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PHILOSOPHIQUE

DE LA RÉVOLUTION

DE FRANCE,

DEPUIS la première Assemblée des Notables jusqu'à la paix
de Presbourg;

PAR ANT. FANTIN - DESODOARDS.

CINQUIÈME ÉDITION,

REVUE ET CORRIGÉE PAR L'AUTEUR.

Posteris an aliqua cura nostri nescio, non certè meremur, ut sit aliqua......... studio. ......
labore....... reverentiâ posterum.
PLIN. EPIST.

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CHEZ

PARIS,

BELIN, libraire, rue Saint-Jacques, n.° 41.

CALIXTE VOLLAND, libraire, quai des Augustins, n.o 25.
BOSSANGE, MASSON et BESSON, libraires, rue de Tournon.
ARTHUS-BERTRAND, libraire, rue Haute-Feuille, n. 23.
BELIN, fils, libraire, quai des Augustins.

PHILOSOPHIQUE

DE LA RÉVOLUTION

DE FRANCE.

LIVRE DIX-NEUVIÈME.

CHAPITRE PREMIER.

Les conventionnels s'établissent corps élec-, toral de la France, et nomment une partie des députés à la nouvelle législature..

LA convention nationale avait terminé ses séances, pour les continuer sous un autre mode. Tous les corps électoraux forcés par la loi du 5 fructidor, de prendre dans l'ancien corps législatif les deux tiers des candidats portés à la nouvelle législature, ne voulant élire que des législateurs purs et sincères amis. des hommes, de l'ordre et de la vertu, et dignes, par leurs qualités morales, de régé

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AN 4.

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nérer la France, avaient concentré leurs choix sur les mêmes individus. Le résultat de cette combinaison ne composait le nouveau corps législatif que d'environ six cents députés, en y comptant deux cent cinquante individus choisis librement sur la généralité de tous les Français. Les jacobins en avaient été exclus de la manière la plus formelle.

Si cette tournure déconcertait les projets des anarchistes, qui avaient déterminé le mouvement de vendémiaire pour rester en place, elle augmentait en même tems les espérances des royalistes, qui avaient concouru à ce mouvement, parce que, d'un côté, plusieurs républicains énergiques, confondus avec les désorganisateurs, étaient éloignés des affaires; et de l'autre, ils se flattaient que dans le nouveau tiers plusieurs représentans préféreraient la constitution de 1791 à celle de l'an 3. Cet incident pouvait conduire à une nouvelle révolution.

Les journaux dans lesquels chaque parti plaidait sa cause, sans cependant que les orateurs se déclarassent ouvertement royalistes ou jacobins, développaient ces sentimens divers. Les uns tonnaient sans ménagement sur la conduite des conventionnels; ils traitaient les décrets des 5 et 13 fructidor d'attentat envers la souveraineté du peuple. Regardant la constitution comme violée dès sa naissance

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par ceux même qui l'avaient rédigée, ils auguraient qu'elle ne serait pas mieux observée Ar 4. dans la suite, si les mêmes hommes maniaient le gouvernail de l'Etat. Leurs regards se tournaient avec inquiétude vers le nouveau tiers et vers les députés réélus par les corps électoraux. Ils s'attendaient que les premières opérations des uns et des autres seraient de réunir de nouveau les assemblées primaires pour compléter le corps législatif, sans s'arrêter aux lois du 5 et du 13 fructidor.

D'autres journaux présentaient ces lois des 5 et 13 fructidor comme la seule barrière capable de garantir la constitution nouvelle des atteintes des royalistes, dont l'objet était de l'étouffer dans son berceau. Les réflexions de leurs adversaires, leurs craintes simulées, leur constitutionnalité littérale et minutieuse voilaient, selon eux, une ruse dont les patriotes devaient se défier.

L'opinion humaine est un sanctuaire obscur et presque impénétrable. Comment ne pas se défier des entreprises secrètes que pouvaient tenter les ennemis de la révolution, malgré leurs démonstrations publiques, lorsqu'on faisait réflexion que le roi de Suède, Gustave III, protestait de son attachement inviolable pour le gouvernement républicain, dans le tems qu'il prenait les mesures les plus efficaces pour le renverser; et que, le 18 août 1772,

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