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des créatures, & cela en telle quantité & en fi grande abondance, que fuivant la remarque de (1) Philon, il fait même pleuvoir fur la mer & les terres ftériles, & donne des fleuves & des fontaines à des endroits déferts & inhabitables. Tout cela fe fait fans doute pour des vues très-fages & pour quelqu'avantage; mais il donne encore une plus grande marque de fa bonté en ce que, comme le dit notre ( 2 ) Sauveur, il fait pleuvoir fur les juftes & les injuftes; comme dans le spirituel il ne ceffe d'aller audevant des impies par la (3) pluye de fa grace. Mes réfléxions fe borneront pour le préfent à ce qu'il fe trouve pareillement dans l'homme,comme dans un petit monde, de l'eau en telle quantité & distribuée fi avantageufement, qu'elle fert à le faire vivre, à fe mouvoir, à préparer les viandes, à les digérer & à en tirer la

nour

Jo. Baptifta Villalpandus Soc. Jefu, Lib. V. ad Ezechielem, Cap. XXXVIII.

On peut joindre aux Auteurs, que je viens de citer, les Commentateurs fur le premier Livre des Rois & fur le fecond Livre des Paralipomenes; & Jofeph Lib. VIII. Cap. 3. 5. Eupolemus apud Eusebium, lib IX. præparationis Evangelica Cap. 30. pag.

450. &c.

(1) Philo Lib. I. Allegor. pag. 3.4.

(2) Matthieu V. vers. 45.

(3) Clemens Alexandrinus V. pag. 555.

nourriture. Il eft incontestable, que c'est la circulation des fucs dans notre par corps que notre vie se conserve, & que les fucs font diftribuez par tout le corps, comme des bras de rivieres, qui fe trouvent par-tout dans les nerfs & les plus petits vaiffeaux, tout comme le fang eft dans les veines & les arteres, & qui par leur circulation perpétuelle entretiennent toutes les parties dans leur force & les rafraîchiffent. La bouche eft remplie de petites fources d'eau, qui facilitent le mouvement de la langue, & produisent un fuc, qui commence à diffoudre les viandes & les envoye à l'eftomac à moitié préparées. Il y a dans l'eftomac une autre humidité propre à achever la digeftion. Tous les boyaux & les conduits du corps humain font leurs fonctions. & leurs mouvemens par le moyen de leurs fucs particuliers. Les cheveux mêmes, les ongles & les os tirent des fucs leur nourriture & leur accroiffement. Afin que ces humeurs ayent un paffage libre & puiffent transpirer convenablement, tout le corps eft poreux prefque comme une éponge, ainsi que nous le voyons à notre peau. Les humeurs fuperflues & mauvaises, qui pourroient êtte à charge à la nature,font jettées dehors, par la tranfpiration, la

fueur

fueur, le crachat & l'urine. Au con-
traire l'air, le manger & le boire rem-
placent tous les jours,
jours, renouvellent
& entretiennent les humeurs nécef-

Dans

les autres

tes.

faires.
Ce que
l'on a remarqué à l'égard de
Phomme, que tout fon corps eft comme animaux
une machine hydraulico-pneumatique, que & dans
l'eau & l'air font jouer, eft très-bien con- ·les plan-
firmé par les corps des animaux, & mê-
me par les herbes & les plantes: puifque
nous trouvons auffi dans chacune une
diftribution abondante d'eau & d'hu-
meurs, qui leur donnent la vie, le mou-
vement & la nourriture. J'aurai occafion
de m'étendre davantage fur tout cela;
ainfi je me contente d'en avoir touché
ici deux mots en paffant.

la circula

Avant de finir cette matiere, je Les valque ne puis m'empêcher de faire encore vules en mention d'une chofe, que je n'ai jamais facilitet confiderée fans la plus grande admira- tion. tion, & à laquelle je ne fçaurois penser fans des fentimens intérieurs de vénération pour le grand auteur de la nature. Ce font des efpeces de petites portes, qu'on appelle valvules & dont prefque tous, & je puis même bien dire fans exception, tous les canaux du fang & des autres humeurs, qu'il y a dans le corps RS

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humain, font garnis d'un bout à l'autre de forte qu'au bout de chaque petit ef pace il fe trouve une telle valvule, comme une trape très mince & déliée, & cela par tout le corps. Il paroît que l'ouvrier infiniment fage a eu particulierement en vue dans la formation de ces valvules deux ufages; l'un d'empêcher par-là les humeurs de retourner en arriere, de s'amaffer en trop grande abondance & de tomber avec trop de force; de-là vient que les membres, qui font le plus fujets à ces inconvéniens, comme les bras qui pendent en bas, en font le mieux fournis ; l'autre de faciliter le mouvement même du fang & des fucs, & pour l'entretenir dans quelqu'attituque le corps foit; ce qui fe fait avec plus de facilité & de force, parceque chaque valvule conjointement avec la force de preffion des fibres mouvantes ne communique fon impreffion aux veines, aux arteres & aux autres vafes

de

qu'auffi loin que s'étend le petit espace, au bout duquel fe trouve une autre valvule, qui fait à fon tour les mêmes fonctions que la précedente. Je ne puis diffimuler, que je prens un fingulier plaifir aux obfervations, qu'ont fait fur cette matiere d'habiles anatomiftes, comme

celles

celles de Frabricius (4) d'Aquapendente, qui a découvert de telles valvules dans les veines & dans le cœur, ce qui, à ce que l'on croit, a donné occafion au célébre Harvée de réfléchir mieux fur la circulation du fang dans le corps humain. Ce dernier parle auffi de femblables valvules, qu'il a découvertes entr'autres dans la (5) veine-porte. Et M. Franck de Franckenau fait mention de celles qu'il y a dans les ( 6 ) nerfs. * Le célébre Frédéric (7) Ruyfch décrit dans un traité particulier des valvules de la figure d'un croiffant, qui fe trouvent dans les vafes lymphatiques & lactées. Le Docteur Laurent (8) Heister a écrit une differtation pour prouver contre le

fen

(4) De Venarum oftiolis, Patavii 1603. fol. & inter opera Thomæ Bartholini pag. 204. Lib. 11. ana

tomia.

(s) Guil. Harveus de motu cordis & fanguinis circu latione, pag. 121.

(6) D. Frankenau in Satyris medicis 646.

, pag. *Dans les nerfs. Je crains fort que ces valvules dans les nerfs ne foient qu'imaginaires; c'est au moins jufqu'ici l'avis des plus habiles Anatomiftes N. c. a. T.

(7) Dilucidatione valvularum in vafis lymphaticis & laeis. Hage Com. 1665. Jo. Frideric. Schreiber in Hiftoria vita Friderici Ruysch, pag. 13.

(8) Differtatione anatomica de valvula coli, Altdorf 1718. 4. Acta Eruditorum 1719. pag. 325. Journal des Sçavans 1720. pag. 9.

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