Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]

les aux voyageurs par mer, fe font fentir au milieu de la mer mais non pas près des côtes, ou les vapeurs de la terre, qui font de differentes fortes, ne leur permettent pas d'être fi uniformes: Néanmoins on obferve auffi dans les terres, que dans certaines faifons de l'année il y vient des vents reglés, etefia flabra, qui diminuent la grande chaleur de la canicule & rafraichissent l'air, l'eau & la terre. Mais les tempê tes & les tourbillons terribles, qu'on appelle Ouragans, ( orcans, hurricane, tornados, Ευροκλύδωνες, λάιλατσες, ἄνεμοι τυφωνικοι & turbines) qui viennent pour la plupart du feptentrion, quoiqu'ils caufent beaucoup de dommage aux terres, & qu'ils exécutent fouvent les ordres du Créateur, en puniffant les méchans, ne laiffent pas d'être très-utiles, même par leur violence & leur impétuofité, tant pour purifier l'atmosphere, que pour faire mêler & éclaircir les eaux.

On appelle Bonace, non-feulement le De la Bo calme qu'il y a fur la mer après une nace. tempête & un grand vent, tel que celui dont parle S, Mathieu, Chapitre VIII. vf. 26. où il rapporte que, s'étant élevé une grande tempête, Jefus-Chrift commanda aux vents & à la mer, & qu'il fe fit un grand calme. Mais on donne parti

culiere

culierement ce nom (3) au calme, qui fe fait fur la mer, lorfqu'il n'y a prefque point de vent fenfible, de forte que les vaiffeaux ne peuvent faire voile, & qu'ils avancent très-lentement, ou que l'on eft obligé de ramer, comme bien des gens l'ont éprouvé plus d'une fois fur la mer, que l'on appelle à caufe de cela pacifique. Cependant comme l'air, quelque calme qu'il foit, n'eft jamais fans mouvement fur la terre; de même il eft certain, que les mers, les fleuves & les étangs mêmes ne ceffent jamais de se mouvoir, 'quand même l'on n'y remarque pas de grands flots. C'eft ainfi qu'il faut entendre ce qu'Ammien Marcellin dit du Nil, (4) qu'il eft le feul fleuve, fur lequel les vents ne foufflent point, & ce que dit Vibius Sequefter d'un autre fleuve nommé Anaurus, (5) parce qu'il ne produit ni vent ni brouillard, Če géographe paroît avoir fuivi Lucain, qui dit de même de ce fleuve (6).

Mes Lecteurs trouveront les témoignages d'Hefiode, d'Euripide & d'autres

(3) En Grec Marania.

au

(4) Lib. XXII. Cap. ult. Solus fluminum auras nullas infpirat.

(5) Anaurus Theffalia ita nominatus, quia ex fe neque auram, neque nebulam emittat.

(6) Quique nec humentes nebulas, nec rore madentem Aera, nec tenues ventos Suspirat Anaurus,

auteurs anciens, qui concernent ce fleuve, dans les notes du célébre Ezechiel Spanheim fur Callimaque, Hymno in Dianam, vf. 101. pag. 202. Et encore mieux dans les Epiphyllides de Jac. Nicol. Loënfis, Lib. V. Cap. 21. Tomo V. Lampadis Artium Gruteriana p. 475. Seq.

Les relations anciennes & modernes de la mer morte de la Terre-Sainte, auffi bien qu'un grand nombre d'autres bons livres font fouvent mention de ce qu'on apelle la mer morte (7) ou du grand lac, qu'il y a près de l'endroit, où étoient autrefois Sodome & Gomorrhe,& dans lequel le Jourdain fe jette, fans qu'il y paroiffe d'iffue (8) par où il en refforte. On l'appelle la mer morte, non-feulement parce qu'elle eft entierement calme. mais encore parce qu'il n'y a point de poiffon, point d'oifeau aquatique ni d'autre animal qui y puiffe vivre, ni aucune plante qui y puiffe croître (9). D'autres ajoutent

(7) Hadrianus Relandus in Palæftina, Lib. I Cap. 38. pag. 238. feqq. Haraldi Valerii Differt. de Lacu Afphaltite, edita Upfaliæ, 1704. 8. Matthæus Frechtius de Fabulis Palæftini ftagni, Patav. 1641. &c.

(8) Mafius ad Jofuam, pag. 67. Voyez ce que j'ai dit ci-deffus Liv. II Chap. 3.

(9) Tacitus, V. 6. neque pifces aut fuetas volucrès patitur. Galenus IV. 19. de fimplicibus medicamentis. φαίνεται ἐν ἐκείνῳ τῷ ὕδατι μήτε ζῷον ἐγγενόμενον τι μητε φυτόν.

[ocr errors]

ajoutent que les oifeaux ne peuvent pas même voler (10) par-deffus. On a aussi débité que les hommes ne pouvoient y naviguer (11) à caufe de l'épaiffeur & de la vifcofité de fes eaux. Mais le fçavant MF. Reland (12) a refuté ces opinions par divers témoignages de Jofephe, qui prouvent clairement le contraire. Et quand même on repliqueroit à cela que d'autres auteurs difent, qu'il ne fait que peu de (13) vent fur ce lac, ou qu'il n'y en fait même point du tout, fuppofé que la chose fût bien averée, il ne s'enfuivroit pas, que parce qu'on ne fçauroit y voguer avec des voiles, on ne puiffe pas non plus y aller à rames. La Geographia Nubienfis (14) donne à ce lac foixante milles de longueur fur douze de largeur. Pline (15) dit, que fa longueur eft de cent mille pas, fa plus

grande

(10) Míuvn dopros; di&us eft etiam lacus Afphaltites alter prope Babylonem, quem propter peftilentiam exhalationum ὑπερπετασθῆναι five tranfvolare aves verentur. v. Reland. pag. 246. De hoc plura ad Xiphilinum.

(11) Impervium navibus esse lacum.

(12) Reland. pag. 252.

(13) Tacitus, V. 6. Hiftor. Lacus immenfo ambitu, Specie maris fapore corruptior, gravitate odoris accolis peftifer, neque vento impellitur.

(14) Reland. pag. 249.

(15) Plinius, V. 16. & ibi Harduin.

mille

grande largeur de vingt-cinq mille, & que dans le plus étroit elle eft de fix pas. Un autre géographe (16) grec, qui a vécu après les auteurs, que je viens de citer, en taxe la longueur à 80. ftades & la largeur à 140. La raifon pourquoi les poiffons n'y peuvent pas vivre eft, que fon eau eft beaucoup plus amére & plus falée que les autres eaux de mer, & que de plus elle est chargée d'un bitume (17) apellé Afphalte, d'où le lac a tiré le nom d'Afphaltite, de forte qu'elle n'eft nullement propre à boire, ni à nourrir, qu'elle ne fe meut pas aifément & que d'ailleurs elle eft fi pefante, que les bœufs, les chameaux, & autres chofes qui vont au fond dans les eaux douces & dans celles de mer, furnagent dans celles-ci; mais je ne blâmerai perfonne de ne pas croire ce que Jules l'Africain & Paufanias (18) difent

(16) Anonymus in Hudfoni Geographis minoribus, Tom. IV. pag. 39.

(17) Tacitus 1. c. Diodorus Sic XIX pag. 734• De Zacynthio tamen lacu picem ferente Antigonus Cap. 16 teftatur illum etiam pifces alere.

(18) Paufanias Lib. V. five Eliac. I. pag. 391. τὰ δὲ θνήσκοντα εις βυθόν χωρεῖν. quod interpres etiam fortius inanima vero omnia in imum defcendunt julius Africanus apud Georg. Syncellum, pag. 100. νεκροί μὲν ὑποβρύχιοι φέρονται, ζώντες δὲ τὸν ἂν ῥαδίας Barisanto. Mortua cito merguntur, viva Supernatant, nec fundum facilè petunt.

« PreviousContinue »