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le terrain, il préfère cependant celui qui, à la légèreté, joint une fraîcheur habituelle.

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L'auteur s'occupe ensuite de la culture des autres espèces d'acacia, tels que l'acacia - rose, le caragan, l'acacia doré de Tartarie, l'acacia-nain de Sibérie l'acacia sans épines, arbre précieux pour le fourrage qu'il produit, et l'acacia à trois épines ou fêvier d'Amérique, gleditzia triacanthos, très-bel arbre plus robuste et plus durable que le robinier, et qui s'élève comme lui jusqu'à trente et quarante pieds.

VI. Mémoire de M. Dettmar-Basse sur la culture du robinier.

L'auteur recommande la culture de cet arbre dans les forêts. D'après sa méthode, il faut choisir un bon terrain, le défoncer jusqu'à la profondeur de deux ou trois pieds (1), le bien ameublir, semer ensuite lorsque la terre a acquis de la chaleur, c'està-dire, vers le 15 au 20 mai, après avoir fait tremper la graine pendant vingt-quatre heures; ne la pas trop couvrir de terre, trois lignes devant suffire; quelques jours après la semaille, arroser le semis le matin, et lorsqu'il n'y a plus de gelée à craindre arroser de préférence le soir; le purger des mauvaises herbes; cesser les arrossemens vers le 20 septembre, où les acacias sont assez ordinairement à la hauteur de trois à quatre pieds; couvrir les jeunes plantes, sur la fin d'octobre, d'une couche de feuilles sèches d'un pied d'épaisseur, pour défendre contre le froid leurs racines qui sont encore tendres, et lorsque ces feuilles sont affaissées, les recouvrir d'un second lit de même épaisseur.

(1) Dix-huit pouces sont bien suffisans.

Au printemps suivant, ajoute-t-il, les plus fortes tiges peuvent être transplantées au lieu de leur destination définitive; les plus petites attendent l'autre printems, et, en faisant cette transplantation, il faut avoir soin de conserver intacte la racine pivotante, particulièrement lorsqu'on la destine à former la haute futaie.

M. Dettmar-Basse donne ensuite quelques extraits des principaux auteurs qui ont écrit sur l'acacia. Ces auteurs sont : 1o. MILLER (1768), qui conseille de semer sur un terrain léger, vers la fin du mois de mars, ou dans le commencement d'avril, et qui assure que si ce terrain est exposé au soleil, les acacias lèveront cinq à six jours après, sans exiger d'autre culture que l'extraction des mauvaises herbes, et pourront être transplantés au mois de mars de l'année suivante. 2o. KROHNE (1770), qui recommande de bien préparer le terrain, de semer en rayons, et de ne couvrir les graines que d'un demi-pouce de terre au plus: et qui laisse le choix entre les deux saisons de l'automne et du printemps, pour exécuter les semis; mais qui incline pour le printems. 30. DUROY (1772), qui préfère pour la multiplication de cet arbre, la voie des semences à celles des rejetons, parce que la dernière ne produit jamais des arbres aussi élevés. 4°. Mench (1785), qui répète la même observation, rappelle les nombreux avantages que cet arbre procure aux Américains, et assure qu'il réussit partout, même dans un terrain sec, mauvais et sablonneux, pourvu qu'on y mêle un peu de terre ordinaire; avec la différence pourtant qu'il croît plus vite et devient plus beau dans un terrain bon, humide et léger. 5o. EHRHART (1787), qui compare l'acacia au platane, et trouve que le premier vient encore plus vite. 6°. BURGSDORF, dont j'ai fait connoître la méthode ( dans la traduction du Manuel

forestier que j'ai donnée de cet excellent auteur) et qui consiste principalement à faire tremper la semence pendant trois jours, à la laisser ressuyer un peu, à la semer dans des lignes droites, à la recouvrir de trois lignes de terre, à l'arroser ensuite souvent et légèrement, s'il fait un temps sec; à mettre les jeunes plantes en pépinière, au printems suivant, peu de tems avant la sortie des feuilles, et à les placer à un pied de distance. Mais lorsqu'on veut en former un bois, il conseille d'employer des plants d'un an, tirés des semis, sans les mettre préalablement en pépinière; et s'il s'agit d'obtenir de grands arbres, il veut que l'on plante à six pieds de distance, les acacias levés de semences, dans un terrain de bonne qualité, frais, mêlé de terre végétale, et situé au midi, où le vent de l'ouest ne puisse les atteindre. 70. MARSHALL (1788), qui fait un éloge pompeux de cet arbre, et en recommande la culture à ses compatriotes, dans leurs jardins, dans leurs bois; et qui préfère, pour les bois qu'on destine à former des taillis, d'employer des rejetons qui ont la faculté de se reproduire à l'infini.

Les extraits que M. Dettmar-Basse a faits de ces auteurs, sont suivis d'une note de M. FRANÇOIS-DENEUFCHATEAU, sur les ouvrages de Jean Robin, à qui nous devons l'arbre qui fait l'objet de l'intéressant recueil dont je présente l'analyse. L'ouvrage contient aussi un rapport très-bien fait de M. CHALLAN, à la Société d'agriculture de Seine et Oise, sur le Mémoire de M. Dettmar-Basse. Le rapporteur, après avoir payé à M. Basse le tribut d'éloge qu'il mérite par ses utiles travaux, et rappelé ses procédés de culture, observe qu'avec moins d'arrosemens qui ont prolongé l'état herbacé des plants, on n'auroit peut-être pas eu besoin de les couvrir de feuilles; et qu'il a semé des acacias sans autre soin que celui que l'on prend pour

les arbres forestiers ordinaires, et que ses plants sont devenus vigoureux et n'ont pas gelé.

Enfin, on lit dans ce recueil des observations sur l'acacia, par M. MULLER, ancien cultivateur, qui dit qu'une forêt d'acacia doit être plantée, et qu'il faut se garder de jeter la graine sur un vaste terrain, comme on fait communément, lorsqu'on sème les autres bois des forêts; l'extrait d'un ouvrage anglois sur diverses espèces d'acacias, et les notes de M. François-de-Neufchâteau. Sur ce dernier article, l'auteur anglois assure que les espèces qu'il décrit se sont souvent propagées de boutures plantées en octobre dans des endroits humides. M. François-de-Neufchâteau recommande aux agronomes de faire des essais pour vérifier cette assertion, et de la tenter principalement sur l'espèce précieuse du Robinia inermis, acacia sans épines, qui seroit si utile dans l'économie foresrestière et rurale (1).

Il paroît que l'acacia inermis se multiplie aussi de graine, car j'ai trouvé plusieurs jeunes arbres de cette espèce (il y a un an, dans les plantations de DUHAMEL à Denainvilliers) qui avoient poussé des rejetons de la même espèce. Je n'ai pas été moins surpris de voir des graines sur cet arbre, qu'on assuroit ne pas fleurir dans nos climats. M. le Conservateur forestier de l'arrondissement, qui cultive, avec un soin particulier, toutes les espèces utiles que lui présentent ces intéressantes plantations, a semé de ces graines, et en a fait passer à l'administration, qui ont été semées à Mouceau. Nous en attendons le résultat.

Il me reste à faire connoître la méthode employée

(1) Des expériences récentes ont prouvé que pour faire reprendre l'acacia de bouture, il faut couper sur un vieil arbre des branches d'un an, auxquelles on laisse un talon de bois de deux ans. Je ferai connoître ces expériences.

dans nos pépinières et plantations forestières pour la culture de l'acacia.

Méthode suivie, avec tout le succès imaginable, dans la pépinière de Mouceau.

Je commencerai par la récolte des graines du robinier, et je suivrai toutes les opérations de la culture de cet arbre, jusqu'à l'âge où il n'a plus besoin des secours de l'art.

Récolte des graines.

Cette récolte commence au mois d'octobre, et se continue jusqu'au mois de décembre. Les personnes qui s'y livrent placent un tablier devant elles, se servent d'échelles de la hauteur des arbres; prennent à la main les bouquets de gousses qui se trouvent à leur portée; coupent ceux qui sont plus éloignés avec un échenilloire, un croissant, ou un petit crochet attaché à une perche très légère, et les font tomber par terre. Des enfans s'occupent de les mettre dans des sacs, qu'on transporte en lieux secs. On profite d'un temps sec pour les battre, et en nettoyer les graines. On emploie au chauffage les gousses vides.

On a remarqué que les graines se conservoient bien mieux, et levoient plutôt, quand on les laissoit passer l'hiver dans leurs gousses.

Terrains, leur préparation.

Le robinier s'accommode de différentes qualités de terrains; mais il préfère un terrain léger et frais, et il aime surtout les sables humides. On fait un profond labour, en mettant les herbes et le gazon au fond de la jauge.

Semis.

Les semis se font de diverses manières : en petit et en grand; en rayons et à la volée.

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