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Joubert, avait eu tout le succès qu'on pouvait 1797. en attendre. L'ennemi, sur la fin de l'affaire

du 25, avait conservé un poste à San-Marco: Joubert le fit enlever par le général Vial, pendant la nuit du 25 au 26. La division du centre, commandée par le général Barragueyd'Hilliers, chassa les ennemis du village de San-Martino, et lui prit ses canons. La colonne de droite, commandée par Vial, disputait les hauteurs. Une colonne commandée par le général Vaux, ayant tourné les ennemis par les revers de Montebaldo, parvint sur les rochers qui dominent la Corona. Les Autrichiens, se voyant coupés, se débandèrent; six mille se rendirent prisonniers.

Bonaparte ayant reçu les renforts qu'il attendait, avait ordonné d'attaquer, le 27 au matin, la colonne de Provera. Ce général ne recevant aucune nouvelle d'Alvinzi, se trouvait dans la position la plus fâcheuse; n'ayant pu emporter le faubourg San-Georgio, il avait attaqué, pendant la nuit, le poste de la Favorite, dans le tems que la garnison de Mantoue, sortant de la citadelle, fondait sur les lignes du blocus. Mais Wurmser fut bientôt obligé de rentrer dans la place, laissant le champ de bataille couvert de morts et de blessés. Alors Provera, attaqué de tous côtés, et se trouvant acculé au faubourg San-Georgio, fut obligé de mettre bas les armes avec toute la colonne qu'il commandait.

La bataille d'Arcole avait duré quatre jours; celle de Rivoli fut encore plus long-tems dis- Ar 5. putée. On se battit sans discontinuation pendant huit jours. Les ennemis n'abandonnèrent le champ de bataille, qu'après avoir perdu toute leur artillerie et vingt-cinq mille hommes tués ou faits prisonniers, parmi lesquels se trouvait presque tout le corps des volonlontaires de Vienne, Alvinzi fuyait avec précipitation dans les montagnes. Les généraux Augereau, Massena et Joubert, le poursuivent avec acharnement, l'atteignent et le battent de nouveau auprès de Carpenedolo et d'Avio, entrent dans Bassano, dans Roveredo, dans Trente. Les Autrichiens se dispersent. Alvinzi n'a plus d'armée.

1797.

LIVRE VINGT-DEUXIEME.

CHAPITRE PREMIER.

Reprise des hostilités avec la cour de Rome.

LE feld - maréchal marquis d'Alvinzi était

allé rendre compte à Vienne de sa conduite. Les débris de son armée se réunirent à la tête du lac de Garda, entre Torgola et l'Adige, dans une suite de défilés fortifiés par la nature. Les Français les avaient déjà forcés après la bataille de Castiglione ; ils les forcèrent de nouveau, malgré les neiges dont les montagnes étaient couvertes. Le général Joubert, après une marche très-difficile, pénétra dans Roveredo, vers les premiers jours de pluviose. Les Autrichiens, forcés dans leur camp retranché de Mori, avaient ajouté de nouvelles fortifications au poste de Calliano emporté de vive force, par les Français, quelques mois auparavant, et que la rigueur de la saison rendait moins accessible. Il fut forcé de nouveau; on entra dans Trente sans obstacle.

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Le général Massena qui avait poursuivi les corps autrichiens derrière la Brenta, remontant cette rivière, opéra bientôt sa jonction avec Joubert derrière l'Arisio; il ne resta plus d'Autrichiens au Sud de Bassano.

Des succès aussi constans plaçaient le nom de Bonaparte parmi ceux des plus habiles guerriers qu'ait célébrés l'histoire. Il jouissait, en Italie, d'une autorité supérieure à celle des puissances de la péninsule. La seule cour de Rome paraissait le braver. Frappée d'un inconcevable aveuglement, une fatalité qui l'entraînait vers sa perte, l'éloignait de la paix.

que

Renouant les fils usés de son ancienne politique, elle avait essayé de former une ligue avec la cour de Naples, sans faire attention la faiblesse de Ferdinand IV, autant que des considérations particulières, lui faisant la loi d'éviter de mettre ses sujets en contact avec les Français, il sacrifierait toutes les convenances à la nécessité d'éloigner Bonaparte des frontières de l'Abbruze et de la terre de Labour. Frustré de cette attente, le pape, convaincu que les Anglais ne lui rendraient jamais aucun service important, n'avait pour ressources que son alliance avec l'empereur. Il multipliait les ruses, les négociations, les dépenses, les armemens pour favoriser un allié auquel des miracles seuls

AN 5.

pouvaient permettre de réunir ses forces aux 1797. forces pontificales.

Le meilleur appui de Rome était dans sa faiblesse même, qui n'offrait aucune gloire à son vainqueur. Le pape pouvait fonder avec plus de certitude l'espoir de sa conservation sur l'indifférence ou sur la générosité des Français, que sur ses armemens.

Cependant Pie VI, comptant toujours sur les succès des Autrichiens, et ignorant que la correspondance de son ministre le cardinal Busca avec le prélat Albani, nonce extraordinaire à Vienne, était tombée au pouvoir de Bonaparte, qui l'avait transmise au directoire, faisait passer des troupes dans la Romagne. Elles se préparaient à attaquer Bologne. Bonaparte donna ordre au ministre Cacault de quitter Rome sur-le-champ, et publia, le 13 pluviose, la déclaration suivante :

Le pape a refusé formellement d'exécuter les articles VIII et IX de l'armistice conclu le 2 messidor, à Bologne, sous la médiation de l'Espagne.

La cour de Rome n'a cessé d'armer et d'exciter, par ses manifestes, les peuples à la croisade contre la France. Ses troupes ont menacé d'enlever Bologne. Elle a entamé des négociations hostiles contre la France avec la cour de Vienne, comme le prouvent les lettres du cardinal Busca au prélat Albani,

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