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les Etats de Venise du Tyrol. Un autre corps 1797. séparé, commandé par le général Joubert, ayant sous ses ordres les généraux Delmas et Barraguey-d'Hilliers formant la gauche de l'armée française, était chargé de pénétrer dans la Carinthie, par le Tyrol, en remontant l'Adige jusqu'à son confluent avec l'Eisach, auprès de Bassano, suivant ensuite cette rivière jusqu'à Brixen, et celle de Rients, depuis Brixen jusques vers les sources de la Drave.

L'archiduc Charles, avec ses principales forces, occupait des retranchemens derrière le Tagliamento, qui couvraient la grande route de Trevise à Udine et à Palma la Nuova. Dans cette position, il tirait ses subsistances du Frioul autrichien, par Gradisca, par Goritz, et par les pays vénitiens situés entre le Tagliamento et les Alpes, formant un demi-cercle sur ses derrières. Les glaces des Alpes avaient considérablement baissé les eaux du Tagliamento; il se trouvait guéable en plusieurs endroits. Bonaparte, profitant de cette circonstance, ordonne au général Guieux de se porter sur la gauche pour passer la rivière à la droite des retranchemens ennemis, tandis que le général Bernadotte, avec sa division venue du Rhin, exécuterait la même opération sur la droite.

L'une et l'autre de ces deux divisions for

ment leurs bataillons de grenadiers, et se rangent en bataille, ayant chacune une demi- An 5. brigade d'infanterie légère en avant, soutenue par deux bataillons de grenadiers, et flanquées par la cavalerie. L'infanterie légère s'avance en tirailleurs; le général Dommartin à la gauche, et le général Lespinasse à la droite, font manœuvrer l'artillerie ; la canonnade s'engage avec la plus grande vivacité.

Le général Duphot, à la tête de la 27.o demibrigade d'infanterie légère, se jette dans la rivière ; il est bientôt à l'autre rive. Le général Lebon le soutient avec les grenadiers de la division Guieux. Le général Murat qui fait le même mouvement sur la droite, est également soutenu par les grenadiers de la division Bernadotte. Toute la ligne se met en mouvement, chaque demi - brigade par échelons des escadrons de cavalerie en arrière des intervalles.

La cavalerie autrichienne veut plusieurs fois charger l'infanterie française, mais sans succès. Toute l'infanterie française passe la rivière. Dès-lors, les Autrichiens épouvantés par la supériorité de l'artillerie française, et par la promptitude du déployement et de la manœuvre de l'infanterie, pliaient de toute part. Mais lorsque le général Guieux eut enlevé le village de Cainin où se trouvait le quartier général de l'archiduc Charles, la

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déroute de l'armée autrichienne fut complette: 1797 elle profita des ombres de la nuit pour se réfugier dans les gorges des montagnes, abandonnant à l'armée française une partie de son artillerie et de ses bagages, les villes de Palmala-Nuova, de Civita di Friuli, d'Udine, de Gemona, et tout le territoire vénitien jusqu'aux confins de la haute Carinthie et de la haute Carniole.

CHAPITRE V I.

Les Français pénètrent dans les Etats autrichiens à travers les Alpes. Prise de la forteresse de Gradisca.

L'ARCHIDUC

ARCHIDUC CHARLES, entraîné dans la fuite de ses soldats, n'était parvenu à les rallier que dans les anfractuosités des Alpes, entre la longue vallée que parcourent la Drave et le Muer. Dans cette position, il semblait inattaquable, par un tems où les glaces et les neiges couvraient toutes les montagnes dont il était environné d'un côté, il protégeait la retraite de son artillerie et de ses gros bagages; de l'autre, il pouvait donner quelques secours à la division autrichienne chargée de défendre les gorges du Tyrol, contre les attaques du

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général Joubert: mais il abandonnait toute la partie des Etats vénitiens que l'armée impé- Ax 5. riale avait occupés jusqu'alors, et l'Istrie autrichienne, avec le Frioul autrichien, jusqu'aux sources de l'Ydria.

Toutes les colonnes françaises, des bords de l'Adige à ceux de la mer, marchaient en avant, malgré la rigueur de la saison.

Les généraux Joubert, Barraguay-d'Hilliers et Delmas avaient attaqué, le 30 ventose, l'avant-garde autrichienne sur le plateau de Lavis, auprès de l'Arisio; et après un combat opiniâtre, dans lequel ils firent 4,000 prisonniers, ils s'étaient emparés du pont de Neumark, pour couper aux ennemis la retraite sur Bolsano. Un second combat s'engagea auprès de cette ville, sur les bords de l'Adige. Les Autrichiens se défendaient avec la dernière obstination: cependant leurs efforts furent inutiles. Le général Dumas, à la tête de la cavalerie française, s'étant précipité sur les villages de Trames, rompit entiérement la colonne ennemie; elle se dispersa; et les Français s'étant présentés devant Bolsano, en trouvèrent les portes ouvertes. Le général Laudohn commandait les Impériaux, passant l'Adige entre Andriani et Siebeneich, il se portait rapidement à Clausen, par la rive droite de l'Eisach. Joubert craignant avec raison que ce général ne se fortifiât dans ce

poste, ne fit dans Bolsano que le séjour né1797. cessaire pour mettre cette place à l'abri d'un

coup de main, et continua de poursuivre les ennemis, en traversant un pays que la maison d'Autriche a toujours regardé comme un des plus fermes boulevards de son Empire.

Laudohn, profitant des fortifications naturelles que présentaient les montagnes dans lesquelles il se trouvait, attendait les Français dans une gorge étroite, entre l'Eisach et des rochers presque inaccessibles. Il y fut attaqué le 3 germinal avec une impétuosité qui présageait la victoire en faveur des assaillans : cependant les efforts faits par les Autrichiens, et la bonté de leur position, balançaient la fortune. Quelques colonnes françaises, écrasées par le feu, avaient été obligées de reculer. Le succès de la journée était incertain, lorsque l'infanterie légère tournant les Autrichiens par leur gauche, parvint avec des peines infinies sur des rochers qui dominaient les ennemis, et fit rouler sur eux des roches entières. Les onzième et trente-troisième demibrigades d'infanterie de bataille, profitant de ce nouveau genre d'attaque, s'avançent en colonnes serrées : tous les obstacles sont surmontés; le centre des Impériaux est rompu; ils prennent la fuite, abandonnant leur artilterie et quinze cents prisonniers.

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Joubert arriva dans Brixen, toujours pour

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