibit vife correptus imagine forme, adftupet ipfe fibi vultuque immotus eodem hæret, ut è Pario formatum marmore fignum, cunctaque miratur quibus eft mirabilis ipfe &c.

(10) Phædrus L. 12. Cervus in liquore vidit effigiem fuam. Et L. 4. Canis per flumen carnem dum ferret natans, lympharum in fpeculo vidit fimularum fuum,

vaifo ides

d'utilité qu'elle nous procure de douçeur & d'agrémens. Il n'y a point de miroir fi grand ni fi beau; c'eft celui qui nous repréfente le plus vivement & dans leur grandeur naturelle, les plus grands objets que nous voyons dans le Ciel & fur la terre (11). Et, ce qui doit augmenter notre admiration, l'image du soleil se peint dans une goutte d'eau, & une infinité de ces gouttes reçoivent un nombre infini d'images de cet aftre.

Les Brames, philofophes Indiens, se Compa- fervent de cette comparaison pour enfeiBrames. gner que l'on trouve dans l'homme une image de fon Créateur. Je vais citer un paffage des Lettres édifiantes, écrites des miffions étrangeres, qui nous apprend ce fait (12) » Voici ce qu'un fçavant Bra» mè m'a affuré avoir tiré fur ce fujet, » d'un de leurs plus anciens livres. Ima»ginez-vous, dit cet auteur, un mil»lion de grands vafes tous remplis » d'eau, fur lefquels le foleil répande » les rayons de fa lumiere. Ce bel af»tre, quoiqu'unique, fe multiplie en

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(11) Voyez les Poëfies de M. B. H. Brockes, intitulées Irdifches Vergnugen in Gott. Tom. I. p. 218. Tom. II. p. 157. & 175.

(12) Lettres édifiantes &c. IX. Recueil, pag. 11,

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quelque forte, & fe peint tout entier » en un moment dans chacun de ces vafes, on en voit par-tout une image » très-reffemblante. Nos corps font ces " vafes remplis d'eau, le foleil eft la fi"gure du Souverain Etre; & l'image » du foleil peinte dans chacun de ces vases, nous représente affez naturel» lement notre ame créée à la reffem» blance de Dieu même. » Ne diroit-on pas, qu'ils ont appris de Moïfe, que l'homme a été créé à l'image de Dieu, ou qu'ils ont entendu parler de la comparaifon dont fe fert l'Apôtre S. Paul, dans le chapitre quatrième de fa feconde Epître aux Corinthiens, v. 6. Je parlerai plus au long dans le feptiéme Livre, des merveilles qu'une qualité femblable produit dans les nuages, de l'image du foleil & de la lune dans les nuées, de l'arc-en-ciel, & de plufieurs autres phé nomenes femblables. Je me contenterai pour le préfent d'alléguer un feul exemple, qui fera connoître que dès l'antiquité la plus reculée, les hommes fe font fervis de cette proprieté de l'eau pour mefurer (13), le plus exactement qu'il

fut

(13) Vayez les notes fur Sextus Empyricus p. 342, de mon Edition.

Ufage que les

Anciens

fut poffible, le tems & le mouvement des aftres.

Ils prenoient un hydragoge, ou un vafe rempli d'eau, qu'ils expofoient en faifoient plein air; ils y obfervoient l'endroit où de cette le trouvoit alors telle étoile brillante proprieté. qu'il leur plaifoit de choifir, & quel étoit fon cours. Enfuite ils obfervoient la nuit fuivante quand l'étoile paroiffoit fur le même endroit du vase; puis ils marquoient exactement, par le moyen d'une clepfydre, ou d'un horloge à eau, le tems qui s'étoit écoulé entre ces deux apparitions de l'aftre, & ils le diviferent, auffi bien que la circonférence du Ciel, en douze parties. Les Anciens s'y prenoient à peu près de la même maniere pour obferver le point du folftice, ou la plus grande hauteur du foleil, & leurs obfervations étoient bien plus exactes que celles que faifoient les Yncas du Pérou par le moyen de leurs tours (14); car ils avoient à Syene un puits (15) profond, où le foleil ne fe faifoit voir qu'une feul fois l'an, & alors il l'éclairoit entierement. Quand cela arrivoit,

ils

(14) Garcilafs. de Vega Lib. II. Cap. XXII. (15) Harduinus ad Plinii II. 73. Francifcus Oudendorpius ad Lucani II. 587. Macrobius in fomn. Scipionis II. 7. &c.

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