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difent avoir vû eux-mêmes, que » les animaux vivans nagent dans ce lac & » demeurent au-deffus, & que les morts "y vont au fond ». Si cela étoit vrai auffi-bien que ce qu'Antigonus (Cap. 161.) écrit d'autres eaux femblables, il faudroit qu'en preffant les corps morts elles les réduififfent en un plus petit volume, de forte qu'ils devinflent plus pefans que devant, & que leur poids furpaflât celui de l'eau, où ils nageoient auparavant; ou bien il ne faudroit plus faire de fond fur la régle de la nature, qui fert pourtant de fondement à toute l'hydroftatique, ou à la fcience de la pefanteur des corps dans les matieres Auides, qui eft, que rien n'y peut furnager qu'il ne foit plus leger & que rien n'y peut aller au fond à moins qu'à proportion de la place qu'il occupe il ne foit plus pefant qu'un pareil volume du fluide, au travers duquel il faut que ce corps s'enfonce. Ce que Jules l'Africain ajoute ne paroît pas plus vraisemblable. Il dit, que (19) les flambeaux allumés y reftent au-deffus, mais que, quand on les éteint, ils s'enfoncent. Il peut cependant y avoir cela de vrai,què la flam

me

(το) λύχνοι μὲν καιόμενοι ἐπιφέρονται, σβεννύμενοι δὲ καταδύσσινο

me même d'un flambeau allumé eft nourrie & entretenue de la graiffe, qui fort du bitume de ce lac; mais que, quand on l'a éteint, on ne le voit plus & qu'il femble s'être enfoncé. Au moins Tertullien, ou quelqu'autre auteur que ce foit, qui a écrit les vers latins fur Sodome & Gomorrhe, & Hegefippe Lib. IV. Cap. 18. ont copié Jules l'Africain avec confiance. On fçait auffi ce que divers auteurs (20) rapportent; comme une chose constante, de la fontaine froide de Jupiter de Dodone & des Nymphes en Athamanie, qu'elle éteint un incendie comme les autres eaux, mais qu'elle allume le bois fec & la paille.

(20) Antigonus Hiftor. Mirabil. Cap. 163. Lu cretius VI. 879. Mela II. 103. Solinus Cap. VII. Auguftinus XXI. 1. & de Civit. Dei. Ifidorus XIII. 13. Originum &c. Scaliger ad Græca Eufebii, page

414.

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Pourquoi on parle de cette

mouve

ment.

CHAPITRE VI.

Du mouvement des eaux par le moyen de l'art.

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que

Près avoir parlé jusqu'à present des grands mouvemens, que Dieu espece de a mis dans la nature même, & qu'il y a entretenus par un effet de fa puiffance, pendant tant de milliers d'années, au grand avantage des hommes & de toutes les autres créatures; le but de cette Hydro-théologie demande fans doute, que je n'oublie pas tout-à-fait, mais je touche au moins en peu de mots les principales de tant de fortes de mouvemens des eaux, dirigés par l'art & par les mains d'hommes, tels que nous les voyons tous les jours, & qui font destinés à tant d'ufages falutaires, commodes & néceffaires dans la vie. Car premierement il eft inconteftable, qu'il faut attribuer tout cela principalement à la bonté & à la fageffe du puiffant auteur de la nature, qui a mis cette intelligence dans l'homme, felon l'expreffion générale & très - veritable de l'Apôtre

S.

S. Paul, 1. Corinth. IV. 7. Qu'avez-vous que vous n'ayez reçu? Auffi Moise en faitil une mention formelle, lorfqu'en parlant de l'induftrie que Betzaléel fit paroître dans les ouvrages du Tabernacle du témoignage, il l'attribue toute entiere & en tout autant de termes à Dieu, qui lui avoit donné la fageffe & l'intelligence, Exode, XXI. 2. XXV. 30. Ainfi c'eft une grande erreur à l'égard du Créateur de mettre une fi forte opposition & une espece de contrarieté, comme le font plufieurs perfonnes, entre ce que la nature fait & ce dont on vient à bout par l'art. Car quel art les hommes pourroient-ils avoir, fi la nature ne leur en fourniffoit la matiere & tout ce qui

eft néceffaire? Pourquoi ne trouvonsnous donc dans les bêtes aucune autre occupation, où elles faffent paroître de l'art, excepté celles dont la nature les a proprement rendues capables? & qu'au contraire elles poffedent l'induftrie, qui leur eft propre, à un fi haut degré de perfection, que les hommes ont de la peine à les imiter, & que dans bien des chofes il leur feroit impoffible de le faire ? Je n'ai encore vû perfonne, par exemple, qui fçût faire du miel comme une abeille, ou qui ofât fe vanter de faire une toile d'araignée mieux que cet infecte.

Aaz

De diffé

rentes

machines

fecte. D'ailleurs ces mouvemens des eaux, inventés ou entretenus par le gé nie des hommes, font fi avantageux, fi remarquables & de tant de fortes, qu'ils contribuent beaucoup en toutes manie→ res à la commodité de la vie, & qu'ils meritent à tous égards d'être confiderés comme un fingulier bonheur pour nous.

Pour les décrire tous en détail, il me faudroit copier, ou au moins abreger de inventées grands volumes, qui traitent des mapour cela, chines hydrauliques &hydrotechniques: mais je n'ai deffein de faire ici ni l'un ni l'autre; & comme je me fuis d'ailleurs refervé de faire quelques remarques làdeffus dans la fuite, auffi-bien que dans la Pyro-théologie & l'Aero-theologie, je ne ferai pour le prefent qu'indiquer quelques-unes des principales efpeces, d'où il fera aifé aux perfonnes intelligentes de pouffer leurs réflexions beaucoup plus loin. Je trouve donc, què l'art a inventé les moyens d'amener, d'attirer,& de recevoir l'eau dans les endroits, où il n'y en a pas; &, là où il y en a, de la détourner à fon gré, de la preffer, de la pouffer, de l'élever & de la faire aller par-deffus des hauteurs & des montagnes; en un mot de la conduire & de la manier de toutes les façons, qui conviennent à l'usage qu'on

en

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