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ce. Que fi la chaleur fait monter les particules d'air avec celles de feu, elles entraînent avec elles les parties terreftres fubtiles, en forte qu'on diroit que toute l'eau s'eft changée en air. Mais tant s'en faut que cela arrive, puifque les fens mêmes nous font appercevoir que les parties aqueufes fe racrochent ça & là, que les parties terreftres laiffent même des veftiges; mais que ce qu'il y a de plus groffier retombe en terre. Or tout comme le fel, le fucre, & mille autres chofes ne fe changent pas en eau, quand elles fe fondent, & comme un homme mériteroit peu de créance, qui avanceroit qu'un arbre ou une maison brûlée est changée en air ou en feu, ou bien qu'elle confifte en feu, felon les principes d'Hé-raclite, qui vouloit tout faire venir du feu, & que tout fe changeât en feu : de même il paroît que c'eft philofopher ob fcurément & d'une maniere peu vraifemblable, de dire que l'eau n'eft autre chofe que de l'air comprimé, ou de prétendre, comme a fait feu M. André Rudiger, (7) que toute la nature confifte en particules rayonnantes, qui font le feu, &

en

tribue la formation de la glace aux fels nitreux. N. c. a. T.

(7) Phyfica Divina. p. 277.

en petites bulles ou veffies à reffort, qui dans l'air font fimples, dans l'eau doubles, triples dans le fel, & quadruples dans le foufre.

Quoique les philofophes regardent Il y a ce communément l'air comme l'élément le pendant de l'air plus fec, on remarque que, pour le bien dans des créatures, il eft conftamment char-l'Eau gé de plus ou moins de particules aqueufes, dont on connoît la quantité par différentes fortes d'hygrometres ou hydroscopes, auffi bien que par le moyen des* barometres & des barofcopes (8), que l'on a inventés, & qui fervent à montrer quel eft le degré d'humidité de l'air,

,

&

Par le moyen des Barométres & Barofcopes, que l'on a inventés. On n'a encore point inventé de Barometres, c'est-à-dire d'inftrumens qui marquent exactement combien le poids de l'Atmosphere augmente & diminue. Ce ne font que des Barofcopes, qui ont été en ufage jufques à prefent; inftrumens, qui ne marquent que fort imparfaitement l'augmentation & la diminution du poids de l'air, puifqu'ils font fujets à plufieurs défauts. Voyez M. Wolf Experiment. Tom. II. Cap. 3. & Comment. de l'Académie de Petersbourg. Tom. I. pag. 317. Au refte, ce que je viens de dire des Barometres & des Barofcopes, fe doit auffi entendre des Hygrometres & des Hy grofcopes. N. c. a. T.

(8) Sam. Reyherus de aëre Cap. XVIII. p. 134. feq. Chriftian. Wolf. Aerometrie p. 209. Mathema tisch. Lexicon. p. 728. feq. Nutzliche Verfuche T II. Cap. 7. p. 259. feq. Dalencé Traité des Hygrometres. Joh. Georgius Leutmann de Infrumentis Meteorognofia infervientibus. Watenierg. 1728. 8.

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Jour

& par conféquent le poids de l'atmof phere. De même on peut dire que l'eau eft pareillement remplie de plus ou moins d'air (9) pour l'avantage des créatures, qui fans cela ne pourroient pas plus vivre dans l'eau, ni s'y mouvoir que les oifeaux & les autres animaux ne pourroient le faire dans un air entierement dépourvû de parties aqueuses. (10) Cela paroît manifeftement par l'expérience; car fi on met un poiffon en vie dans l'eau fous le vafe de la machine du vuide, & qu'on en pompe l'air, le poiffon vient enfin au-deffus en nageant à la renverse (1 1); & après avoir fait de vains

efforts

Journal des Sçavans 1677. p. 85. Giornale de Letterati di Roma 1677. p. 93. Nazarii p. 8. Acta Eruditor. A. 1685. p. 317. A. 1686. p. 180. 388. A. 1687. p. 76. Louwthorps Abridgement of the Philofophical Tranfactions Tom. II. p. 36. feqq. Hygrofcopium Jorhenii ex herba geranio. Bibliotheque Germanique Tom. XIX. p. 53. Ex mufco fugaci membranaceo five noftoch. Memoires de Trevoux 1725. p. 2222. Athanafii Kircheri ex ftipula avena filvestris p. 163. Phyfiologie experimentalis. Alia Coinerii, Molineufii, Wilhelmi Gouldii, Teuberi, Lichtscheidii &c. Ludovicus Ripa, Philofophus Patavinus in Mifcellaneis Diff. 2. de efficacia vaporum in Hygrometris. Memoires de Trevoux.

(9) Nic. Hartfoeker Cours de Phyfique T. II. pag. 101.

10) Auguftin. de Genefi ad Litteram III. 6. Quod aëris humidum eft, hoc portat alitum corpora, que ita nituntur pennis volantes, quemadmodum pifces quibufdam fuis alis natantes.

(11) Voyez les Effais de M. Chr. Wolf, Tom. I. p. 475. feq.

efforts pour refpirer, il meurt bientôt, fi on ne lui rend l'air à tems. Pour ce qui eft du mouvement des corps dans l'eau, on peut comprendre combien l'air y contribue, en confidérant que c'eft un corps capable de s'étendre & de fe refferrer, (12) qu'il a une force élastique*, fans laquelle le mouvement dans l'eau feroit très-difficile, pour ne pas dire impoffible: & que d'un autre côté l'air que les poiffons ont dans leur veffie, leur eft, par cette même raison, d'un très-grand fecours pour nager, ( 13 ) puisqu'il ne les empêche pas feulement d'enfoncer, mais qu'à mesure qu'ils preffent plus ou moins cette veflie, & que l'air, qu'elle renferme, se dilate ou fe refferre, le poisson devenant plus ou moins leger, eft en état de s'élever ou de defcendre plus bas à fon gré. Mais quoique la quantité d'air, qu'il y a dans l'eau, fuffife aux poissons,

(12) Idem Tom. III. p. 169. feq.

qui

* Une force élastique, fans laquelle le mouvement. Je n'entends point ce que l'Auteur veut dire ici. Il femble qu'il ait crû, que s'il n'y avoit point d'air entremêlé avec l'eau, elle auroit une denfité, qui ne donneroit point de paffage aux corps, qui y font en mouvement, aux poiffons par exemple; mais fi c'eftlà le fens de ces paroles, l'hypothefe de l'Auteur eft manifeftement faulle.

(13) Joh. Raji. Epift. ad Oldenborgium in Nazarii Giornale de Letterati di Roma A, 1676.p. 29. jeq. Derham Phyfico-Thcologie. p. 18.

qui ont été créés pour cet élément, il n'en eft pas de même à l'égard de l'homme & des autres animaux terreftres, qui, quand ils fe noyent, ne périffent pas à caufe de la quantité d'eau qu'ils boivent; (14) mais parce qu'ils y étouffent* faute de refpirer l'air néceffaire pour leur vie.

(14) Joh. Conrad. Beckeri de fubmerforum morte fine pota aqua paradoxon Medico-legale, Gieffe 1704. 4°. Hiftoire de l'Académie des Sciences. A. 1719. p. 32. & A. 1725. Memoires de Trevoux 1723. p. 78. ex Littrei Obfervationibus & A. 1729, pag. 1980.

lis y étouffent faute de refpirer. Comme la vie d'un animal confifte dans la circulation du fang, & que dans les animaux, qui vivent dans l'air, toute la maffe du fang doit paffer néceffairement du ventricule droit du cœur par les poûmòns au ventricule gauche, pour être pouffé delà vers toutes les extrémités du corps, cette circulation ceffe & avec elle la vie, fi la refpiration eft empêchée trop long-tems; ainfi les animaux, qui refpirent comme l'homme, doivent mourir néceffairement dans l'eau, parce que la refpiration y eft interrompue, quand même il n'entreroit aucune goute d'eau dans leur corps. Voyez les Feria Groningane de M. Engelhard, Profeffeur en Philofophie & en Mathématiques à Groningue. Tom. II. Sect. I.

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