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approcher du poids d'un volume d'eau falée égal à la maffe du vaiffeau.

Autre Il eft encore aifé de concevoir par la exemple. même raison, comment un corps d'une matiere beaucoup plus pefante que l'eau peut y furnager, quand on y a pratiqué un grand vuide. Une marmite de fer (32), un gobelet d'argent, les grands anneaux & les braffelets (33) de fer creux du Penimbuan de Java, nagent fur l'eau, parce qu'une maffe d'eau égale à l'efpace, que le volume de ces corps concaves occupe, eft plus pefante qu'eux. Au contraire dès que la pefanteur d'un corps paffe tant foit peu le poids d'une maffe d'eau de la même groffeur que lui, il ne peut plus furnager, ni se mouvoir autrement dans l'eau, que pour aller au fond. L'eau étant plus legere, cede au poids d'un tel corps, qui nonfeulement a la force de pénétrer au-travers, mais qui eft encore toujours preflé par l'eau, dont le propre eft de s'élever néceffairement au-deffus des corps plus pesans qu'elle, ainfi que de ne fe point arrêter

(32) Experimenta Berolinenfia Tom. I. pag.

125.

(33) Georg. Eberhard Rumphs Amboinifche Rariteten-kammer pag. 206. Mich. Bernhardi Valentini Museum Museorum Tom. III. pag. 30. & feq.

arrêter au-dessus des corps plus legers, mais de les forcer à s'élever, & de les foutenir au-dessus d'elle.

Mais fi au poids de l'eau il fe joint un Excepgrand mouvement, qui la faffe defcen- tion à la dre avec impétuofité perpendiculaire-regle. ment ou obliquement, & qui mette en mouvement une plus grande quantité d'eau, comme cela arrive dans les cafcades, ou dans les gouffres, alors elle a affez de force pour ne ne pas laiffer d'abord enfoncer des corps d'un poids beaucoup plus confidérable qu'un volume d'eau égal à eux; elle les entraîne par l'impétuofité de fon courant, & les emporte au loin. Tout cela eft affez connu par l'expérience, & je citerai ci-deffous un bon nombre de traités d'hydroftatique, où cette matiere eft expofée & expliquée dans un grand détail. J'aurai occafion de parler ailleurs de divers grands avantages qui reviennent à l'homme de tout ceci, & en particulier de la force

que l'eau a de porter d'autres
d'autres corps, de

les foutenir, ou de les laiffer mouvoir au-
dedans d'elle.

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CHAPITRE

CINQUIEME

L'Eau Je mêle &s'unit

chofes.

Effet du mélange de l'Eau avec d'autres fubftances.

Ous ne devons pas omettre une

à une in- grandecommodité & produit mille avanfinité de tages pour l'ufage de la vie. Elle confifte en ce que l'eau le mêle & s'unit fi étroi tement avec une infinité de chofes, qu'elle en prend le goût, la couleur, l'odeur, & la vertu, comme la nature & l'art en fourniffent quantité d'exemples.

Aux

Le miracle que notre Sauveur fit aux fruits par nôces de Cana en Galilée, où il changea exemple. l'eau en vin, Jean II. vf. 9. Dieu l'opere tous les jours, en faifant fi bien unir l'eau avec la vertu du fep, que les raifins fe rempliffent, non d'eau, mais d'un jus délicieux. Qui pourroit compter tant de différentes efpeces de vin, tant de fortes d'autres jus, d'huiles, & de fruits fucculens, en quoi l'eau fe change en fe mêlant avec les vertus qui font dans leurs femences & leurs plantes, & dont la

nature

nature nous fait de riches préfens. Si le vin eft trop fort, l'eau qu'on y mêle tempere fa chaleur, & l'indomptable Bacchus, pour me fervir des termes de Platon, eft apprivoisé par ce fobre éle

ment.

buvoienta

Il étoit fort ordinaire aux anciens, de Les Anne pas boire (auparov) du vin pur, mais ciens mêloient de (xpάμa) un mélange de vin & d'eau. Ceux l'Eau qui étoient tempérans né le buvoient avec le vin qu'ils pas dans la proportion diapente, hemiolia au fefquialtera: c'eft-à-dire, de trois, cinquièmes d'eau & les deux autres de vin, quoique le Scholiafte d'Ariftophané ad Equites v. 1184. en ait parlé avec éloge; ni dans la proportion diapafon c'est-à-dire, un tiers de vin & le reste d'eau. Mais ils le buvoient dans la proportion, qu'ils appelloient diateffaron; c'eft-à-dire, les trois quarts d'eau & un quart de vin (1). Cependant la différence des vins devoit faire varier cette proportion; car il y en a qui portent plus d'eau, comme le vin de Falerne, que (2) Perfe appelle indomptable; d'au

(1) Plutarchus Convival. Quæftion. Lib. III. Cap. 9. Idem in libro an feni gerenda Refpubl. p. 791. laudat Platonis dictum, μαινόμενον Θεόν, ετέρω Θεο νήφοντι σωφρονί ζεσθαι κολαζόμενον.

(2) Perfius Sat. III. 3. Guil. Stuckii III. 11. Antiquit. Convival. Andreas Baccius de vinis &c.

d'autres au contraire, font opp ὀλιγοφόρο (3); c'est-à-dire, ne portent pas beaucoup d'eau. Plutarque (4) rapporte auffi, qu'on mêloit de l'eau de mer avec le vin, & qu'on trouvoit ce mélange bon. Les Annales de l'Eglife nous apprentiens en nent auffi, que pour la fainte Commêtoient munion, outre le pain qui y eft confavin de cré, on y confacre non pas du vin pur, l'Eucha- mais du vin mêlé ( 5 ) avec de l'eau ; ce xiftie.

Les Chré

avec le

que l'Eglife Romaine (6) a approuvé dans le Concile de Trente; & l'Eglife Grecque verfe dans le vin de l'eau chaude, pour repréfenter par-là le fang (7) d'une perfonne vivante : quoique les Evangeliftes & l'Apâtre S. Paul, en rapportant l'inftitution de l'Eucharistie, faffent mention de vin feulement & non d'un mélange de vin & d'eau.

Je rapporterai ci-deffous combien de

boillons

(3) Scholiaftes Ariftophanis Pluto ad verf.

854.

(4) Plutarchus Quæft. natural. 10.

(5) Bona rer. liturgicar. II. 9. Balufius ad Epiflol. S. Cypriani 63. p. 233. & feq. Edmond Martene. de antiq. Ecclef. ritibus p. 322. feq. Voffius Thef. Theologic. p. 304. feq.

(6) Bellarminus IV. 10. de Euchariftia, Johan. Stephan. Durantus de ritibus Ecclefiæ Catholice II.

27.

(7) Arcudius, de concordia Ecclefia Occid, & Orientalis III, p. 321.

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