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permis de couper les tranchées pour y recevoir les eaux, jufqu'à ce que le fleuye foit à une certaine hauteur, ni de les ouvrir toutes enfemble, parce qu'il y au roit en ce cas-là des terres, qui feroient trop inondées, & d'autres qui ne le feroient pas affez. On commence par les ouvrir dans la haute Egypte, enfuite dans la baffe, & cela fuivant un tarif dont on obferve exactement toutes les mesures, Par ce moyen on ménage l'eau avec tant de précaution, qu'elle fe répand dans toutes les terres. Mais comme malgré tous ces canaux, il refte encore bien des terres dans des licux élevés, qui ne peuvent point avoir part à l'inondation du Nil, on y a pourvu par le moyen des pompes en forme de vis, qu'on fait tourner par des bœufs pour faire entrer l'eau dans des tuyaux, qui la conduifent dans ces terres. Et le même Paul Lucas ( 9 ), que je viens de citer, affure que, fans compter le grand nombre de gens qui s'y employent, on y fair travailler chaque jour plus de deux-cens mille boeufs : quoique, comme il le remarque trèsbien, les Egyptiens feroient cela bien plus aifément par le moyen de moulins qu'avec leurs Poufaraques.

(9) Ibid. pag. 330.

Jufte

Des A

? de Rome.

Jufte Lipfe (10) met avec raifon entre les merveilles de l'ancienne Rome, queducs ces profonds & larges aqueducs, qui fourniffoient fuffifamment d'eau fraîche à toute cette grande ville & à fes environs. Pline l'ancien (11) a déja marqué fon admiration à ce fujet. Voici ce qu'il en dit. » Quand on fait quelque réflé» xion fur l'abondance d'eau qu'il y a » dans Rome, pour l'ufage public, les

bains, les étangs, les maifons, les ca "naux d'eau vive, qui fervent à embel »lir les jardins, les maifons de plaisance » des environs & les campagnes: Quand » on confidéré les arcades que l'on a bâ» ties, les montagnes qu'on a percées, » & les vallées qu'on a comblées dans » les intervales qu'il y a entre la ville & » les lieux d'où on amene ces eaux, on » eft forcé d'avouer qu'il n'y a rien au » monde qui foit plus digné d'admira» tion. » On s'en convaincra encore mieux, en lifant le livre, que Frontinus

a

(10) Juftus Lipfius de magnitudine Romand, Lib, III. Cap. 11.

(11) Plinius XXXVI. 15. Quod fi quis diligentius eftimaverit aquarum abundantiam in publico, balneis pifcinis, domibus, euripis, hortis, fuburbanis, villis; Tpatioque advenientis exftructos arcus, montes perfoffos convalles aquatas; fatebitur nihil magis mirandum fuiffe in toto orbe terrarum.

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a écrit des aqueducs de Rome, avec les excellentes notes de M. Jean Poleni ( 12 ), ou les fçavantes differtations du célébre Raphaël Fabretti de aquis & aquæductibus veteris Roma (13). Un autre ouvrage de ce dernier auteur (14) où il décrit le canal, que l'Empereur Claude fit faire pour conduire les eaux du lac de Fucine au travers d'une montagne dans le fleuve Liris, fournit auffi une preuve de ce dont l'art & les travaux des anciens étoient capables dans les ouvrages de ce genre.

(12) Imprimé à Padoue en 1722. in 4.

(13) A Rome 1680. in 4. & dans le Thefaurus Antiquitat. Roman. de Grævius.

(14) Emilfarii lacus Fucini defcriptio. Romæ 1683 fol. ad calcem fyntagmatis de columna Trajani.

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CHAPITRE SIXIE' ME.

De l'Eau qu'il y a fous la terre.

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& des

Hilon (1) confidére les fleuves com- Des me les mammelles de la terre, qui Grottes est notre mere commune; mais je trouve Lacs qu'il y a plus de reffemblance entr'elles & les fontaines, ou les tréfors fouterrains d'eau, qui fourdent fi abondamment. Il eft certain que la même bonté & la même providence du créateur, qui a rempli les mammelles d'un fuc doux & nourriffant pour la confervation des enfans nouvellement nés, a auffi fait assembler les eaux dans la terre en tant d'endroits, & les en fait fourdre pour l'ufage & l'entretien de fes habitans. Je ne m'arrêterai pas à rapporter les différentes efpéces de grottes & de lacs fouterrains, dont parlent affez au long Jacques Gaffarellus dans fon mundus fubterraneus, ouvrage, qui n'a pas encore été imprimé, & Athanafius Kircher (2) dans un livre, qui porte le même titre. J'ajoûte feule

ment

(1) Philo de mundi opificio, pag. 6. & 2za
(2) Kircherus mundo fubterraneo, pag. 118. & feq.

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ves

ment que leur ordonnance merveilleu fe, leurs differentes efpeces, leur grand nombre & leur ufage me rappellent les paroles de l'Ange, Apocalipfe XII.vf. 7. Adorez celui qui a fait le ciel & la

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» terre, la mer & les fources de eaux ». Des fleu Thomas Gage & d'autres ont débité qui que les mers du Nord & du Sud ont une Se perdem fous fi grande communication entr'elles parla tire, dellous terre,que le détroit deDarien n'eft

que comme un pont, fous lequel les flots de ces deux mers fe réuniffent. Mais le capitaine Guillaume Dampier ( 3 ), très experimenté dans la marine, conteste la vérité de ce fait, & ce n'eft pas fans fondement. Ainfi le plus für eft de s'en tenir à fon avis jusqu'à ce que l'autre foit prouvé par de meilleures expériences que celles qu'on a jufques à préfent, Cependant

il

y a beaucoup d'apparence, que comme dans notre corps le fang & les fucs ont leur communication & leur circulation entr'eux, pareillement les grandes mers (4) communiquent entr'elles & fe touchent par-deffous terre, quoique nous ne fçachions pas précisement les endroits, où cela fe fait, ni de quelle maniere il arrive; tout comme la circu

lation

3) Voyage autour du Monde, Tom. II. Kircherus II. 18. mundi fubterranei, pag. 86.

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