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1733 l'Academie Royale des Sciences de Bourdeaux (6) a encore propofé un prix pour celui qui expliqueroit avec le plus de probabilité le fyftême de la circulation de la féve dans les plantes, ou qui établiroit le mieux l'opinion (7) contraire. Mais je ne crois pas qu'on puiffe jamais faire voir clairement qu'il n'y a point une telle circulation. Car comme d'un côté perfonne ne doute que la féve ne monte dans les plantes; de l'autre l'experience a fait voir qu'un arbre planté fens deffus-deffous, ne laiffe pas de (8) reverdir; & Mr l'Abbé de Vallemont (9) observe d'un arbre

qui

(6) Journal des Sçavans 1732. Decembre, pag. $56.

(7) Hiftoire de l'Académie des Sciences de Paris, 1709. pag. 56. & fuiv.

(8) Lud. Philipp. Thummig Verfuche, III pag. 196. feqq.

(9) M.rckwürdigkeiten der Natur und Kunst. pag.

101. 105.

Mr. l'Abbé de Vallemont obferve. Quand on peut rencontrer, par hazard, dit-il, un arbre, dont le tronc eft porté par deux groffes racines, & que l'une eft découverte d'environ un pied & demi, on en fait une expérience, qui met la circulation de la féve au-deffus de toute conteftation. On coupe la racine découverte à 4 doigts de terre; en forte que la folution de continuité empêche le fuc de monter & de communiquer au haut de cette racine & au tronc. Cependant l'an fuivant la partie de la racine, qui étoit demeurée jointe au tronc, pouffera des feuilles & des branches. Cette production

ne

qui avoit deux troncs féparés l'un de l'autre, & qui s'élevoient à deux piés ou davantage au-deffus de la terre, que l'un de ces troncs ayant été coupé à un travers de main de la terre, de maniere qu'il ne pouvoit point entrer de féve dans la partie fuperieure du même tronc, cette partie ne laiffe pas de reverdir au printems, ce qui n'arriveroit point, fi la féve n'alloit de haut en bas. M. Jean Dan. Major (10), celebre Medecin de Kiel, a été des premiers qui ait parlé de cette circulation. Et après lui Claude (11) Perrault, Marcelle (12) Malpighi, Nehemie (13) Grew & d'autres (14) ont traité cette matiere

avec

ne vient pas d'en bas, puifqu'il n'y a plus de communication avec la terre; elle vient donc de fucs, qui refluent d'en haut vers cette racine. Ce flux & reflux des fucs nourriciers, c'eft la circulation, dont il s'agit. Curiofités de la Nat. & de l'Art pag. 103. c. N. c. a. T.

(10) Differtatio Botanica de planta monftrofa Gottorpienfi, Kil. 1665. 4. ubi etiam de co alefcentia ftirpium

(11) Oeuvres diverfes de Phyfique, Tom. I. Acta Erudit. 1721. pag. 147.

(12) Anatomia plantarum, Lond. 1675 fol.

13) Anatomy of trunks, Lond. 1675. 8. & dans une édition plus ample, intitulée anatomy of plants, Lond. 1682. Fol.

(14) Philofophical tranfa&tions n. 78. 97. Bibliotheque univerfelle, Tom. IX. pag. 186. feqq. Mémoires de l'Académie de Paris. A. 1707. pag. 359. feqq.

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avec plus d'étendue. Les mêmes fçavans ont pareillement examiné avec beaucoup de foin les conduits & les fibres du bois, de l'écorce & des plantes entieres, par lefquels la féve eft pouffée & fe filtre; jufques-là qu'ils ont trouvé dans les feuilles de la difference entre les canaux, dont les uns reffemblent aux veines, les autres aux arteres, & qu'ils ont même (15) trouvé le moyen de mesurer toute la circulation & la· diminution du mouvement de la féve fuivant les regles de la (16) ftatique. On eft même venu fi loin, que l'on ne doute pas que l'évaporation (17) & le fecours de l'air n'ait auffi bien lieu & ne foit auffi néceffaire dans les plantes que dans les animaux. Je pourrois avoir une occafion plus propre à m'étendre fur ce qui regarde l'air dans un traité d'aëro-théologie.

(15) Albertus Seba & Francifcus Nichols, Phi'ofophical tranfact. n. 414. abridgement Tom. 6. II, Cap. 5.

(16) Edmund Halley Vegetable ftatick, Lond' 1727. 8.

(17) Mémoires of litterature, Tom. II. pag. 192. Mémoires litteraires de Trevoux, 1712. May. pag. 899. Bibliotheque Angloife, Tom. XI. pag. 249.

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CHAPITRE I X.

De la vie, de l'accroiffement & du
mouvement que les hommes, les
animaux & les plantes ont au
dedans & au deffus de l'eau.

N

mes; ler

vivent

Ous venons de voir, que le grand Comment Auteur de la nature entretient les hompour tant de grands ufagès le mouve- animaux ment continuel des eaux, que fa bonté & les a diftribuées fi abondamment par tout plante le monde, & que par-là il produit dans dans la nature la beauté & la fraîcheur, dont l'eau. il accorde la jouiffance aux créatures. Il faut ajouter à ce que nous avons déja dit une confideration, qui merite bien que nous nous y arrêtions un moment: c'eft que l'eau n'a pas feulement ellemême fon mouvement & fa circulation; mais qu'elle est encore un lieu, ou un élément propre pour le mouvement, la vie & l'accroiffement de l'homme de certaines efpeces d'animaux & de vegetaux. L'eau n'eft pas à la verité le féjour ordinaire de l'homme, ni fon veCc 2

,

ritable

ritable élement; mais Dieu l'a faite de maniere que l'homme a le pouvoir d'y faire fes affaires en plufieurs façons, tant au-deffus qu'au-dedans. Il peut voguer deffus, paffer les fleuves les plus rapides, naviguer au de-là des mers les plus étendues, porter dans des lieux éloignés les plus grandes charges & les marchandises les plus pefantes avec moins de frais que par terre. Il peut fe promener fur l'eau, s'y donner le plaifir de la naumachie ou d'un combat naval, équiper des flottes pour la guerre, s'en fervir pour faire des defcentes ou pour réfifter dans des batailles navales aux plus puiffans ennemis. Il fçait pêcher, non-feulement dans les rivieres, mais auffi dans les mers les plus éloignées, il y pourfuit & dompte de prodigieufes baleines. L'homme ne manque point d'adreffe pour nager, il prend plaifir à fe baigner dans l'eau. Il y a des plongeurs, qui vont fans danger au-deffous des eaux, qui y reftent un certain tems, qui en rapportent des perles & autres chofes précieuses, & qui fçavent même, à l'aide de toutes fortes d'inftrumens, retirer de l'abîme les tréfors qui y font enfoncés. Les matelots & les pilotes paffent une grande partie de leur vie sur l'eau. Et que font

les

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