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1796.

CHAPITRE IX.

Suite de la bataille de Castiglione. Envoi au directoire des drapeaux pris sur les Autrichiens.

MANTOVE

ANTOUE se trouvait débloquée depuis le 12 thermidor. Sa garnison avait renversé les travaux des Français, et introduit dans la place cent quarante pièces de siège qu'ils avaient été forcés d'abandonner. Le général baron de Stein, s'était procuré des vivres pour long-tems; mais ces moyens de résistance acquis par cette forteresse, coûtaient bien cher à la puissance qui avait inutilement tenté de la soustraire au joug des Français. L'armée française reprenait toutes ses positions; une division se rendit devant Mantoue, le 20 thermidor, pour continuer le blocus de la place.

Le même jour, le général Augereau passa le Mincio à Peschiera. La division du général Serrurier, ayant également traversé le Mincio, se porta sur Vérone, où elle arriva à six heures du soir, après avoir culbuté les avantpostes ennemis. L'arrière-garde autrichienne était encore dans cette place, et voulait faire de la résistance. Le provéditeur de la répu

blique de Venise fut sommé d'ouvrir les portes; il demandait deux heures; l'ordre fut donné AN 4. de les ouvrir à coups de canon; les Autrichiens prirent la fuite: les Français s'emparèrent de quelques bagages, et firent trois cents pri

sonniers.

Les Autrichiens, après leur retraite, paraissaient vouloir se soutenir à l'entrée du Tyrol, dans les postes de la Corona et de Montebello. Ils en furent chassés, le 24, par Massena, tandis que les généraux Soret et Saint-Hilaire forçaient la Roque-d'Anfonce, et qu'Augereau se portait sur Roveredo. Wurmser se retirait dans les montagnes qui séparent le Tyrol du Frioul vénitien ; il brûla une partie de la flotille qu'il avait établie sur le lac de Garda, dans le port de Riva. L'armée française, qui entourait Mantoue, n'attendait que la grosse artillerie pour presser le siège de cette place.

Dutaillis, aide-de-camp du général Berthier, chargé d'apporter ces nouvelles au directoire, et de lui présenter les drapeaux pris sur les Autrichiens par l'armée d'Italie, introduit dans la séance du dix fructidor, parla en ces

termes :

<< Vous voyez les étendards arrachés aux ennemis par l'armée d'Italie. Les Autrichiens, après avoir reçu des renforts considérables, attaquèrent quelques-uns de nos postes, et s'en emparèrent. Fiers dé ces premières ten

ils ne coûteront rien à nos guerriers! ils sau1796. ront achever leur ouvrage; ils feront plus : après avoir donné l'exemple des vertus guerrières dans les camps, ils donneront, dans leurs foyers, celui des vertus civiles et du respect dû aux lois.

» Brave guerrier ! retournez auprès de vos compagnons : dites-leur que la reconnaissance nationale est égale à leurs services, et qu'ils peuvent compter sur la gratitude de leurs concitoyens, autant que sur l'admiration de la postérité. »

CHAPITRE X.

Bataille de Roveredo. Les Français se rendent maîtres de Trente.

A PEINE Bonaparte avait fini les dispositions

indispensables pour le nouvel investies sement de Mantoue, qu'il se portait sur Vérone, où son armée s'était rassemblée pour achever d'anéantir les troupes que wurmser avait pu réunir en avant de Trente, sur les hauteurs de Roveredo, et dans la vallée de la Gardena.

Le quartier-général des Autrichiens était, le 2 fructidor, auprès de Trente. L'échange

des prisonniers s'effectua le 4: le nombre en était de cent soixante - trois officiers, cent AN 4. soixante-neuf sergens, trois cent soixante ca

poraux et seize cent huit soldats. On remit au maréchal de Wurmser un pareil nombre d'Autrichiens.

Le général Sahuguet était à la tête du blocus de Mantoue. Il attaqua, le 7, à trois heures du matin, le pont de Gournole et Borgo-Forte: ces deux postes furent enlevés, et leurs défenseurs forcés de rentrer dans Mantoue.

L'armée française campée sous Vérone se mit en marche, le 16, sur trois colonnes. Celle de la droite, commandée par Augereau, devait se porter entre Zugo et Rouese, sur les hauteurs qui séparent les Etats de Venise du Tyrol. La colonne du centre, sous les ordres de Massena, ayant passé l'Adige sur le pont de Golo, suivait la grande route de Vérone à Trente. La troisième division, confiée au général Vaubois, remontait sur les bords du lac de Garda, pour prendre poste à Torgole, à l'extrémité supérieure du lac.

Le général Pigeon, qui commandait l'avantgarde de Massena, rencontra, le 17, entre Alla et Serravalle, sur le bord de l'Adige une division autrichienne, et la força à la

retraite.

Les deux divisions de Massena et d'Au-
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gereau se trouvèrent, à l'entrée de la nuit en présence des ennemis retranchés sur les deux bords de l'Adige; leur gauche occupait les défilés inexpugnables de Marco, et leur droite gardait leur camp retranché de Mori.

Le général Massena reçut ordre d'attaquer Marco, le 18, à l'heure où l'on avait calculé que la division Vaubois devait arriver sur l'Adige, par la route de Torgole à Roveredo. Augereau eut ordre de conserver sa position, pour secourir Massena en cas de besoin, et empêcher que les Autrichiens ne se portassent sur le Vicentin.

Le combat s'engagea à six heures du matin. Le général Pigeon, à la tête d'une partie de l'infanterie légère, gagnait les hauteurs de la gauche de Marco; l'adjudant-général Soret, avec la dix-huitième demi-brigade d'infanterie légère, attaquait l'ennemi en tirailleur ; et le général de brigade Victor, commandant la dix-huitième demi - brigade d'infanterie de bataille, perçait par le grand chemin en colonne serrée par bataillon.

Dans le même tems, la colonne du général Vaubois attaquait le camp de Mori, à la rive droite de l'Adige. Le combat fut terrible pendant deux heures. Les deux divisions françaises, séparées par le fleuve semblaient lutter d'émulation. Les Autrichiens, forcés presque en même tems dans ces deux posi

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