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les (8) anciens ont déja pensé à d'autres causes, en quoi ils ont été fuivis de plufieurs modernes, qui ont prétendu rendre raifon de ce phénomene par l'attraction, ou, ce qui eft beaucoup plus croyable, par la preffion de la lune, qui tourne dans fon tourbillon à l'entour de la terre. Defcartes (9) a joint cette cause à la premiere dont j'ai parlé, D'autres, comme (10) Ifaac Voffius croyent que le foleil y contribue le plus. Le fçavant moine dominicain (1 1) Louis Feuillée *, qui à beaucoup d'expérience

joint

(8) Voyez les ouvrages d'André Rivinus & de Jo, Herbinius, que je cite ci-deffous.

(9) Cartefius parte IV. principior. Philofophiæ 5. 49. feqq. add. Steph. Chauvini Lexicon Philofophicum in voce aftus.

(ro) Ifaacus Vollius Libro de motu marium & ventorum, Haga Com. 1663.

(11) Louis Feuillée Obfervations, pag. 578. feq、 $97.636,

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*Le Savant Moine Dominicain Louis Feuillée.... ne doute point. Les obfervations de ce Sçavant Voya„ geur méritent bien d'être inférées dans cette note, ,, Je remarquai, dit-il, à Coquimbo, que la marée monta à la hauteur de cinq pieds huit pouces, la Lune étoit pour lors dans fon premier quartier & ,, proche de fa quadrature avec le Soleil; tems, au,, quel arrivent les plus baffes marées. J'avois déja ,, obfervé, que le fux & reflux fuivent les mêmes loix que celles, que nous obfervons dans nos mers, que les plus grandes marées arrivent dans les conjonctions & dans les oppofitions; ainsi la preflìon de l'air par la Lune fait fur ces eaux le même ef,, fet, qu'elle fait fur celles de l'Europe; de forte

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,, que,

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joint une grande exactitude, ne doute point qu'au tournoyement de la terre &

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,, que, fi on vouloit fe faire quelque idée des causes de ces différentes hauteurs, on n'auroit qu'à s'ima,,giner un tourbillon elliptique autour de la Lune, ,, dont le grand diamétre paffât par le centre de la ,, terre dans les conjonctions & dans les oppofitions, & que dans les quadratures ce fut le petit diamé,,tre de cette ellipfe, qui paffât par le même cen,, tre, lequel petit diamétre, preffant les eaux avec ,, beaucoup moins de force que le grand, feroit la caufe pourquoi les marées ne monteroient pas fi haut. Les vents détournent cette preffion, fi leur direction eft entierement oppofée à celle du mou" vement des eaux, auquel cas ils retardent les marées & empêchent même, qu'elles ne montent auffi haut qu'elles feroient dans le calme; mais fi les "" vents concourent avec les eaux en les pouffant ,, ils les font monter beaucoup plus haut, qu'elles ,, ne feroient, fi elles ne fuivoient que la feule preffion de la Lune. Dans l'hypothéfé de la preffion de ,,l'air par la Lune on ne fçauroit expliquer le flux ,, & le reflux, que l'on obferve dans les détroits & dans les rivieres, qui vont fe perdre dans la mer, Le flux & reflux ne fuivent pas dans ces lieux les mêmes loix, qu'ils fuivent dans le vafte Ocean; puifqu'au fentiment de Senéque la mer monte & defcend fept fois dans le détroit de l'Euripe.

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Euripus undas flectit inftabilis vagas
Septemque curfus fletit, & totidem refert,
Dum laffa Titan mergat Oceano juga.

Tite-Live réfléchiffant sur la variété des vents ,, qui foufflent dans l'Archipel, ne fit aucune diffi culté de leur attribuer le flux & reflux, & il est ,, certain, que le flux & le reflux, que nous obfervons dans la mer méditerranée, n'ont pas d'autre ,, caufe que les vents, puifqu'on remarque, que dans cette mer les eaux font pleines dans la fai

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& à la preffion de la lune il ne faille ajouter les vents, qui foufflent fur le grand

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,,fon des vents d'Oüeft & de Sud-Oüeft; parcequ'ils pouffent alors les eaux du grand Ocean, & les font entrer par le détroit de Gibraltar dans la mer méditerranée, d'où elles ne fortent qu'après la ceffation de ces vents, ou lorfque que quelques vents oppofés venant à fouffler obligent ces eaux à rentrer dans l'Ocean.,,

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Ce même Sçavant obferva à Arica, que les marées fuivoient les mêmes régles que celles, qu'on obferve fur les côtes de France; car le 23 du mois de Mai 1710. la haute mer n'arriva, eu égard à celle du 22. que 48. ou 49. minutes plus tard, tems que la Lune retarda de paffer par le même méridien qu'elle avoit paffé le jour précédent. Le Pere Gardien, homme Sçavant, l'affura felon les remarques, qu'il avoit faites depuis qu'il demeuroit dans ce Couvent, bâti fur le bord de la mer, que les plus hautes marées étoient celles, qui arrivoient au tems des équinoxes; que celles des conjonctions & des oppofitions de la Lune, qui arrivoient chaque mois, étoient un peu moindres, mais que les plus petites étoient celles des quadratures; ce qui convient avec les obfervations, qu'on a faites en plufieurs Ports de France. L'obfervation faite à 1770, par le même Voyageur, femble entierement détruire le fentiment de la preflion de notre Atmosphere par la Lune, & confirme le fentiment de l'illuftre Mr. Newton fur la gravitation mutuelle de la Terre, de la Lune & du Soleil, qui fait enfler les eaux de la mer.

Pendant tout le tems, dit le Pere Feuillée, que ,, je demeurai à l'Yo, je m'apperçus, que, quelques ,, jours avant la nouvelle & la pleine Lune, on ,, voyoit fur la furface de la mer une écume blan chatre, qui nous indiquoit que les grandes marées s'approchoient, & qu'il étoit tems de pourvoir aux provifions néceflaires pour ceux, qui reftoient dans nos navires, affurés que de cinq à fix jours ils ne pourroient defcendre à terre, ni ceux

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grand ocean. Pour moi, j'ai du penchant à croire, que non feulement toutes ces causes enfemble y ont quelque part, quoique les unes y en ayent plus que les autres; mais qu'il nous manque encore, pour en juger, une relation fuffifamment circonftanciée & une histoire du flux & reflux, que l'on ne peut attendre que des obfervations exactes de perfonnes entendues, continuées pendant plufieurs années & dans divers endroits éloignés les uns des autres Les auteurs du Giornale de Letterati di Roma, A. 1674. pag. 38. & du journal des fçavans A. 1675. pag. 125. feq. en ont déja fait la propofition. Après cela il faudroit, au moins pour expliquer avec

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de terre aller å bord, à caufe des hautes mers & ,, des grandes lames, qui venoient fe brifer fur les côtes avec des bruits, qui faifoient retentir toute la vallée. En effet, pendant ce tems-là il étoit impoffible de dormir, & à peine s'entendoit-on parler. Cette groffe mer devançoit la nouvelle & la ,, pleine Lune de trois jours, & augmentoit durant tout ce tems-là : elle diminuoit enfuite pendant trois autres jours; de forte que de fix jours on ne ,, pouvoit avoir aucun commerce avec les gens des vaiffeaux. Le flux & le reflux étoient réglés alors comme dans tout le refte de la lunaifon, mais la mer étoit affreufe. Je remarquai, que les vents n'avoient point de part à ce mouvement extraordinaire, que les jours même les plus calmes & les vents ne fonfflant d'aucun endroit, la mer, ne laiffoit pas d'augmenter.

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quelque exactitude les circonstances & les variations qui arrivent dans le flux & le reflux, avoir une defcription plus exacte de la terre, connoître mieux les differentes couches fur lefquelles les eaux coulent & se meuvent, tant au-deffus qu'au dedans de la terre. Il faudroit auffi une connoiffance hydroftatique de la nature & des fuites du mouvement des eaux, à proportion de leur largeur, de leur profondeur, des couches fur lefquelles elles coulent, & de leur qualité. Il y a encore d'autres obfervations: des naturalistes, qui ne font pas à méprifer, comme celle-ci, que le flux dure plus long-tems que le (12) reflux; que ce dernier dure plus long-tems de jour que de nuit, & autres femblables. * L'on peut voir dans les notes une lifte de

(12) Mr. Deflandes dans les Mémoires de Trevoux, 1729. Mars pag. 542. feqq.

* Outre ceux-ci que Lipenius cite, Felix Accarom- * bonus, Frideric, Chryfogonus, Ambrofius Floridus, Joan. Dan. Horftius, Sebaftian Kirchmayer Jofeph de Medicis, Chriftophle Meurer, Frideric. Nitfchius, Nicol. Papinus Jo. Placentinus.

Jaques Alexandre Bénédictin de la Congrégation de S Maur, qui a donné un Traité du flux & reflux de la mer, à Paris 1726. in 12. croit avec Jean- . Baptifte Balian, que ce n'eft pas la Lune qui tourne à l'entour de notre terre, mais la terre qui tourne à l'entour de la Lune. Voyez ce que Wallifius objecte à Balian Tom. 11. Operum, pag. 742. feq. & les ob

jections,

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