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vaient former un corps d'observation pour en 1796. imposer aux ennemis de la république, et particuliérement à la cour de Naples, soupçonnée de vouloir, à l'exemple du pape, rompre l'armistice.

D'après les réponses faites par le directoire au ministre du duc Hercule d'Est, les duchés de Modène et de Reggio devaient partager le sort de Milan, de Bologne et de Ferrare.

En conséquence, les députés de Reggio, de Modène, de Ferrare et de Bologne, s'étant assemblés, formèrent ensemble une association politique. Ils rédigèrent un acte cons titutionnel, établirent des taxes militaires formèrent des liens d'amitié et de confédération avec les peuples voisins. Le nouveau gouvernement ordonnait à tous les religieux étrangers de sortir, dans trois jours, de son territoire, et réglait que l'argent nécessaire pour leur voyage serait fourni par les caisses des communautés monastiques. Telle fut l'origine de la république Transpadane. Après la paix signée avec l'Empereur, elle se réunit à la république Cispadane, pour ne former qu'un seul Etat, sous le nom de république Cisalpine ou italienne.

La république Cispadane était entiérement organisée; l'administration Lombarde formait de nouveaux bataillons; elle y admettait les

militaires sans emploi, de Nice, du Piémont,
de Savoie, de Gênes, et de toutes les con-
trées d'Italie. On s'occupait en même tems du
commerce, de l'agriculture
de l'agriculture, des finances et
de l'instruction publique. Le gouvernement
proposa un prix en faveur du meilleur dis-
cours sur cette question: Quel est le gouver
nement libre le plus avantageux à l'Italie ?
et dont je crois devoir insérer en note la tra-
duction (1).

(1) Le premier aliment des vertus sociales est l'instruction publique. Elle annonce toujours aux nations leur bonheur prochain, et par-tout où on en voit briller l'aurore, le soleil de la liberté ne tardera pas à se montrer sur l'horison. La Grèce fut également célèbre dans les arts et dans la guerre. La gloire de ses philosophes le dispute à celle de ses capitaines. Les uns abattirent les tyrans par le glaive, les autres poussèrent un cri dont le retentissement fit toujours trembler les oppresseurs des peuples, un cri enfin qui, malgré les obstacles de tout genre, a fait résonner aux oreilles des nations le nom sacré de la liberté !

Nous avons vu la France, rivale de la Grèce, secouer le joug qui l'opprimait. Elle a éveillé la terreur dans l'ame des tyrans, et l'espoir dans celle des peuples; mais le flambeau de la philosophie avait précédé l'éclair de son invincible épée. Avec les armes de la raison, le peuple a été persuadé qu'il devait être libre, et le peuple a voulu être libre. La philosophie a prédit qu'un peuple libre briserait les forces de tous les despotes de la terre, et l'Europe a vu les satellites des oppresseurs du monde humiliés devant les drapeaux républicains.

AN 4.

1796.

Bonaparte, occupé du siège de Mantoue, qu'il voulait terminer avant de porter la

L'Italie ouvrit la première un asyle aux sciences et aux arts de la Grèce ; et si jusqu'à ce moment elle n'a pas donné ces preuves d'énergie qu'on devait attendre d'une nation placée par la nature dans un pays que sa situation, ses ressources, sa population semblaient avoir destiné à la liberté, il faut en chercher la cause dans les obstacles éternels que l'union de la tyrannie et du fanatisme a opposés à l'instruction publique, en étouffant, par d'odieux moyens, le germe d'indépendance que cet heureux climat avait mis dans le cœur de ses habitans.

Notre premier devoir est donc d'ouvrir au génie italien une vaste carrière, dans laquelle, en traitant les grands intérêts de la nation entière, l'observateur puisse rendre familiers aux peuples les principes éternels de la liberté.

O vous qui cultivez en paix les lettres, que l'amour de la patrie et celui de sa gloire vous réveillent ! Si vous avcz été condamnés à étouffer vos pensées, sous l'ancien gouvernement, lorsqu'il n'était pas permis de dire la vérité; venez, sous les heureux auspices d'une armée victorieuse, et d'un général non moins invincible qu'ami de l'humanité; ne craignez pas d'élever la voix; offrez à la patrie l'hommage de vos lumières et de vos talens!

Et vous qui gémissez sous le joug des tyrans, que craignez-vous? vous avez dans les mains les moyens les plus prompts de renverser les pouvoirs usurpés. Ecrivez; faites connaître au peuple sa force, il sortira de l'avilissement où le retient la servitude. Célébrez les victoires de ses libérateurs, la gloire des cités qui se sont soustraites à l'esclavage; rappelez aux Italiens l'antique gloire de l'Italie, et l'oppression dont l'accableraient les

guerre au cœur des Etats de la maison d'Autriche, et des minutieux détails d'une immense AN 4. administration, paraissait faire peu d'attention aux ridicules préparatifs de guerre faits dans Rome; mais d'autres objets, de la plus haute importance, partageaient son attention. Il combinait les moyens de faire rentrer la Corse, sa patrie, dans le sein de la république française.

tyrans, s'ils se raffermissaient sur leurs trônes. Faites
retentir aux oreilles de tous les hommes en état de porter
les armes,
les malédictions dont les races futures char-
geront la génération présente, si elle laisse échapper le
moment qui se présente, ce qui, peut-être, ne revien-
dra plus.

A votre voix, la nation prendra l'attitude imposante qui lui convient. Tous les obstacles qui s'opposent à sa régénération, seront méprisés ou renversés. Ses efforts feront pâlir les despotes, et vous aurez la gloire d'avoir provoqué, par vos écrits, le bonheur de votre patrie, Ni les craintes chimériques, ni les difficultés réelles ne doivent arrêter votre noble essor. Tout est facile à celui qui veut être libre; osez, prenez la plume, l'heure de la liberté est prête à sonner pour l'Italie entière.

1796.

CHAPITRE XVII.

Les Anglais s'emparent de la ville de Porto-
Ferraio, dans l'île d'Elbe.

J'AI déjà observé que Bonaparte, en mettant garnison française dans Livourne, remplissait le double projet de ravir ce port au commerce anglais, et d'ouvrir un moyen de communication avec les Corses attachés au gouvernement français. Un très-grand nombre d'individus qui s'étaient exilés de leur patrie, lorsque les Anglais en furent les maîtres, et qui se réfugièrent dans différentes contrées d'Italie, se réunirent à Livourne, lorsque le pavillon français domina dans ce port. Ils entretenaient des liaisons suivies dans l'île, surtout avec les départemens du Golo et du Liamone, où le peuple témoignait assez ouvertement son aversion pour les Anglais.

Sir Gilbert Elliot, vice-roi de Corse, avait paru mépriser ces entreprises; mais lorsque ceux qui les tentaient, eurent un point d'appui en état de consolider leurs démarches, il commença à craindre qu'elles n'eussent des suites funestes pour les intérêts britanniques.

Maître de la mer par la supériorité de l'es

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