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& que, prise toute feule, elle mérite notre admiration, la grande bonté auffi bien que la fagefle & la puiffance de l'ouvrier ne paroît dans tout fon jour que lorsqu'on examine de plus près, comment elles ont été créées pour s'entre aider les unes les autres, & qu'elles font destinées à produire certains effets auffi bien que les différentes pieces, qui entrent dans la compofition d'une montre. Ce n'eft qu'alors qu'on connoît bien & qu'on eft convaincu, que de fi grandes chofes n'ont pas été faites par hazard; mais qu'elles fervent à exécuter des vûes auffi grandes que certaines ; que ces vûes ne font pas dans les chofes mêmes, mais qu'il faut les chercher dans leur auteur & leur créateur; que telle eft la nature & la grandeur de ces vûes, qu'elles fourniflent, à quiconque veut faire usage de fes yeux & de fon entendement, des indices manifeftes d'un Etre tout-bon, tout-puiffant, tout-fage & auteur de toute beauté. Par cette comparaifon des créatures & la confidération de ces vûes nous trouvons, particulierement auffi dans le grand monde, tant de proportion, de reffemblance, de contre-poids, de fymmétrie & une mesure fi jufte & fi exacte dans toute la nature, que cela feul meriteroit d'être mis devant les yeux de tout le monde dans un traité

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à part. Mais, pour ne parler que de ceci feul à l'occafion de l'eau, le Créateur a gardé par tout une telle proportion, que l'on voit bien que c'eft un riche maître, qui la gouverne, & qu'il ne difpenfe pas fes biens en avare ni chichement; mais que dans tout ce qu'il donne il y a plutôt du fuperflu que de la difette encore eft-ce de telle maniere, que le le fuperflu même ne peut pas facilement caufer beaucoup de dommage, & que le mal, qu'il peut faire, doit tomber fur les mechans pour les punir de leurs chés. Qui peut donc, fans être rempli de fentimens d'admiration & de refpect pour fon Créateur, penfer à la proportion des eaux, qui font fous l'étendue des cieux, au-deffus & au-deffous de la terre, à celles des grandes mers, qui rempliffent l'air d'une fi grande abondance de vapeurs; au grand nombre de fleuves, à la pluye, la rofée & la neige, qui fe forment de ces vapeurs; à la mer falée, qui eft rafraîchie & renouvellée par les fleuves; à la terre, qui eft arrofée & rendue fertile par cette circulation continuelle, depuis des milliers d'années; & à la quantité d'habitans de la terre, pour le bien de qui Dieu a deftiné toutes ces chofes, & qui en tirent leur nourriture & leur vigueur.

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CHAPITRE V.

Des vents réglés & autres qui mettent l'eau en mouvement dans la mer & dans les fleuves.

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Gaufe des Ntre les grandes caufes naturelles, vents. que le Créateur a établies pour mettre les eaux en mouvement, il faut que je rapporte enfin les vents, qui meritent pourtant d'être examinés de plus près, & dont j'ai pris occafion de dire quelque chofe dans mon projet d'Aerothéologie. Je remarquerai feulement. ici, que les vents entrent pour leur part. dans la proportion dont j'ai parlé. Après. le foleil, que l'on doit regarder comme la principale caufe, les brouillards & les vapeurs contribuent beaucoup à la production des vents (1): Nous fçavons, au contraire, que ceux-ci mettent les eaux dans un mouvement fi utile & les animent pour ainfi dire, qu'ils portent. les

(1) Chriftian Wolf Gedancken von Wirckungen der natur. Cap. 3.

les vapeurs au loin jufqu'aux montagnes & qu'ils fourniflent aux hommes le moyen de tirer parti de la navigation.

ces de

Les vents tirent ordinairement leur Différen tes efpe nom des contrées du monde, d'où ils foufflent, comme le vent d'Eft, d'Oüeft, vents. de Sud, & de Nord. Mais il y en a ( 2 ) encore d'autres fortes, qui ne meritent pas moins d'être rapportés ici, auffi bien que les differentes proprietes, qu'ils ont, d'être chauds ou froids, fecs ou humides, forts & violens ou doux & foibles. Tout cela fait voir que le defsein de Dieu a été de rendre plus géné ral le bienfait, que le monde reçoit des vents & du mouvement des eaux, & de l'étendre pour le bien commun dans tous les lieux & de toutes fortes de manieres. Il ne faut fur-tout pas oublier cette efpece de vents fixes, que Strabon, pag. 99. appelle Zépupor devixes, comme, par exemple, ceux de Sud-Eft, qui foufflent entre les Tropiques depuis le mois d'Avril jufqu'à celui de Novembre, & qui depuis Novembre jufqu'en Avril

(2) On trouve les noms des XXXII vents en Grec, en Latin, en Italien, en Allemand, en Espagnol & en François dans l'Ars magnetica de Kircher, pag. 354. en Anglois & en Flamand dans d'au

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Avril font au Nord-Eft. On appelle ces vents la Bife, Alisè & Monfons: Les Portugais les nomment Moncam, les Hollandois Mafoen, les Anglois Tradewinds. On trouvera un plus grand détail fur leur nature, leurs effets & leurs causes dans la géographie réformée de Riccioli, pag. 464. dans les obfervations de Guillaume Dampier (Tom. II. de fes voyages autour du monde) & dans celles du célébre* Edmond Halley & d'autres fçavans hommes, dans les tranfactions philofophiques angloifes, n. 183. 157. &c. auffi bien que dans l'abregé de Lowthorp, Tom. II. pag. 129, feq. Ces vents regles, qui ne caufent point de tempête, & qui font très-uti

les

*Obfervations du célébre Edmond Halley. Il faut convenir, que perfonne n'a traité cette matiere avec plus d'ordre & avec plus d'expérience que ce fçavant homme. Il divife le grand Ocean en trois par ties, l'Atlantique, l'Indienne & la Pacifique Dans l'Ocean Atlantique il regne un vent continuel, qui fouffle fans ceffe de l'Orient à l'Occident, dont la direction fe change néanmoins un peu vers le Sud ou vers le Nord, felon la fituation des côtes. Dans l'Ocean Indien, outre ce vent de l'Orient à l'Occident, on a des vents périodiques, qui pendant 6 mois viennent d'un côté, & pendant les autres 6 mois du côté oppofé. Dans l'Ocean Pacifique, qui eft beaucoup moins connu que les deux autres vents fe trouvent prefque les mêmes que dans l'Ocean Atlantique. Voyez les Tranfact. Philof. N. 183. N. c. a. T.

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