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der un excédant, soit à titre de dédommagement pour les efforts extraordinaires qu'elle avoit faits, soit pour rétablir l'équilibre entre elle et l'Autriche à laquelle on destinoit un agrandissement qui paroissoit d'autant plus solide, qu'il concentroit toutes les forces de cette monarchie.

On offrit à la Prusse, Le duché de Berg ayant.. Celui de Westphalie...

Dortmund et Corvey.

La moitié de Fulde..

Sur la rive gauche du Rhin, une étendue de pays ayant..

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Ce qui formoit un total de`.......

299,877

131,888

19,500

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48,628

729,228

1,229,121

Il manquoit par conséquent plus de 2 millions d'ames, dans le cas où l'on ne voulût reconstruire la Prusse que sur le pied de 1805. Deux s'offroient pour couvrir ce déficit et moyens pour donner même un excédant de forces à la monarchie prussienne : l'un étoit la cession d'une lisière de la Pologne qu'offroit l'empereur Alexandre; l'autre, l'incorporation du royaume de Saxe à la monarchie prussienne. Ce double arrangement avoit été convenu entre l'empereur et le roi de Prusse, avant l'entrée des alliés à Paris; il fut cause qu'on ne permit pas au roi de Saxe de retourner dans ses états, lesquels on continua d'administrer au bénéfice des alliés. La Grande-Bretagne y ayant consenti, il avoit été l'objet d'une convention que

les deux parties intéressées signèrent le 28 septembre 1814.

des négociations.

Les choses étant ainsi préparées, le prince Commencement de Hardenberg demanda formellement la Saxe par deux notes qu'il adressa, l'une le tobre 1814; l'autre le 10 au prince de Metternich et à lord Castlereagh 1.

9 ос

est favorable à la

I'russe.

Le ministre d'Angleterre répondit à cette L'Angleterre note dès le 11 octobre. Il reconnoît la nécessité demande de la de rendre la monarchie prussienne un état solide, parfaitement indépendant, et capable de se faire respecter et d'inspirer de la confiance. Il reconnoît de même le droit de traiter le roi de Saxe en ennemi, et de le dépouiller de son patrimoine; en conséquence, il approuve le principe de l'arrangement proposé, en tant qu'il est nécessaire pour mettre la Prusse dans la situation qu'elle doit occuper pour l'intérêt de l'Europe; mais si l'incorporation de la Saxe doit avoir lieu comme moyen d'indemniser la Prusse de ce qu'elle pourroit souffrir par des entreprises inquiétantes de la Russie, et comme une mesure imaginée pour l'engager à se soumettre avec des frontières sans défense à un état de dépendance de la Russie, il annonce que le gouvernement anglois n'y consentira pas. Cette phrase, un peu entortillée, veut dire sans doute qu'on consent bien à ce que la Saxe suit assignée à la Prusse, mais qu'on exige que la Prusse obtienne aussi une frontière militaire en 'Elles n'ont pas été publiées.

3

Pologne; que la ligne de la Wartha seule pou

voit lui assurer '.

La justice de la mesure proposée à l'égard de la Saxe, est ultérieurement développée dans une note verbale du lord Castlereagh, du 14 du même mois. Quel moyen y auroit-il, dit ce ministre, d'indemniser les alliés pour les risques qu'ils ont courus et pour les pertes qu'ils ont éprouvées, si ce n'est aux dépens des puissances qui avoient été agrandies à cause de leur zèle pour l'ennemi commun, commun, et qui refusoient leur assistance à la cause commune de la délivrance de l'Europe, lorsqu'il se présenta une occasion favorable pour y concourir? Tel a été principalement le cas du roi de Saxe. Et qu'on ne dise pas, continue le lord, que le roi a volontairement abandonné le duché de Varsovie! Comme il ne le possédoit que par la conquête, et qu'il ne pouvoit avoir aucun droit de le réclamer après qu'il eût été reconquis, cette objection ne mérite pas qu'on s'y arrête. Si la Russie doit être indemnisée aux dépens d'un allié, pourquoi la Prusse ne le seroit-elle pas aux dépens d'un ennemi? Si la Russie doit être agrandie aux dépens de la puissance qui a le mieux servi la cause de l'Europe, pourquoi la Prusse ne le seroit-elle pas aux dépens de celle qui a tait le plus de mal à cette cause 2?

1

La question de droit fut examinée d'un autre

Voy. Congrès de Vienne; Recueil de pièces offic., Vol. VI, p. 48.

Voy. ibid., Vol. VI, p. 51.

point de vue dans une lettre qu'un prince de la maison de Saxe, le duc de Cobourg, adressa, le 14 octobre, au plénipotentiaire anglois. Confondant le cas où l'on prétendroit priver un prince du gouvernement pour les fautes qu'il pourroit avoir commises dans son administration envers ses sujets, et dont il ne doit compte qu'à Dieu, avec celui où un souverain faisant à ses voisins une guerre injuste, se soumet à l'obligation de les indemniser, aux dépens de son territoire, du tort qu'il leur a fait, l'illustre avocat d'un prince malheureux établit que FrédéricAuguste ne pouvoit être dépouillé de ses états, puisqu'il ne pouvoit être jugé à défaut d'un tribunal compétent. Sous le rapport de l'intérêt général, le duc s'efforce de faire voir qu'au lieu d'agrandir véritablement la Prusse, la possession d'une province qui n'oublieroit pas son ancienne indépendance et son ancien gouvernement ne feroit au contraire que l'affoiblir; que l'acquisition de la Saxe brouilleroit la Prusse avec l'Autriche, dont les frontières seroient dèslors mal assurées, tandis qu'il devoit entrer dans les plans du gouvernement anglois d'établir la plus grande union entre ces deux puissances, afin de les opposer aux projets d'agrandissement de la Russie 1.

le 22

La cour de Vienne ne s'expliqua que octobre sur la démarche de la Prusse. Le prince de Metternich déclare, dans une note de ce jour,

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Voy. Congrès de Vienne; Recueil de pièces offic., Vol. VI, p. 57.

Consentement de l'Autriche.

que l'empereur verroit sans jalousie que la Prusse fût agrandie au-delà des limites qu'elle avoit eues à l'époque de sa plus grande dimension, et que l'Allemagne fût placée sous l'influence égale de l'Autriche et de la Prusse intimément unies; mais il exprime en même temps la vive inquiétude que lui inspiroient les vues d'agrandissement de la Russie. Il invite le ministre de Prusse à se joindre à lui pour empêcher que cette puissance ne dépasse certaines bornes en Pologne, et ne soit maîtresse des points de défense nécessaires aux deux monarchies. Quant à la Saxe, le prince de Metternich engage le cabinet de Berlin à renoncer au projet de réunir toute la Saxe à sa monarchie, mais à laisser subsister une partie de ce royaume avoisinant les frontières de la Bohème; néanmoins il ne s'oppose pas absolument à cette réunion, si la force des circonstances la rendoit inévitable, pourvu que cette question fût liée à d'autres arrangemens territoriaux en Allemagne, ayant pour but d'établir l'équilibre le plus complet entre l'influence que l'Autriche et la Prusse se trouveroient appelées à exercer sur l'Allemagne confédérée. Il demande pour cela que la ligne du Main, y compris Mayence, continue d'appartenir au système de défense du midi de l'Allemagne, et que la Prusse ne possède rien sur la rive droite de la Moselle. Le prince de Metternich réserve encore à son souverain les arrangemens qui devroient nécessairement être pris entre les deux puissances sur

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