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Scylla (9), de l'autre un tournoyement nommé Charybdis, très dangereux pour les nautonniers ; ce qui a donné matiere aux fables, que les poëtes ont inventées d'un monftre à fix têtes qui avoit douze pieds, une triple rangée de dents & autres (10) contes incroyables. C'est auffi la cause du mouvement impétueux & effroyable des flots, que l'on ne peut voir ni entendre fans frayeur.

Il n'eft pas néceffaire de m'étendre Des r davantage fur les écueils & les rochers

chers

des é

que l'on trouve ça & là dans les grands cueils. fleuves & dans la mer, dont il y en a quelques-uns, qui fervent autant à la défenfe de certaines places maritimes que les differens ouvrages de fortifications, que Jules Cefar (11) fit faire autrefois pour défendre fès foflés. On fçait que cela a particulierement lieu à l'égard des écueils & des rochers qu'il y a dans la

(9) Scylla canis vorax, a latratu & quod naves devorare videretur. Vid. Voffium ad Catullum, pag. 208.

(10) Videque Viri docti ad Virgilii Eneïd. III. 420. feq. Juftinum IV. 1. & ad Plinii Hiftor. XXXV. c. Jo. Harduinus, Tom. V. pag. 219. Athanafium Kircherum, II. 16. Mundi fubterranei, p. 99. Corneille Brun, voyage en Egypte &c. pag. 17.

(11) Julius Cæfar de Bello Gallico, Lib. VII. Cap. 73.

Mouve

l'eau cau.

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la mer devant (1 2) Stockholm. » En vè» rité, dit Mr Scheller, quoique cette capitale ne foit point fortifiée par l'art, » ces rochers, que l'on ne peut voir fans étonnement & fans admiration, quand » on fait voile au travers, & qui s'éten»dent jufqu'à XX. milles, lui tiennent » lieu d'une belle fortification naturelle, » puifqu'un étranger auroit bien de la peine à y trouver le chemin, s'il n'avoit perfonne avec lui qui connût les » éçueils & qui fçût la route qu'il faut te"nir. Ces Cifeaux † coupent en effet aux » ignorans & aux étrangers le chemin, le paflage & l'approche.

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Lorfque les flots fe viennent heurter ment de contre les rochers, & encore plus lorfJe par les qu'ils font agités par les vents ou la temrochers. pête, il en refulte dans les grandes eaux un mouvement, que nous appellons des ondes ou des vagues. Quand elles font courtes & qu'elles fe fuivent de près les unes les autres, ce n'eft pas grand chofe; mais fouvent elles s'élevent comme des montagnes & entraînent par force avec elles des vaiffeaux fur leur fommet,

&

(12) Jo. Georg. Scheller Pafteur de Hermftedt & Stober dans fon voyage de Laponie & de Bothnie, en Allemand, pag. 5. & feq. Ien. 1720 8.

+ Le nom que l'on donne en Allemand à ces écueils fignifie Cifeaux.

& les laiflent bientôt retomber fi profondément qu'ils femblent aller s'enfoncer dans l'abîme.

cataractes

On trouve encore une autre forte de Des cafmouvement rapide des eaux, fur-tout cades, des dans les fleuves aux endroits, où le terrain, qui leur fert de lit & de canal eft talupes. fi inégal que les flots, pefans comme ils le font, ne peuvent pas fuivre leur cours en droite ligne, mais fe précipitent ra pidement & avec grand bruit. Ces chutes d'eau ou ces cataractes & ces cafcades, dont il y a un très grand nombre, femblent avoir été faites exprès par le grand ouvrier de la nature pour procurer & maintenir par leur rapidité le mouvement des eaux & pouffer plus loin les richeffes, qu'elles portent avec elles. Cela s'obferve particulierement dans les catadupes (13), ou dans la grande chute du Nil, qui a plus de cent coudées de profondeur & d'un mille de largeur, près de la fortereffe de Naissa, où les eaux tombent avec tant de violence que le bruit effroyable, qu'elles font, rend prefque fourds (14) les habitans du voifinage

(13) Du mot Grec None, qui fignifie tomber. Voyez Hardouin ad Plinium, Lib. V.Cap. 10. pag. 556. B. Olear. ad Philoftrat. V. 23.

(14) Plinius VI, 29. nilus præcipitans se, fragore

pas

finage & fe fait entendre à près de fix milles. L'eau, en tombant, ne s'élance pas en droite ligne; mais l'impulsion & la preffion de la pefanteur lui font former un espece d'arcade de cristal, fous laquelle on peut paffer comme fous une voute à fec & fans fe mouiller. La meilleure representation, que l'on ait de cette cataracte, fe trouve dans l'Architecture hiftorique de M1 Jean Bernard Fifcher d'Erlachen, Sur-intendant des bâtimens de S. M. I. dans le tome I. table XII. On peut y joindre ce qu'en dit Paul Lucas dans fon voyage de 1705. pag. 96. le nouvel Atlas hiftorique d'Amfterdam, Tom. VI. n. 5. p. 20. & ce que Jean Herbinius a remarqué là – dessus dans fon livre des cataractes, publié en latin à Amsterdam 1678. 4. pag. 69.

Je me contenterai de rapporter ici dans la note * par ordre alphabetique quel

auditum accolis aufert. Adde Senecam IV. 2. nat. quæft. Jo. Lentzii differt. de hominibus ad catadupa Nili obfurdefcentibus, Witteb 1699. 4.

* Cataractes ou chûtes d'eau, qui fe trouvent naturellement dans de grands fleuves.

Dans le fleuve ARAXE en Armenie. Pomponius Mela Lib 111 Cap. 5.

La cataracte de BEYLANENSE en Syrie, pas loin d'Alep., Corn. Brun voyage en Egypte &c. p. 372. Dans le BORYS THE'NE ou le DNIEPER, J. Herbinius Differtat de Cataralis fluvialibus, pag 249. feq. E. G. Happelii Relationes curiofa, Tom. 1. pag.

419.

Triple

quelques-unes des autres cataractes fem blables, qui font les plus célebres, auxquelles

Triple cataracte dans le DANUBE. Voyez le Comte de Marfigly dans la Defcription du Danube. Jo. Herbinius pag. 234 Seqq. E. C. Happelius Tom. I. pag.

417.

En ETHIOPIE. Lettres édifiantes des Millions, Tom. IV. pag 57.,, A deux lieues de Chelga, du ,, côté du feptentrion, on voit un torrent qui tombe d'une montagne très haute & très-efcarpée, & qui fait une calcade naturelle que l'art auroit peine à ,, imiter. L'eau de cette cafcade étant partagée en différens canaux arrofe toute la campage & la rend très-fertile,,.

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Dans le GANGE aux Indes. Happelius pag. 422.

Dans le fleuve de S LAURENT, qui n'eft pas éloigné de Niagora, & qui eft rempli de telles cafcades. Je rapporterai ici ce qu'en dit le P. Jofeph Frederic Lafiteau, Jefuite, dans le Livre, où il fait le paralelle des mœurs des Sauvages d'Amérique avec celles des plus anciens Peuples, Tom. II. pag. 118.,, Le fleuve S. Laurent a une demie lieue de large, en ce lieu-là tombe à pic comme dans ,, un goulphre, avec un bruit effroyable, en d'autres endroits les faults s'élevent d'une maniere ,, moins fenfible, comme par degrez de cinq à fix pieds feulement de diftance. Le même fleuve S. Laurent peut auffi en être un exemple; car il , court ainfi pendant plus de quarante lieues de faults en faults peu éloignés les uns des autres, & dont quelques-uns ont près d'une lieue de long, où il roule par différentes chûtes avec tant de pré, ,, cipitation qu'une fléche décochée d'une main roide & habile ne part pas avec plus de vîteffe, qu'en a l'eau dans l'impétuofité de ces torrens Et comme dans ces endroits il a peu de profondeur, fes va,, gues fe brifant contre les rochers répandus dans fon lit, caufent un mugiffement perpetuel & paroiffent toutes changées en écume. Y

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