Page images
PDF
EPUB

paration de plusieurs blocs qui ont été abandonnés avant d'être complètement détachés. Ils sont très symétriquement coupés dessus, dessous, à droite et à gauche, mais on ne devine pas comment les anciens s'y prenaient pour les couper ensuite par derrière. On en est réduit à s'avouer qu'ils eurent des procédés perdus pour la mécanique moderne! Plusieurs salles de ces carrières portent gravés sur leurs murailles des cartouches que l'on a traduits. Une grande inscription, en caractères tout à fait inconnus, reste seule à déchiffrer. A quelle époque remontet-elle? qui l'a tracée ? C'est un problème encore non résolu, mais que l'on ne peut dire insoluble, tant le génie de l'homme a déjà pénétré de secrets du passé, qui semblaient vouloir demeurer éternellement voilés.

Jusqu'au dernier moment, on est affligé ici par le contraste du grandiose des ruines et de l'avilissement des populations. Ce triste rapprochement nous était aussi réservé au milieu de la nécropole de Memphis, et forme la conclusion naturelle d'un ouvrage sur l'Egypte actuelle. On est encore bien loin des Pyramides, que l'on voit accourir une nuée d'Arabes du désert, dont le bonnet blanc et la courte jupe blanche, leur unique vêtement, produisent à distance un effet tout particulier. Ces bédouins, que l'intérêt a rendus sédentaires, appartiennent à un village situé à côté des tombeaux.

Toujours prêts autrefois à piller les voyageurs, ils se disputent aujourd'hui, avec l'acharnement de la cupidité, l'avantage d'être choisis pour guides dans la fatigante ascension des pyramides 1. Chacun d'eux a mille petites curiosités à vendre, statuettes, vases, pierres gravées, scarabées, et demande audacieusement vingt piastres d'un objet qu'il offre bientôt à une. Rien n'est comparable à leurs obsessions pour vendre, pour être préférés, pour fixer votre attention. Il n'est pas de moyens qu'ils

1 On prend d'ordinaire trois hommes pour vous aider à franchir les immenses assises; deux vous tirent par les bras, l'autre vous soutient par derrière, et encore n'arrive-t-on en haut que les jambes brisées de fatigue.

n'emploient. Ils se disputent chaque voyageur comme une proie; l'un vous saisit une jambe, l'autre un bras, celui-ci l'habit, un quatrième prend la bride de votre monture, et tous paraissent à peine sentir les grands coups de courbach que le cheik du village, accouru avec eux, leur applique comme à une troupe de chiens importuns. Le cheik frappe d'autant plus fort qu'on le regarde, dans l'espoir d'augmenter ainsi le backchis sur lequel il compte en récompense du service qu'il rend. Lorsqu'après la visite on a bien payé tout le monde, on trouve cet homme mêlé luimême au reste de la bande et à une foule d'enfants qui vous poursuivent, sans exagération, pendant plus de deux kilomètres, de leurs cris de backchis. Il n'est aucun pays de la terre où la mendicité soit poussée à ce degré d'importunité et d'abjection. C'est désolant à voir. Méhémet-Ali a tout flétri, tout corrompu, tout tué en Egypte, jusqu'à la fierté de l'Arabe du désert.

FIN.

[blocks in formation]
[ocr errors]

[ocr errors]
[ocr errors]

[ocr errors]

But du voyage, page 1.-Division administrative de l'Égypte, 2.-Diverses contributions, 3.- Manière de régler l'impôt territorial, 4.- Solidarité générale des contribuables. M. Cosseri. Le Para, 5. Villages confisqués au profit du vice-roi. Spoliation des titres de propriété, 6. Toute l'Égypte est devenue le domaine de Méhémet-Ali. Sa justification par l'histoire de Joseph, 7. Les impôts perçus à coups de bâton. Cruautés commises envers les contribuables, 8. Causes de la barbarie des percepteurs, 10. Démence féroce de certains actes de justice, 11. La famille du contribuable qui s'enfuit est emprisonnée jusqu'à son retour, 12. – Villages donnés en cadeau. Le don d'un village est une avanie déguisée. Peu de différence entre un fellah et un esclave, 13.— Exactions commises par les percepteurs. Aucun recours contre l'arbitraire. Méhémet-Ali ferme les yeux sur les déprédations, 14.- Tout le monde vole. Agiotage sur les appointements des employés et de l'armée, toujours arriérés. L'État ne doit jamais rien perdre. Ouvriers de l'État, obligés de payer la réparation des machines, 15.. - Les officiers responsables de l'équipement des déserteurs. L'armée vaincue en Syrie, forcée de payer le matériel perdu, 16. - Fonctionnaires privés de solde par punition. Mendicité générale. Backchis, 17.

[merged small][ocr errors]
[ocr errors]

Administration de la justice ; juges et prisons.

Grand-cadi, page 18. Témoins à bon marché. Vénalité des juges. Le vice-roi viole la loi. Le pouvoir des fonctionnaires est sans limites, 19.-Le garde-magasin qui cherche son voleur. Aucun tribunal protecteur du faible. Les pachas font enlever les ouvriers dont ils ont besoin, 20. Méhémet-Ali a conservé le droit de vie et de mort. Individus décapités pour avoir parlé de ce qui se passait en Syrie. Fellah pendu pour avoir abandonné son village, 21. - Assassinat d'Achmet-Pacha. Une tête tombée sauve des milliers d'existences, 22. Sorcière noyée par ordre de Méhémet-Ali, 23. Le pal, encore appliqué en 1837. Les agents du vice-roi ont aussi droit de vie et de mort. Trente fellahs pendus pour une barque pillée. Un colonel bâtonné dans le propre divan de Méhémet, 24. La bastonnade; elle tue. La question. Effroyable supplice, 25. - La torture est la conséquence logique du châtiment corporel, 26. Les Orientaux, moins cruels que nos colons, ne battent pas les femmes. Les galères, elles ne flétrissent pas. Galériens à l'arsenal d'Alexandrie. Despotisme oriental, 27. - Prison des pauvres. Dourah, 28. Les musulmans pardonnent facilement. - Prison des riches, 29. - Fatalisme. Pas d'évasion. Le bon plaisir n'a pas de statistique, 30. Petit nombre des prisonniers, 31.

[ocr errors]

-

[ocr errors]
[blocks in formation]

Prison des femmes. Le vol, rare chez les musulmanes. Elles n'échappent pas à la prostitution. Les almées ou courtisanes, page 32. - Elles sont déportées à Esneh. Pudeur de grandes villes. Prostitution des hommes tolérée, 33.— Khowals. Parades licencieuses des saltimbanques, 34.

CHAP. IV.

Hôpitaux, Ecole de médecine, Ecole de sages-femmes.

L'islamisme a toujours eu des hôpitaux et des hospices, page 35.-La science thérapeutique perdue en Égypte et en Turquie. L'institution médicale, corollaire de l'établissement de l'armée régulière. Titres. Hôpital militaire d'Alexandrie, 36. Hospice civil. Mendiants. Hôpital militaire du Caire, 37. - Maladies des yeux. Leurs causes. Quelques mesures d'hygiène en arrêteraient le dévelop pement, 38. Maternité. Enfants trouvés, 39. Hospice des fous. Service sanitaire des moudyrlicks, véritable jonglerie, 40.- La vaccine introduite à coups de bâton. Ce qu'était l'art de guérir en Égypte, 41. Belle école de médecine organisée par le docteur Clot, 42. Durée des études trop limitée. Rare intelligence des élèves égyptiens. Ils occupent aujourd'hui les principales chaires, 43. École de sages-femmes, fondée par le docteur Clot. Ses immenses difficultés, ses admirables résultats, 44. Les sages-femmes musulmanes seront des agents de civilisation, 45. La directrice de l'école d'accouchement est une négresse. La langue française mise dans le programme des écoles égyptiennes. M. Perron, 46. péen d'Alexandrie, 48.

[ocr errors]
[blocks in formation]

--

-

- Ses travaux, 47. · Hôpital euroIl appartient à la France de le relever, 50.

Arsenal, Ateliers-modèles, Fabriques.

[ocr errors]

Magnifique arsenal, construit par M. Cerisy, page 51.- Flotte créée en peu d'années. On ne pourrait faire aujourd'hui une construction navale à Alexandrie. Intelligence et adresse des ouvriers égyptiens, 52.- L'arsenal pouvait devenir une école industrielle pratique. Fonderie de Boulack. Machine à vapeur faite par les Égyptiens. Filature et fabriques de toiles de coton, 53. — Le travail rétribué avec une parcimonie révoltante. Monopole, 54. Les ouvriers des fabriques du vice-roi, enlevés de force dans les villages, traités comme des esclaves, conduits à coups de bâton et ne recevant qu'un salaire insuffisant, 55. Les manufactures fondées par Méhémet-Ali sont des spéculations particulières, 56. — Il frappe d'impôts exorbitants une usine élevée par un étranger. Il a rendu l'industrie odieuse aux Égyptiens, 57.

[blocks in formation]

Beau système d'éducation. Ecoles primaires, préparatoires et centrales. Les élèves soldés par l'État, page 58. - Toutes ces institutions sont déjà mortes ou se meurent. Ecole de cavalerie de Giseh. École polytechnique, 59. Ses résultats. Les professeurs sont volontairement remplacés par des indigènes d'une manière prématurée, 60.- Cours de droit administratif, par M. Solon; nouvelle jonglerie, 61. — Méhémet-Ali n'est pas doué de la persévérance qui produit les choses durables. La solde des élèves, payée aujourd'hui plus irré

« PreviousContinue »