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faquée dans la vallée de Loano. La bataille dura depuis six heures du matin jusqu'à cinq As 4. heures du soir, que les Autrichiens firent leur retraite sur Garesió, après avoir perdu huit mille hommes tués ou faits prisonniers. Les Autrichiens furent attaqués de nouveau le lendemain à la pointe du jour; rompus de nouveau, ils fuyaient du côté de Savone. Dans sa détresse, Dewins fit sommer le sénat de Gênes de lui remettre la forteresse de Savone; et, le sénat de Gênes ayant refusé de livrer cétte place, les Autrichiens se virent forcés de repasser le col de la Bochetta, pour se retirer đu côté d'Acqui. Les Français s'emparèrent de la Pietra, de Loano, de Finale, de Vado et des magasins immenses rassemblés par les Autri chiens dans Savone.

Cette victoire aurait ouvert aux Français les barrières de l'Apennin, si les excès auxquels se livrèrent les vainqueurs au sein de leurs triomphes, n'avaient arrêté les opérations militaires. Le désordre devint si excessif, que le général Schérer fut obligé de faire publier, le 30 frimaire, dans tous les cantonnemens occupés par son armée, la proclamation suivante: « Soldats vous avez vaincu les ennemis ; j'aurai soin de faire connaître à la France entière les belles actions qui vous ont distingués. Mais, après avoir triomphé pour la liberté, plusieurs d'entre vous se sont dés

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1795.

honorés par des vols, par des incendies, par une conduite brutale envers les femmes; votre aveugle fureur s'est portée à des excès affreux, jusque dans le pays des Génois, qui ont constamment refusé de se coaliser avec vos ennemis.

» Je vous avertis, pour la dernière fois, de mettre fin à des procédés qui flétrissent la réputation de l'armée d'Italie. Vous connaissez les lois qui punissent de mort les excès auxquels vous vous livrez. Vous seriez sans excuse même dans les limites d'un pays conquis, puisque vous n'avez pris les armes que pour exterminer les tyrans armés contre votre patrie, et non contre les malheureux et pacifiques colons.

» Je vous préviens que je punirai ces crimes selon toute la rigueur des lois. Je sais que, parmi vos chefs, il y a des hommes assez vils pour protéger une semblable inconduite, mais leur punition effraiera ceux qui voudraient les imiter. Je rends responsables les commandans des compagnies, les chefs des bataillons, les généraux des brigades et des divisions, de toutes les malversations qui auront lieu dans la suite. La moindre négligence à cet égard sera punie exemplairement.

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L'expérience a prouvé constamment qu'une armée sans discipline non seulement est un fléau redoutable pour les pays qu'elle par

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court, mais que ses succès les plus brillans ne sauraient avoir de suites durables. L'em- AN 4. pereur envoya, pendant l'hiver, vingt-cinq mille hommes qui se fortifièrent sur les revers des Apennins. La cour de Turin fit passer un renfort de six mille hommes au général Colli qui commandait les Sardes. La rigueur de la saison s'opposait à toute entreprise ultérieure de la part des armées ennemies, séparées par des masses énormes, couvertes de plusieurs pieds de neige.

Le roi de Sardaigne, dont les Etats étaient sur le point d'être envahis, avait demandé au gouvernement britannique de porter le subside qu'on lui donnait, à quatre cent mille livres sterlings, au lieu de deux cent mille. Le refus éprouvé par lui, engageait la cour piémontaise de saisir avec empressement la première occasion qui se présenterait de faire la paix avec la France. La guerre avait toujours été désapprouvée par une partie des membres du conseil de Turin, et sur tout par le prince de Piémont. Il semblait apercevoir l'abyme profond dans lequel la mauvaise politique de son père le poussait.

1796.

CHAPITRE VII.

Armistice sur les bords du Rhin. Cause de cet événement.

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ANS ces circonstances, un armistice, publié le 11 pluviose, entre les troupes françaises et impériales cantonnées le long du Rhin, laissait espérer qu'une heureuse paix allait fermer la vaste scène de carnage dont les horreurs désolaient depuis quatre ans les plus belles contrées de l'Europe. J'ai vu ce doux espoir consoler les amis de l'humanité. Ils l'embrassaient encore, lorsque des réflexions désolantes en démontraient l'illusion. En effet, dès qu'il fut certain que cette suspension d'armes ne s'étendait pas sur les mouvemens des forces navales, on ne put douter que cette trève partielle n'avait d'autre but que des convenances locales. Chaque parti suspendait les boucheries humaines pendant la rude saison des frimats, pour se préparer à les recommencer avec avantage, lorsque le printems ranimerait la nature.

L'armistice ne s'étendit pas même aux armées d'Italie. La rigueur de la saison nécessita une cessation de combats; mais il n'y eut à cet égard aucune convention.

C'étaient les traités faits par le gouvernement français avec les rois d'Espagne et de AN 40 Prusse, qui déterminaient la cour de Vienne à cette cessation d'hostilités. Cet événement inattendu avait jeté le conseil impérial dans une perplexité cruelle. En vain la cour de Londres fournissait aux Autrichiens les subsides les plus abondans, ils ne pouvaient que difficilement remplacer cinquante mille Espagnols et cent vingt mille Prussiens, qui avaient posé les armes. L'empereur, contraint par la nécessité, dépeuplait ses états par les prodigieuses levées d'hommes faites avec l'argent de l'Angleterre. Toutes les garnisons de l'intérieur de ses provinces, celles de la Bohême, et même celles qui bordaient la Hongrie vers les frontières ottomanes s'avançaient rapidement vers le Rhin.

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Les généraux autrichiens, avec ces forces, reprirent Manheim, et, franchissant la barrière du Rhin, forcèrent les Français à lever le siège de Mayence; mais, dans cette pénible retraite, Pichegru développa des talens supérieurs, et acquit, au sein des revers, une gloire indépendante des événemens, et inaccessible aux atteintes de l'envie. Les Allemands furent arrêtés par l'habileté des positions que savait prendre le général français sur un terrain qui devenait de plus en plus défavorable,

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