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CULTE DES GAULOIS, DRUIDISME;

ÉTABLISSEMENT DE LA RELIGION CHRÉTIENNE DANS LES GAULES; ANCIENS ÉVÈQUES DE FRANCE;

LIBERTÉS DE L'Église GalliCANE; INQUISITION FRANÇAISE; PRAGMATIQUE SANCTION; CONCORDAT DE FRANÇOIS 1er; DES JUIFS; POLICE RELIGIEUSE.

MÉMOIRE

SUR LA NATURE ET LES DOGMES DE LA RELIGION GAULOISE.

PAR DE CHINIAC DE LA BASTIDE (1).

LES Celtes ou les anciens Gaulois ne connurent d'abord qu'un seul Dieu, le maître de l'univers. Ils

(1) Chiniac de la Bastide Duclaux, né à Alassac, en Li

I. 10o LIV.

I

* ne le désignaient par aucun nom particulier. Ils n'érigeaient point d'autels; ils ne connaissaient point les

mosin, le 5 mai 1741, d'abord destiné à l'état ecclésiasti que, ensuite livré au barreau; avocat au Parlement de Paris; lieutenant-général de la sénéchaussée d'Uzerche, avant la révolution, et depuis président du tribunal criminel de Paris; auteur de diverses recherches sur nos antiquités religieuses, et nouvel éditeur des Capitulaires de Baluze, 1780, 2 vol. in-fo, et de l'Histoire des Celtes de Pelloutier, 1770-71, 8 vol. in-12 ou 2 vol. in-4o; mort de nos jours....

C'est en 1769 qu'il publia séparément l'opuscule que nous réimprimons. La religion des Gaulois avait depuis long-temps donné lieu à de savantes recherches, et fourni la matière de plusieurs dissertations académiques. Outre l'immense travail de Jacques Martin, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, à peine contenue en deux gros volumes in-4o, et quelques autres ouvrages d'antiquités gauloises (*), Duclos et le docte Fréret se sont aussi exercés sur ce sujet dans trois Mémoires, dont l'un, celui de Duclos, a été imprimé

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(*) Voyez, sur cette matière, l'Histoire de l'Etat et République des Druides, par Noel Talepied, religieux de Saint-François. Paris, J. Parant, 1585, in-12.—Le Réveil de Chyndonax....., par Guenebault. Paris, 1623, in-4o, fig.—J. Georgii Frickii commentatio de Druidis occidentalium populorum philosophis.........., cum opusculis....... Ulmæ, 1744, in-4°.-La Religion des Gaulois, par Jacques Martin, bénédictin. Paris, Saugrain, 1727, 2 vol. in-4o, fig. Eclaircissemens historiques sur les origines celtiques et gauloises, par le même. Paris, Durand, 1744, in-12.-Histoire des Celtes, par Pelloutier, édit. de Chiniac de la Bastide. Paris, Quillau, 1770-71, 8 vol. in-12, ou 2 vol. in-4o.-Bibliothèque germanique, t. 28, 29 et 37.-Les Dissert. de Fréret, Duclos et Fenel, t. 18 de l'Hist. et 19 et 24 des Mémoires de l'Acad. des belleslettres. Enfin le t. 2 de l'Antiquité expliquée, par Montfaucon; la Mythologie de Banier, et les divers opuscules de l'abbé Lebœuf.

libations, ni les autres cérémonies que les Egyptiens et les Phéniciens pratiquaient dans leurs sacrifices, et qu'ils introduisirent dans la Grèce. Regardant l'univers comme le temple de Dieu, ils accusaient d'extravagance et d'impiété ceux qui le représentaient sous la forme humaine, et qui lui consacraient des autels. Ils tenaient leurs assemblées religieuses en rase campagne, ou au milieu de quelque forêt. Là,

dans le tome 19 in - 4o de la Collection de l'Académie des belles-lettres, et les deux autres n'ont été donnés qu'en extrait dans la partie historique du même recueil.

L'ouvrage de dom Martin passe pour être peu exact, en ce qui touche l'explication des cérémonies du druidisme, et nous n'avions d'ailleurs aucune raison pour nous arrêter à un livre de cette classe.

Quant aux Dissertations académiques, l'ouvrage de Chiniac, qui est le moins ancien, a sur les autres l'avantage d'unir dans un cadre plus large et plus plein, les recherches nouvelles de l'auteur à celles de ses devanciers, dont il a su profiter, comme il en convient lui-même. On y retrouve en effet tout ce qu'il y a d'intéressant et d'exact dans les Mémoires de Duclos et de Fréret, et dans le livre beaucoup plus ancien de Talepied, que les deux académiciens n'avaient pas négligé. Aussi nous abstiendrons-nous de reproduire ces pièces avec l'écrit de Chiniac, qui n'est pas seulement préférable, mais qui peut tenir lieu de tous les autres, en ce qui concerne l'objet dont il traite exclusivement. Cependant il ne dispensera pas de consulter les documens qu'on a publiés depuis le dernier siècle, et qui ont répandu de nouvelles lumières sur cette partie de notre ancienne histoire. (Edit. C. L.)

ils offraient leurs sacrifices et faisaient leurs dévotions autour d'une colonne, d'une pierre, ou de quelque grand arbre, particulièrement d'un chêne, pour lequel ils avaient une vénération singulière. J'indiquerai ailleurs l'origine de cette superstition.

La connaissance du vrai Dieu s'altéra insensiblement chez les Gaulois. Ils se firent des dieux subalternes. Ils, imaginèrent, comme les autres peuples, une suite de dieux, qui tous étaient assujettis à l'Etre éternel et indépendant qui leur avait donné l'existence. Ils se persuadèrent que le Dieu suprême avait confié à ces divinités subalternes le soin et la conduite des différentes parties de l'univers; mais ils croyaient toujours que ces dieux inférieurs étaient de la même nature que leur auteur, spirituels, invisibles, et dégagés de toute matière : c'est pourquoi ils ne donnaient ni noms ni surnoms à ces divinités; ils les appelaient simplement les Dieux.

Cependant, le premier pas que l'ignorance des Gaulois leur avait fait faire vers le polythéisme, ne tarda pas à les plonger entièrement dans l'idolâtrie. Les Phéniciens et les Egyptiens introduisirent dans la Grèce le culte de Jupiter et de leurs autres faux dieux. Une colonie de Grecs vint fonder Marseille, six cents ans avant Jésus-Christ, et y apporta le culte des nouvelles divinités : de là il s'étendit dans toutes les Gaules. Les Gaulois, vaincus et subjugués par les Romains, s'accoutumèrent aussi à la religion de leurs vainqueurs. Alors ils égalèrent tous les peuples de la terre en superstitions; leur religion ne fut plus qu'un

amas monstrueux de cérémonies insensées et cruelles; ils portèrent l'inhumanité jusqu'à égorger leurs semblables; et l'homicide, défendu par les lois, fut sanctifié par la religion, et devint l'action la plus agréable à leurs dieux.

Je divise ce discours en trois parties. Dans la première, j'examinerai quel était le gouvernement ecclésiastique des Gaulois. Dans la seconde, je parlerai de leur religion et de leur morale. Dans la troisième, je ferai connaître les dieux qu'ils adoraient, et je prouverai qu'ils leur immolaient véritablement des victimes humaines. Le contraste des superstitions et des vices où le paganisme plongea nos pères, nous fera admirer la majesté et la sainteté du christianisme, et nous fera mieux sentir les avantages infinis que l'Evangile nous a procurés. Ce sentiment, en rendant → plus vive notre reconnaissance, nous inspirera plus de zèle pour défendre le don précieux de la foi.

PREMIÈRE PARTIE.

Du gouvernement ecclésiastique des Gaulois.

Dans la loi de nature, les chefs de famille étaient en même temps rois et pontifes. L'Ecriture nous en fournit plusieurs exemples. Noé, sorti de l'arche avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils, dressa un autel au Seigneur; et choisissant quelques-uns de tous les animaux purs, il les offrit en holocauste sur

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