Page images
PDF
EPUB

1. En petit, dans les établissemens où l'espace doit être ménagé. On sème, soit en rayons', soit à la volée. Dans le premier cas, on pratique, avec une serfouette, le long d'un cordeau tendu à cet effet, des rayons de trois pouces de profondeur, à la distance de 7 à 8 pouces entr'eux. Il est avantageux de répandre, dans les rayons, 18 lignes de terreau de couche sur lequel on senie la graine, et de la recouvrir ensuite de six lignes du même terreau. Ce qui reste ouvert de la rigole sert à recevoir les arrosages.

Dans le second cas, c'est-à-dire, lorsqu'on veut semer à la vclée, on prépare des planches de quatre ou cinq pieds de large, sur un terrain bien labouré. On ramène, avec un rateau, les terres sur les bords de la planche, de nianière à lui donner trois ou quatre pouces de profondeur. On y répand un foible lit de terreau, ou de bonne terre, d'environ six lignes d'épaisseur, ou plus, selon la dépense qu'on veut faire; puis on procède aussitôt au semis, qu'on recouvre de six lignes de même terreau ou terre. Ces planches, bordées des terres qu'on a ramenées sur leurs côtés, conservent bien l'humidité des arrosages. Il en est de même des rayons qui restent un peu renfoncés.

Les deux méthodes qu'on vient de décrire sont bonnes; mais les semis en rayons doivent avoir la préférence, parce qu'on peut les biner avec la serfouette, tandis que ceux faits à la volée ne peuvent être que sarclés.

On peut semer plus ou moins drus. Si on sème clair, les plants seront plus beaux. Si on sème épais, il faudra extraire les plus forts la première année, faire de même la seconde, et peut-être la troisième. Enfin, s'il y a eu excès dans la manière de semer, on sera forcé de faire un repiquage; mais les plants, repiqués à six lignes de distance, ne perdront rien de leur valeur, et feront de grands progrès.

Il faut cependant observer un milieu, et se rappeler que, pour obtenir de beaux plants, on doit écarter la

semence.

On peut assurer que la bonne manière est d'employer une livre de graines par 100 toises de longueur, pour les semis en rayons; et une livre par 10 toises carrées pour les semis à la volée (1).

2o. Les semis en grand se font ou en rayons, ou à la volée.

Quand il s'agit de former un bois de robiniers, par la voie du semis, on fait défoncer le terrain six mois d'avance, soit à la charrue, soit à la bèche, à 15 pouces de profondeur. On donne une seconde façon peu de temps avant de semer. Les semis à la volée, se font après un hersage sur un terrain défriché à la charrue, et ceux en rayons dans un terrain défoncé.

Dans le premier cas, il faut vingt livres de graines par arpent; on la sème dans les raies de la herse, et on la recouvre, avec le dos de cet instrument, quand on opère dans des sables. On peut cependant augmenter la quantité de graines, selon les besoins qu'on a de plants, ou bien répandre sur le terrain, après que le robinier a été recouvert, des semences d'arbres verts de toute espèce. Les plants d'acacia leur procureront un ombrage précieux.

Quant aux semis en rigoles, dans les terrains qu'on veut mettre en bois, on y procède ainsi: on trace avec une serfouette, sur la longueur d'un cordeau, des rayons qui doivent, autant que possible, être dirigés de l'est à l'ouest, et qu'on espace de deux à trois pieds (2). On sème clairement dans ces ri

[ocr errors]

I

(1) Pour pépinière en rayons. Il fant 1 livre par 100 toises de longueur, chaque rayon placé à 6 pouces, ce qui fait 300liv. par hectare.

·(2) Pour semis en rigoles à demeure; à 3 pieds de distance, il faut 50 livres ; et à 4 pieds, 37 liv. 8 onces par hectare.

goles, et comme elles sont bordées de chaque côté, par la terre extraite avec la serfouette, on recouvre la graine au moyen de la bordure qui se trouve au nord, en en rabattant une partie avec le dos d'un rateau; et on laisse intacte la bordure du midi, pour servir d'abri aux jeunes plants.

On peut encore semer par potets de quatre en quatre pieds, sur des lignes tracées au cordeau, en observant de placer les potets en quinconce; on fait un petit trou, d'environ un pouce de profondeur, dans lequel on met 3 ou 4 graines qu'on recouvre de six lignes de terre. Cette manière, qui économise beaucoup la graine, procure un bois planté régulièrement.

Mais de ces diverses manières de semer, celle en rayons paroît la meilleure.

Tous les semis doivent se faire au commencement du mois de mai, lorsqu'il n'y a plus de gelée à craindre; on les couvre de six lignes de terre légère, et ils lèvent ordinairement au bout de huit jours si le temps est chaud et humide.

M. Chorengel, qui dirige la pépinière de Mouceau, et qui m'a fourni une grande partie des observations que je viens de rapporter, dit que dans le cours de ses opérations, il a semé depuis le commencement de mars jusque vers le quinze juillet. Il faut, selon lui, recouvrir, dans toutes les terres légères et humides, les semis faits en mars, davantage que ceux qu'on exécute dans les mois suivans. Un semis qu'il avoit fait au mois de mars, et recouvert de deux pouces de terre, n'a levé que le quinze mai; tandis qu'un semis fait le quatre mai, et couvert seulement de six lignes de terre, s'est montré dès le dix et le onze du même mois. Il a encore observé qu'un semis fait au commencement d'avril, et légèrement recouvert, sort de terre, lorsque le temps est beau, au bout de dix jours; mais qu'il

est exposé à périr par les gelées qui surviennent vers la fin de ce mois.

Quand on est contraint de semer fort tard, il faut faire tremper les graines pendant vingt-quatre heures, les laisser ressuyer un peu, les semer ensuite et arroser souvent les semis pour que les plants puissent acquérir assez de force pour résister aux gelées de l'hiver.

Dans les semis faits au mois de juillet, auxquels on ne peut procurer d'humidité, on perd la moitié des plants, parce qu'ils restent herbacés, et que cet état les empêche de résister aux gelées.

Plantation.

Quand on veut former des arbres de ligne, on choisit les plus beaux plants dans les semis de l'année, et on les plante en pépinière dans un terrain défoncé et préparé à cet effet. Il faut, pour obtenir de beaux arbres, les placer à deux pieds de distance en tous sens. On pourroit les mettre à dix-huit pouces entre eux sur des lignes distantes de deux pieds; mais la première plantation est préférable, quand on a du

terrain.

Après la plantation, on rabat les plants de deux à trois pouces hors de terre; on leur donne de fréquens binages par la suite, et si le terrain est sec et sablonneux, ces façons doivent avoir lieu de préférence dans les temps secs: elles procurent de la fraîcheur à la terre. On les laisse dans cet état la première année; mais à la seconde, outre les binages qu'il faut continuer, on doit, après la première séve, commencer à les ébourgeonner. Cet ébourgeonage consiste à rompre les jeunes branches latérales à six ou huit pouces de la tige. On répéte

cette opération, si la séve est abondante. A la troi sième année, au printemps, on les arrête à la hauteur où ils doivent former leur couronne; c'est ordinairement à six ou sept pieds, et on continue les ébourgeonages. A la quatrième année, encore au printemps, on les élague près du tronc, depuis le bas jusqu'à la couronne : c'est l'âge auquel on doit avoir des arbres formés.

Ces arbres plantés,isolément ou en ligne, ont encore besoin du secours des hommes. Les vents leur sont funestes, il les renversent ou les font éclater. Pour prévenir ces accidens, il faut éviter de leur laisser des fourches en les plantant, les appuyer par des tuteurs, ou les garnir de fortes épines, et les ébrancher souvent avec un croissant, dans les cinq premières années de leur transplantation.

Quant à la plantation du robinier en massif, elle se fait avec du plant d'un ou deux ans, en suivant les mêmes procédés que pour les autres arbres forestiers. Mais on doit le défendre de l'approche des animaux, et surtout des lapins qui sont très-friands de la feuille de cet arbre.

Résultat des méthodes qu'on vient de rapporter.

Il résulte de ces diverses méthodes, 1°. Que le terrain doit être léger, sablonneux, pas trop humide bien ameubli, exposé au nord plutôt qu'au midi. 2° Que de tous les moyens de multiplication, celui des semis est le meilleur, puisqu'il procure de plus beaux arbres, 3°. Qu'il faut faire tremper la graine pendant vingt-quatre heures, quand le terrain est sec, cu la saison avancée, et faire arroser légèrement. 4°. Qu'il est toujours préférable de semer au commencement de mai, dans des rayons de sept à huit pouces de dis No. 11.

9

« PreviousContinue »