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suivant les ennemis. Il trouva dans cette ville des magasins de toute espèce, rassemblés par les Autrichiens, pour leur expédition d'Italie. Laudohn, dans la crainte de se trouver entre l'armée qui le poursuivait sans relâche, et celle de Massena qui pénétrait dans les gorges du Tyrol, par les montagnes de Gemona, avait pris le parti de remonter l'Eisach, de passer le Mont-S.-Michel, et de se retirer du côté d'Inspruch.

La division formant le centre de l'armée autrichienne, et qui s'étendait du Tagliamento aux hauteurs de Cadore, s'était repliée avec précipitation sur les bords de la petite rivière de Fella, en apprenant l'issue de la bataille de Cainin. Massena, après avoir passé successivement la Fisadanda, la Livenza et le Tagliamento, poursuivait les ennemis à Forno-d'Isoto, à Guarda-Gnano, à S.-Daniel, à Asopo, à Gemona. Il s'empara du fort de la Chiusa sur les bords de la Fella. Son avant-garde joignit l'ennemi qui voulait lui disputer le passage du pont de Carasola. Les grenadiers des trente-deuxième et soixante-quinzième demi-brigades, réunis en colonnes serrées, forçent le pont, culbutent l'ennemi, malgré ses retranchemens et ses chevaux de frise; le poursuivent jusqu'à Pondeba, petites villes sur la Fella, dont l'une, sous le nom de Pondeba - Veneta, faisait partie des Etats vénitiens; et l'autre, sous

AN 5.

celui de Pondeba-Impériale, appartient à la 1797. Carinthie.

De Pondeba, pour descendre sur les bords de la Drave, les chemins sur les sommités des montagnes sont presque absolument impraticables. On passe vers les sources de la Save, auprès d'un lac d'où sort un gros ruisseau qui baigne les murs de la ville de Tarvis, qui n'est connue que par ses fourneaux pour les mines de fer. Cette ville est la plus élevée de l'Europe après Briançon. Massena y arriva le 4 germinal.

L'aile droite de l'armée française, après avoir franchi sans obstacles le Corno, le Natisonne, et s'être emparée des villes d'Udine de Civita di Friuli et de Palma la Nuova, pénétrait dans les Etats autrichiens, par les rives du Lisonzo, fleuve qui descend des Alpes Noriques, et se jette dans le golfe de Trieste, auprès des ruines d'Aquilée.

Le Frioul autrichien réduit à ses propres forces depuis la retraite de l'archiduc Charles, n'avait d'autre défense que la forteresse de Gradisca, bâtie sur la rive droite du Lisonzo. Cette place, fortifiée avec beaucoup de soin, pouvait retenir long-tems l'armée, sur-tout dans la mauvaise saison où l'on se trouvait, si les Français se fussent servis de la méthode ordinaire des sièges; mais Bonaparte avait résolu de brusquer les attaques.

Bernadotte, chargé de cette expédition périlleuse, se présente à la tête des genadiers. An 5. Tous les ouvrages avancés de la place sont enlevés en plein jour à la baïonnette. Les Français, maîtres du chemin couvert, menacent d'enfoncer les portes à coups de canons. Pendant ce tems-là, le général Serrurier se portait sur les hauteurs qui dominent la ville. Bernadotte était sur le point de donner l'assaut, lorsque la ville capitula.

CHAPITRE VII.

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Les Français se rendent maîtres de Trieste.

La prise de Gradisca soumettait aux Fran

çais toutes les possessions autrichiennes, depuis les Alpes jusqu'à la mer. La ville de Goritz ne fit aucune résistance. Celle de Trieste attendit à peine, pour se rendre, la colonne française qui se portait sur ses murs. Les Français furent en possession du seul port qui appartenait alors à l'Empereur sur l'Adriatique; et tandis qu'ils franchissaient les Alpes Noriques, au milieu des neiges, Bonaparte, pour se concilier l'esprit des peuples, réglait le forme du gouvernement, par une proclamation publiée au quartier-général de Goritz.

Les provinces de Gradisca et de Goritz de1797. vaient être provisoirement administrées par un corps de magistrats, composé de quinze individus, sous la dénomination de gouvernement central. Ce corps devait réunir les autorités politique, judiciaire et administrative. Le général réglait que le culte de la religion catholique continuerait d'être exercé sans aucune espèce de changement.

CHAPITRE VIII.

Marche des Français dans les Alpes Noriques et Italiennes ; ils parviennent à Clagenfurt.

Les généraux Guieux et Bernadotte s'en

fonçaient dans les montagnes de la Carniole. Ils rencontrèrent, en remontant le Lisonzo, une division ennemie dans les gorges de Buffero; elle prit la fuite, et se retirant vers les sommités des Alpes, elle se trouvait, le trois germinal, entre la division du général Massena, qui campait à Tarvis, et celle du général Guieux, qui la suivait pas à pas.

Pour la dégager, l'Archiduc Charles, dont le quartier-général était à Clagenfurt, capitale du duché de Carinthie, avait envoyé à Tarvis une division nombreuse qui attaqua

Massena, le cinq germinal, sur un plateau qui domine l'Allemagne et la Dalmatie. Les AN 5. armées étaient rangées en bataille sur un terrain couvert de trois pieds de neige ; et lorsque les Autrichiens furent enfoncés, la cavalerie française les poursuivit sur la glace.

Cependant, le général Guieux suivait de montagnes en montagnes la colonne autrichienne qu'il avait battue à Buffero. La marche de cette colonne était d'autant plus pesante, qu'elle escortait toute la grosse artillerie, et presque tous les bagages de l'armée de l'Archiduc Charles. Son arrière - garde composée de l'élite de l'armée autrichienne profitait de tous les passages dangereux, pour retarder la marche des Français. Elle se retrancha dans un poste fortifié par la nature, appelé la Chinze autrichienne; ce poste fut emporté par les Français, et tous ses défenseurs faits prisonniers de guerre.

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La colonne qui se trouvait découverte, voulant précipiter sa marche, tomba dans la division de Massena, qui s'empara de tout le convoi, après un léger combat. Bernadotte prenant par sa droite et suivant le cours de la Save, s'était rendu maître de Leyback et reste de la Carniole.

ger

Toute l'armée française, après des fatigues incroyables, était enfin parvenue le huit minal, sur les bords de la Drave, auprès de VII.

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