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« Cette 1. coupe est appelée par les Allemands, Dunkelschlag, c'est-à-dire, mot à mot, coupe sombre. Cette expression peint parfaitement l'état de la coupe après ce premier abattis : toutes les cîmes rapprochées donnent un ombrage épais qu'on peut appeler sombre; ils la nomment aussi coupe d'ensemencement, (besaamungs-schlag), parce que le réensemencement est, en effet, le but de cette première opération. La plupart des François, établis dans ce pays, ont francisé le mot allemand, et toutes les fois qu'il s'agit d'entamer une futaie, il disent : Nous allons faire le dunkelschlag, ou bien la coupe d'ensemencement. C'est sous cette dernière dénomination, que nous désignerons désormais la première exploitation d'une coupe de futaie pleine qu'on veut réensemencer naturellement.

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« La coupe d'ensemencement ou dunkelschlag voyez la traduction) reste dans cet état jusqu'à ce qu'elle soit couverte de jeunes plants, et qu'ils aient atteint la hauteur de 9 à 18 pouces ; à cet âge ils sont assez forts pour avoir besoin de plus d'air et de chaleur; il faut alors enlever une partie des arbres réservés cette seconde exploitation s'appelle coupe claire, (lichtschlag). Son but est de donner de l'air aux jeunes recrus, en éclaircissant les arbres anciens. Nous l'appellerons coupe secondaire. Nous ne lui donnons pas le nom d'éclaircie (qui correspondroit mieux au terme allemand), afin de ne pas confondre cette deuxième opération, qui ne porte que sur les arbres anciens, avec les éclaircies qui se font sur la jeune futaie, et dont il sera parlé ciaprès.

« J'ai dit que la coupe secondaire ne devoit enlever qu'une partie des arbres réservés dans la coupe d'ensemencement; on en conserve encore un de 20

en 20 pas environ, soit pour achever le réensemensement des places qui ne seroient pas suffisamment couvertes de recrus, soit pour ne pas priver entièrement, et, tout à coup, ces jeunes plantes de l'ombrage nécessaire à leur première enfance.

«Enfin, lorsque les recrus ont atteint la hauteur de 2, 3 ou 4 pieds, et pris assez de force pour qu'il n'y ait plus de danger à les exposer entièrement aux plus grands froids, et à toute l'ardeur du soleil, on procède à une troisième exploitation dont le but est d'enlever, ou la totalité, ou la très-grande partie des arbres réservés dans la coupe d'ensemencement ou dans la coupe secondaire. L'auteur (M. Hartig) développe les cas dans lesquels il convient d'abattre la totalité ou bien de conserver par hectare 10 ou 12 de ces anciens, qui resteront alors jusqu'à la révolution suivante, déterminée suivant les localités, à 90, 100 ou 120 ans. Cette 3. exploitation, si elle est la dernière, s'appelle coupe finale ou coupe définitive, (abtriebsschlag).

« J'ai dit, si elle est la dernière; en effet, il est à observer que, dans la pratique, le réensemencement est quelquefois si incomplet, après la coupe d'ensemencement, et même après la coupe secondaire, qu'on ne peut procéder à la coupe finale, qu'après avoir fait une 2e. coupe secondaire; ainsi la coupe finale n'est que la 3. ou la 4. des opérations forestières qui ont successivement porté sur la 1. division ou 1. coupe de notre futaie; ainsi entre la coupe d'ensemencement (dunkelsschlag) et la coupe finale (abtriebsschlag), il a fallu quelquefois laisser écouler un espace de 6 à 8 ans, suivant que les années ont été plus ou moins riches en

semences.

«Enfin, après cette coupe finale, nous voilà par

venus à couvrir notre terrain de jeunes brins, crus de semences, et destinés à former à leur tour une futaie de hêtre.

« Lorsque le réensemencement a été bien conduit, ce jeune recru est quelquefois si épais, qu'il formeun massif impénétrable. On remarque, à chaque page de l'ouvrage, que cet état serré est regardé, par l'auteur, comme une des premières conditions. sans lesquelles on ne peut espérer que ces jeunes. plants donneront un jour une futaie d'arbres sains, droits et élancés.

« Dans cette première enfance, et jusqu'à l'âge de 15 ou 20 ans, ils n'ont besoin que des soins deconservation, qui doivent les défendre de toute invasion des bestiaux et des délinquans.

« A cette époque, il est possible que les bois blancs, tels que le tremble, le bouleau, et le marceau, dont la croissance est plus rapide que celle des bois durs,se soient déjà emparés de plusieurs places, et me-. nacent d'étouffer les jeunes brins de hêtres; dès-lors,, il va devenir avantageux de faire de temps en temps, Fextraction de ces bois blancs. On doit prévoir encore que dans un état serré, les jeunes plants de hêtres n'auront pas une croissance égale; les plus foibles languiront et finiront par être étouffés par les plus forts. C'est lorsqu'ils arrivent à l'âge de 30 à 40 ans, que le forestier attentif doit fixer ses regards sur cette lutte des brins les plus foibles contre les plus vigoureux, pour décider la victoire en faveur de ces derniers; pour leur procurer plus d'air et plus de nourriture, il doit procéder à une ". éclaircie, (durchgätung, durchläuterung, plaenterschlag,) qui nétoiera la forêt de tous les bois blancs et en même-temps de tous les brins de hêtre, qui seroient languissans ou à moitié morts; mais dans.

re

le cours de cette opération, l'on ne perdra pas de vue le principe fondamental de la conduite d'une jeune futaie elle doit rester close; le forestier alJemand appelle forêt close, celle dont les cîmes sont assez rapprochées pour se toucher se prêter un appui mutuel, et clore, si l'on peut s'exprimer ainsi, le haut de la forêts. Dans cet état, les jeunes arbres, élancés et foibles ne vivent, pour ainsi dire, que par leurs têtes et leurs racines; tout leur accroissement est presque en hauteur; leur rapprochement fait leur force; les isoler, seroit les perdre; mais tenir la futaie qu'on élève, ainsi close ou dans cet état serré, c'est un des premiers principes du forestier allemand.

A l'âge de 50 ans dans un bon sol, à l'âge de 60 à 70 ans dans un terrain médiocre, le district destiné à croître en futaie, doit être de nouveau nétoyé de tous les bois blancs et en même temps de tous les bois languissans qui ne peuvent pas achever le reste de la révolution, et qui disputeroient, en pure perte, une partie de la nourriture aux brins plus vigoureux. Cette opération que nous nommerons 2. éclaircie(1),

pas

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(1) « La nécessité et les avantages des éclaircies, dans la formation des futaies, n'ont pas été inconnus en France jusqu'à ce jour; on les trouvera parfaitement développés dans les ouvrages de deux écrivains habiles, VARENNES et DEPERTHUIS, qui n'avoient jamais lu ni Hartig ni Burgsdorf. Les forestiers allemands, dont le génie et les expériences n'étoient subordonnés à l'ordonnance de 1669, peuvent revendiquer exclusivement la découverte du principe des réensemencemens naturels des futaies; mais sur la préférence due à ce mode d'aménagement, sur la conduite des éclaircies, Deperthuis a dit des choses neuves et a posé la base de la solution de ce grand problême : Quel est le meilleur mode d'aménagement? solution que Buffon et Duhamel, et tant d'autres ont inutilement cherchée.

sera toujours subordonnée à ce principe général : la forêt doit rester close (dichten schluss behalten). A cet effet, on laissera, tous les trois pas, un des brins les plus forts et les mieux venans.

Si le sol est bon, et que l'aménagement doive être poussé jusqu'à 100 ou 120 ans, une 3m, éclaircie, à l'âge de 80 à go ans, nétoyera la forêt de tous les brins languissans et de tous les bois non portant fruits (unfruchtbar) (1). Après cette dernière opé

(1) «Dans le sens de l'auteur, les bois portant fruits, sont le chène et le hêtre; les autres qui n'offrent pas la ressource de la glandée, sont placés dans une classe inférieure ; sans excepter le charme, qui mérite cependant, comme bois de chauffage, un des premiers rangs parmi les arbres forestiers. Je crois devoir saisir l'occasion d'expliquer cette distinction des bois portant fruit et des bois non portant fruit. Les forestiers allemands dans leur système d'aménagement des bois à feuilles, n'admettent à l'honneur de croître en futaie, que le chêne et le hêtre dont il`font une classe particulière, sous le nom de bois portant fruit. On remarquera que M. Hartig, dans ses éclaircies ou coupes d'expurgation d'une futaie qu'il élève, semble faire une guerre à outrance aux bois blancs, ainsi qu'à toutes les autres essences désignées sous le nom de bois non portant fruit (unfructbar); voici les raisons de cette préférence bien prononcée 1o ces bois non portant fruit, ont des semences légères que le vent transporte au loin avec une facilité et une abondance incalculable; ils croissent avec plus de rapidité, que les bois durs, et arrivent plutôt au terme du dépérissement; donc, on ne peut les admettre ni à un aménagement commun, ni à un aménagement en futaie; 2°. ils ne présentent pas les mêmes ressources que le chêne et le hêtre pour la nourriture des bestiaux; ressource qui, dans une année riche en glands et en faines, économise à la société des milliers de sacs de graines; 3°. ils n'ont pas, comme le chêne et le hêtre, l'avantage de fournir tout à la tois des bois précieux pour le chauffage, pour les constructions et pour toute espèce de services.

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