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gards qu'un monceau de ruines abreuvées de sang. Il fut évacué le 21. Ce siège avait coûté AN 5. à l'Empereur quinze mille hommes de ses meilleures troupes, et des sommes prodigieuses. Ce fut la dernière action de la campagne sur le Rhin. Les armées françaises et autrichiennes prirent respectivement leurs quartiers d'hiver sur les deux bords du fleuve, en vertu d'une convention entre les généraux. L'armée de Rhin et Moselle ne conserva, à la droite du Rhin, que la garnison du pont d'Huningue. Celle de Sambre et Meuse conserva ses positions à la gauche de la Wupper. Il fut convenu que les pays entre le Rhin, la Wupper et la Sieg seraient neutres, et qu'aucune des deux armées ne pourrait s'y établir durant l'armistice. La partie de l'armée du Nord qui se trouvait dans les environs de Mulheim, se retirait en Hollande.

Le général Hoche, chargé de l'expédition d'Irlande, fut nommé général de l'armée de Sambre et Meuse. Alors, Beurnonville ne commanda que celle du Nord, et Moreau que celle de Rhin et Moselle.

1797.

CHABITRE XIX.

Le feld maréchal Alvinzi prend le commandement de l'armée impériale d'Italie.

CETTE inaction, nécessitée par les frimats d'Allemagne, ne s'étendait pas aux armées d'Italie.

Après la bataille de Castiglione et la dispersion de l'armée du maréchal de Wurmser, des efforts prodigieux avaient été faits dans toutes les provinces dépendantes de la maison d'Autriche, pour opposer à Bonaparte une troisième armée. Le sénat de Venise, suivant la marche tortueuse qu'il avait tenue jusqu'alors, et qui devait le conduire à sa perte, donnait aux troupes impériales une protection éclatante et décidée. Les recrues venues de Hongrie, de Croatie d'Esclavonie, entraient sur le territoire Vénitien, par Udine, par Civita di Friuli, par Palma-Nuova, par Marano, et se formaient entre le Tagliamento et la Piava, deux fleuves qui descendent des Alpes Noriques, et se jettent dans le golfe de Venise, entre les lagunes de Venise et celles d'Aquilée.

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Le feld maréchal marquis d'Alvinzi, succes

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seur du comte de Wurmser, ayant rassemblé ses troupes dans les premiers jours de yen- An 5. démiaire se proposait de s'approcher de l'Adige, pour opérer sa jonction avec les débris de l'armée de son prédécesseur, répandus derrière l'Arisio, dans les montagnes qui séparent le Tyrol du Vicentin.

Un parti Autrichien s'étant hasardé de passer à la droite de la Piava, pour s'établir à Castel-Franco, le général Massena, dont le quartier était à Bassano depuis la déroute de Wurmser, se chargea de l'en chasser; les Autrichiens se retirèrent avec précipitation à la gauche de la Piava.

Le général Vaubois contenait de son côté les ennemis derrière l'Arisio; mais la défaite du général Jourdan leur ayant procuré des renforts aussi nombreux que subits, les Français commençaient à s'apercevoir que les victoires, en servant d'aliment à leur courage, diminuaient leur nombre. Les recrues envoyées de France à l'armée d'Italie, ne suffisaient pas pour remplir le vide que les triomphes multipliés de Bonaparte laissaient dans les bataillons de son armée. Ce général, pour concentrer ses forces, fut obligé d'abandonner Bassano, Vicence, Trente et Roveredo, et de se porter sur la ligne de l'Adige et les deux bords du lac de Garda.

Plusieurs combats partiels eurent lieu, le

12, le 13 et le 17 brumaire, sur les bords de 1797 l'Adige. Celui de Caldero, livré le 22, augmenta la réputation des généraux Augereau et Massena. Cependant les dispositions locales du pays favorisaient la jonction de la division autrichienne du Tyrol, avec celle commandée par le maréchal Alvinzi. Il se trouvait à la tête d'une armée de plus de quarante mille hommes.

CHAPITRE XX.

Bataille d'Arcole.

BONAP

ONAPARTE, abandonnant la conduite du siège de Mantoue au général Kilmaine, s'approchait de l'Adige. Les armées étaient en présence le 24 brumaire; la droite des Français, commandée par Massena, la gauche par Vaubois, le centre par Augereau. L'aile droite des Autrichiens conduite par le général Davidowick, se trouvait à la droite de l'Adige, entre ce fleuve et le lac; son centre et son aile gauche occupaient, sur la rive gauche du fleuve, la route de Vicence.,

Le général français fit jeter, pendant la nuit du 24 au 25, un pont de bateaux entre les villages de Ronco et d'Albaredo. Les deux

divisions d'Augereau et de Massena avaient passé à la gauche du fleuve avant la pointe Ax 5. du jour. Les avant-postes autrichiens furent culbutés, mais on trouva la résistance la plus opiniâtre au village d'Arcole, dont la position était fortifiée naturellement, au milieu des marais et des canaux profonds qu'on avait garnis d'artillerie. Ce village arrêta une partie de l'armée pendant toute la journée En vain les généraux, sentant que la prise de ce poste décidait du succès de la bataille, se précipitaient à la tête des colonnes, pour braver avec elles le feu de l'ennemi : les généraux Verdier, Bon, Vernes, Lannes furent mis hors de combat. Augereau, empoignant un drapeau, se porte sur un pont qu'il fallait absolument franchir pour emporter le village; il est forcé de reculer. Bonaparte, témoin des difficultés qu'éprouve le passage du pont d'Arcole, ordonne au général Guieux de descendre l'Adige avec un corps de deux mille hommes; de passer ce fleuve, sous la protection de l'artillerie légère, à un bac qui se trouvait à deux milles au-dessous de Ronco, vis-à-vis d'Albaredo, et de tourner le village d'Arcole. Cette marche était longue, et la journée avançait vers sa fin.

Bonaparte, avec son état-major, se porte sur le front de la division d'Augereau; il s'avance à la tête des grenadiers pour forcer

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