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Leurs di

THEOLOGIE

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tems après; & fous le regne de Cali-
gula & de Vefpafien ils étoient encore
fort rares, & ils n'ont commencé à de-
venir communs que du tems d'Hono-
rius, comme l'a remarqué Mr. de là
Mare (25), qui a traité des moulins
des anciens avec beaucoup d'érudition.
Quand on réfléchit fur les différentes
fortes de moulins & fur le grand nom-
bre d'ufages, aufquels on les fait fervir,
les
tant pour les commodités que pour
befoins de la vie, on ne peut que re-
garder comme une marque finguliere
de la fagefle de Dieu, d'avoir fait naî-
tre aux hommes la penfée d'employer
ainfi à leur fervice le mouvement réglé,
perpetuel & puiffant des eaux, qu'il
n'eft pas necellaire d'aller chercher au
loin, mais qui fe trouvent en abondan-
ce prefque par-tout, & qui produifent
de fi grands effets par le tournoyement
réglé des roues.

Dans les moulins à grain, on moud verjes ef- toutes fortes de bleds, pour en faire de la farine & la féparer du fon; ou bien on ne les laiffe pas venir en farine,

peces.

mais

(25) Traité de la Police, Liv, V, Ch. 9. Tom. I. pag. 678. Voyez auffi Frabrettus Differtat. de aquæductib. Urbis Romæ, n. 347. & vett. Infcript. pag. 529.

*

mais on en fait des gruaux. Dans les fcies on fait, des plus grands arbres & de leurs troncs, des planches & des liteaux, beaucoup mieux qu'on ne peut faire de mains d'hommes en longtems & avec beaucoup de peine. Les moulins à papier avec leurs battemens continuels réduifent les plus mauvais linges en une pâte, dont on fait toutes fortes de papier. On a auffi inventé depuis peu des (26) moulins à fouler le grain à l'aide defquels trois perfonnes font plus dans un jour, que dix-huit batteurs ne fçauroient faire avec leurs fléaux. Dans les Foulieres on foute les peaux, les draps & les autres étoffes, pour leur donner l'apprêt convenable. Il y a, fur-tout en Italie des moulins à foye, où le mouvement d'une roue à cau fait tourner plufieurs centaines de dévidoirs & de bobines, polir, dévider & retordre la foye. Les (27) moulins à Tan fervent à pulvérifer l'écorce d'ar

bres,

(26) Miscellanea Berolinenfia, Tom. I. pag. 325. * Des moulins à fouler le grain. Quoique les Mifcellanea Berolinenfia, cités par notre Auteur, nous affurent que l'Inventeur a employé pour les propres ufages une machine avec fuccès à Erzen en Allemagne, je ne fçai pourtant, s'il y a des gens, qui s'en foient fervis après lui. N. c. a. T.

(27) Jo. Theodor. Jablonsky Lexicon der Kunfte und Wiffenfchafften, pag. 475;

bres, dont les taneurs fe fervent pour préparer les cuirs. Dans les moulins de cuivre & de laton, on applatit ces metaux & on les réduit en feuilles : Il y a d'autres moulins pour les réduire en fil d'archal. Il y a des meules, que l'on fait tourner pour aiguifer & polir le fer, l'acier & les pierres. On a auffi des moulins à poudre, où l'on pile & on broye enfemble du falpêtre, du foulphre & du charbon, que l'on fait enfuite paffer par un tamis, où ils fe forment en petits grains, qu'on appelle de la poudre à canon. Il ne faut pas oublier les moulins, qui font à la verité mis en mouvement par le vent, mais qui fervent à vuider l'eau, qui inonde quelquefois en hyver les champs & les prairies. Pour ce qui eft des moulins à fucre, je m'y arrête d'autant moins, que dans le Bréfil, & les autres endroits, où les cannes de fucre croiffent, ces moulins font pour la plupart mis en mouvement par des bœufs, ou des efclaves (28). Cependant, comme les Portugais ont

trouvé

(28) Bellegarde Hiftoire univerfelle des voyages, pag. 52. Labat voyage en Guinée, Tom. III. pag. 25. & aux Ifles d'Amérique, Tom. III. pag. 223.

trouvé le moyen de faire aller leurs moulins à fucre à l'aide du (29) vent je ne doute point, qu'on ne pût le faire auffi utilement par le moyen de

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ment de Peau Jur

CHAPITRE VIL

Du mouvement intérieur des eaux caufe par la chaleur. L'on tire de grands ufages de l'eau pour cuire, bouillir & diftiller.

Mouve- L me faudroit copier des livres entiers de cuifiniers & de grands ou¬ le feu. vrages de chimie, fi je voulois traiter ces matieres à fond & rapporter les differentes manieres, dont on s'y prend, ou même feulement les principales. Mais mon but n'eft que de donner à penser avec quelle bonté le Créateur a pourvû à nos befoins dans les trois ufages, aufquels il fait fervir l'eau, je veux dire pour cuire, bouillir & diftiller; car dans ces trois chofes le feu & l'eau travail-` lent à l'envi* l'un de l'autre à conferver

ou

Le feu l'eau travaillent à l'envi. Il est étonnant, que notre Auteur ait oublié dans ce Chapitre de faire mention de la Machine pour amollir les os inventée par Mr. Papin. C'elt-là, où l'on voit la force furprenante de l'air, de l'eau & du feu, qui réduisent par la diffolution les os les plus fecs & les plus durs en gélée fort nouriflante. On a une Edition de ce Traité, imprimée à Amfterdam, chez Henry Desbordes, 1689. N. c. a. T.

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