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qué dans d'autres Pays de pareils changemens dans certains lacs, comme par exemple le Chiapa en Amerique, dont Jean Laët a donné la description & d'après lui Olivier Dapper dans fon America, Lib II. Cap. 16. Le Torbidone en Italie, dont parle Paul Bocco dans fes Obfervationes Naturales, Obf. 19, & un en Pruffé dans la contrée d'Ifterbourg près de Kauten, dont M. Christian Mezelius (14) a donné en 1686. une relation, fur laquelle on peut faire fond & dont je tranfcrirai ici les propres termes (15). » Ce lac pendant trois ans » eft plein d'eau, affez profond & four» nit abondamment toutes fortes de poiffons; mais au bout de ce tems-là, fes eaux s'écoulent d'elles mêmes, &

» ik

(14) Acta Naturæ curioforum, Decade II. n. s. pag. 4.

(15) Hoc ftagnum per tres annos aqua repletum & fatis profundum, pifces fuos omnis generis copiofe reddit præterlapfis verò tribus annis fponte fua aquis in funda fe fubducentibus exarefcit, adeo ut accole in alveo arido frumenta omnis generis ferant & felici proventu metant per tres annos quibus præterlapfis aque iterum ex fontibus in fundo latentibus regurgitent cum pifcibus (quod mirum) mixte, nullis in folo continente rivulis afluentibus. Tempore meffis Sereniffimus Elector (Brandeburgicus Fridericus Wilhelmus) aliquando alveum eques cum comitatu tranfiit, leporefque in eo venatus eft.

2

» il fe defféche, de forte que les habi-
» tans du voisinage y fement toutes for-
»tes de grains, & y font de bonnes
» moiffons pendant trois ans. Après
» quoi les eaux commencent à regor-
des fources cachées en terre,
ger
» ce qu'il y a de furprenant, c'eft qu'el
» les ramenent avec elles les poiffons,
» fans qu'il s'y jette aucun ruiffeau des

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&

terres voisines. Dans le tems de la » moiffon le Séréniffime Electeur ( de Brandebourg Fréderic Guillaume) paffa un jour le baffin de ce lac à che» val avec fa fuite, & y fut à la chaffe » de lievre.

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Lacs &

Il eft prefqu'incroyable quelle quan- Du nom tité de lacs, de marais, d'étangs & de bre des baffins d'eau (16) l'on trouve dans la des éplupart des Pays. On peut en juger par tangs. ce que rapporte Gafpar Henneberger (17), qui en compte dans la Pruffe feule deux mille trente-fept, & le P. Charlevoix, qui en compte plus de trente-mille dans la feule île d'Hifpaniola, ou S.

Do

(16) κρατῆρες, φίλαι, lacus, paludes, ftagna, pifcine.

(17) Dans un Livre Allemand de l'ancienne Pruffe & dans fon Livre des Fleuves. Chriftophle Hartknoch dans un ouvrage Allemand de la Pruffe ancienne nouvelle pag. II.

Domingue. Une bonne partie de ces eaux provient de la pluye, qui s'eft ramaffée des environs ; d'autres ont leurs fources dans la terre; d'autres enfin proviennent des inondations, qui ont couvert le pays, & dont les eaux fe font arrêtées dans les vallées & les enfoncemens, d'où elles n'ont pu s'écouler, comme nous en avons un exemple dans les Vierlandes au voisinage, qui eft un monu→ ment d'une inondation, qui couvrit ces contrées il y a une centaine d'années. On voit grand nombre de ces amas peu confidérables d'eaux non-feulement fe diminuer en été, mais difparoître tout à fait & tarir, en partie en s'écoulant dans la terre, en partie en fe confumant par des vapeurs, qui ne font point remplacées. Mais cela eft bien plus remarquable, quand il arrive à de grands fleuves & à des lacs confidérables. Auffi David met-il ces évenemens au nombre des effets de la puiffance de Dieu, Pf LXXIII. vf. 15. Vous avez fait fortir » de la pierre des fontaines & des tor»rens: vous avez feché les grands fleu»ves »; où le Roi prophete a en vue les deux grands miracles, qui font rappor tés au chap. XIV. de l'Exode, vf. 21. & au III. de Jofué, vf. 16. Il nous fait fouvenir en même tems, qu'il faut auffi pen

fer

fer à l'égard des autres changemens, qui fe font dans la nature, qu'ils n'arrivent point au hazard, mais par un effet de la providence de Dieu. C'eft auffi la penfée de Job dans la comparaifon, qu'il employe au chap. XIV. vf. 11.» de mê» me que les eaux fe retirent de la mer ; » & qu'un fleuve devient à fec ». Théodulphe (18), Evêque d'Orleans, qui eft mort environ l'an 8 2 1. de J. C. fait mention d'un fleuve, qui fe tarit fans qu'on s'y attendît: fans parler du paffage d'Ovide (19), où il témoigne avoir vû de fes yeux des terres, qui auparavant étoient couvertes d'eau.

(18) Theodulphus Lib. IV. Carminum, Elegia 6. Eft fluvius, Sartam Galli dixere priores &c. Et propriis fpoliatus aquis locus ille repertus, qui rate feu remis pervius ante fuit &c.

(19) XV. Metamorphof. v. 263. Vidi factas ex aquore terras,

Du lac Maris.

CHAPITRE CINQUIEM E.

Des

es amas d'Eaux faits de main d'hommes.

L

Es hommes ont fait ufage du genie qu'ils ont reçu de la bonté du créateur, non-feulement pour tirer avantage du grand nombre de lacs & d'étangs dont Dieu a enrichi la nature, afin de les faire fervir à nos besoins & à nos commodités, mais encore pour les imiter par

l'art. Ainfi ils ont creufé des viviers & d'autres baffins d'eau plus confidérables, non-feulement pour la pêche, mais encore pour plufieurs autres commodités. Diodore de Sicile ( 1 ) fait mention d'un tel étang, qu'on avoit creusé auprès d'Agrigente en Sicile, & qui avoit fept coudées de profondeur & fept fta des ou environ mille pas de circuit; mais le plus grand & le plus admirable, que je trouve en ce genre, eft la ( 2 ) AμróðáAarva, ou le grand lac du Roi d'Egypte Myris

(1) Diodorus Siculus, Lib. XIII. pag. 204.
(2) Ifaac. Vollius, pag. 86. ad Scylacem.

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