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oblong de Cyacuybay fur les frontie» res de la Chine, qui fe joint à un au» tre & fe vuide dans ce royaume; (III) » le lac de Titicaia, qui a quatre

vingt milles d'Italie de circuit, dans » la Charée, Province de l'Amerique » meridionale, d'où il fort un grand fleu»ve, qui va bientôt fe perdre dans un » autre lac, & qui fans doute cherche » à fe vuider par des canaux fouter» rains (IV); le lac de Nicaragua » dans l'Amerique feptentrionale, à qua» tre milles de la mer pacifique, d'où il »fort un fleuve, qui après un circuit » de cent milles, fe jette dans la mer » Atlantique, & qui fans doute tire fa »fource de la mer pacifique par des ca»naux fouterrains.» Il y a encore plus fujet de s'étonner qu'il y ait des lacs fur de hautes montagnes, qu'ils s'y maintiennent, fans qu'il paroiffe au dehors aucun fleuve, qui y porte fes eaux, & même qu'ils fourniflent abondament d'eau des ifles entieres par le moyen des fleuves qui en découlent. J'en rapporterai un exemple tiré des voyages du P. Labat (8). les ruiffeaux ou petites ri

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(8) Voyage en Guinée & à Cayenne, Tom. III.

pag. 36.

Lacs, qui ont des

entrées &des if[uese

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» vieres, qui ferpentent dans toute l'Ifle » du Prince, viennent toutes d'un petit » lac, qui eft à la cime d'une haute mon»tagne, comme un pic, qui eft au cen»tre de l'Ifle. Il s'éleve fort haut, & quoi» qu'il paroiffe pointu, il y a pourtant à » fon fommet un terrein plat & uni, au » milieu duquel eft ce lac, d'où l'eau, qui » compofe ces petites rivieres, s'écoule » fans ceffe, quoique la furface foit tou» jours la même »

On trouve auffi de cette efpece de lacs dans toutes les parties du monde, comme en Afie le lac de Genezareth, au travers duquel coule le Jourdain ; en Afrique celui de Zaire ou de Zambri, par où le Nil paffe, & les lacs de Panier, Foule & Cajor ou Cajar (9), au travers defquels le Niger prend fon cours. En Amerique il y a au Bréfil un fleuve, qui paffe par plufieurs lacs, comme la riviere de Mofca en Europe, qui traverse environ dix lacs. On fçait que le Rhin coule au travers du lac de Zell, & le Rhône par le lac Léman ou le lac de Geneve. Mais entre les autres lacs de cette efpéce, ceux-là font particulierement remarquables, qui reçoivent les

eaux

(9) Labat Relation de l'Afrique Occidentale ¿ Tom. II. pag. 174. 179.

eaux de beaucoup de fleuves, mais qui ne fe vuident que par un feul endroit. Mr. D. Tilefius (10), dans la defcription détaillée, qu'il a donnée en dernier lieu du lac de Wetter en Suéde, observe qu'il s'y jette quarante fleuves paffablement grands dont il donne les noms & la defcription. Cependant on ne voit s'écouler de ce lac qu'une feule riviere, qui eft la Motel ou la Motala.

niz.

Rien ne prouve plus clairement la Las communication, que les lacs ont avec Czired'autres eaux par des canaux fouterrains, que le célébré lac de Czireniz. Il eft dans la baffe Carniole & a environ un mille d'Allemagne de longueur fur la moitié autant de largeur. Bien des personnes fe font appliquées à en donner la defcription; mais il n'y en a point, qui l'ait fait d'une maniere plus circonftanciée, & fur laquelle on puiffe faire plus de fond, que M. Valvafor (11). Ordinai

rement

(10) D. Tilefius, Paftor Ecclefiæ Hammarenfis, in defcriptione lacus Wetterani Suecici, edita fuecicè Upfal. 1723. 4. Cap. 3. A&ta litteraria Sueciæ, 1723. pag. 473. On trouve auffi une defcription de ce lac par Urb. Hearn. Philofophical Tranfactions n. 298. Benjam. Motte abridgement, Tom. II. pag. 225. feq.

(11) Joan. Weichard. Valvafor Ehre des Hertzogthums Crain, Tom. IV. pag. 619. & feqq. Philo

MS

fophical

rement tous les ans environ la S. Jean ou la S. Jacques, qui eft la faifon la plus fertile de l'année, fes eaux s'écoulent & entraînent avec elles les poiffons par quantité de trous qu'il y a. Quand le lac eft plein d'eau, ces trous ont cinq, fix & même fept coudées de profondeur, pendant que celle des autres endroits n'eft que tout au plus de quatre coudées. Il arrive quelquefois que les eaux restent toute l'année sur ce lac, quoique ce ne foit pas toujours à la même hauteur; mais jamais il ne reste defféché toute l'année, car les eaux ne manquent pas de revenir environ le mois de Novembre & de ramener les poiffons avec elles. Les habitans du voifinage peuvent y aller en bateaux & s'en fervir comme d'un lac, jufqu'au milieu de l'année fuivante. Quand l'eau s'eft écoulée, il paroît un bon terrain, où l'on feme & on moiflon

ne.

fophical. Tranfact. n. 54. 109. & 191. Lowthorps abridgement, Tom. II. pag. 306. feq. Kircheri mundus fubterraneus, Lib. V. p. 237. Baudelot de Dairval utilité des voyages, Tom. I. pag. 102. feq. Guil, Derham Phyfico théologie, pag. 135. E. G. Happelii Relationes curiofa, Tom. III. pag. 377. Georgius Wernerus libro de admirandis Hungariæ aquis, cui addita tabella lacus mirabilis Czircniz, Colon. 1595. fol.

ne. Il n'y manque pas de pâturage pour les beftiaux, on y a des oifeaux & du gibier, des lievres, des fangliers & des cerfs.

On ne fçauroit mieux comprendre la caufe de ces changemens qu'en fe repréfentant avec M. Valvafor ( 12 ) des conduits fouterrains d'eau, qui ont communication avec ce lac, & qui produisent le même effet qu'un fiphon dans un tonneau de vin ou de biere; c'e-àdire, que quand il y a une trop grande abondance d'eau dans les endroits où ils aboutiffent, ils lui donnent paffage pour fe rendre au lac. Au contraire, quand l'eau baiffe dans ces endroits faute de pluye, & qu'elle ne peut plus fournir, elle eft forcée de laiffer tomber celle du lac & de la laiffer retourner en arriere, Je ne dois pas oublier de dire, qu'il faut aux eaux de ce lac près de 25 jours pour s'écouler, tandis qu'il ne met pas feulement autant d'heures à fe remplir. On trouvera dans l'ouvrage de M. Valva→ for (13), la raison de ce phenoméne, Je me contenterai pour le préfent d'ajouter, que les naturalistes ont remarqué

(12) Acta Eruditorum 1689. pag. 634. feq. (13) Ibid. pag. 639.

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