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que l'art chercheroit en vain à imiter; jamais les feuilles ne captiveront aussi agréablement le sens de l'odorat. Quelques-unes seulement après avoir été sollicitées par un léger frottement, laissent à peine émaner quelques principes odorans; au lieu que l'arome s'échappe de toutes parts de la riche corolle et vient prévenir délicieusement nos sens. »>

«Si ces dernieres divisions des plantes n'éblouissent pas notre vue par un mélange de brillantes couleurs, l'œil fatigué de l'éclat des fleurs, aime cependant à se reposer sur le vert léger que les feuilles présentent, et voit, avec plaisir, des formes diverses dont la nature s'est plu à disposer leurs contours.

«Si les sensations que nous font éprouver la verdure des plantes et celle des arbres élevés qui ornent nos forêts, sont moins vives, elles se prolongent an moins pendant une grande partie de l'année; les feuilles nécessaires à l'entretien de la vie dans les végétaux, font le seul ornement dont ils se trouvent parés : mais nous le regrettons lorsque l'approche de l'hiver vient nous en priver. »

"A cette époque, nous sentons le prix de cette verdure que nous cherchons à rappeler : nous voyons avec plaisir, le triste cyprès, l'iflugubre, le pin orgueilleux, l'humble alaterne nous dédommager par leur feuillage verdoyant, de la triste uniformité qui règne alors dans la nature. »>

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L'auteur rappelle ensuite les essais infructueux que firent quelques botanistes pour établir un système de classification des végétaux, fondé sur lå forme des feuilles, leur position, leur nature, etc., puis, il donne une idée générale de l'ensemble de son travail : « On doit commencer, dit-il, par définir la feuille; ce qui n'est pas aussi facile qu'on se l'ima

gine; d'abord, parce qu'il faut y rapporter plusieurs parties des plantes que l'on a distinguées par des noms particuliers, et qui par la consistance, la forme, la nature et les fonctions, se rapprochent entièrement des feuilles ; il faut faire connoître les parties qui entrent dans leur texture, et que l'on peut observer lorsqu'on en fait un examen particulier, soit dans les feuilles les plus ordinairess, soit dans celles qui présentent quelques particularités dans leur substance. Après avoir considéré la feuille en elle-même, il sera nécessaire d'exposer les rapports différens qu'elle présente avec le corps de la plante: ainsi, nous parlerons du lieu d'insertion des feuilles relativement au végétal; de leur position comparée au point de la surface de la plante qui les supporte, ou comparée avec les autres feuilles; nous ferons connoître les directions variées qu'elles présentent ; l'ensemble qu'offre leur contour; les formes particulières affectées à la base, au sommet ou aux angles. La marginature, l'expansion, la surface, la coloration, la pubescence, présenteront une foule de particularités, qui toutes seront exposées avec méthode et clarté. A ces considérations devront succéder celles qui donneront quelques éclaircissemens sur l'histoire des feuilles, et seront renfermées dans la physiologie de ces organes; nous traiterons de leur développement, de leur nutrition, des diverses phénomènes qu'elles présentent dans le cours de leur existence, soit par leurs mouvemens soit leur sommeil. Leur chute, les causes qui la déterminent, celles qui la retardent dans certaines contrées, seront développées et completteront notre travail, que nous terminerons par quelques considérations générales et relatives aux propriétés, à l'odeur des feuilles aux accidens qu'elles éprouvent, soit par des ma

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ladies qui leur sont propres, soit par celles que leur causent les nombreux insectes qui les attaquent. » Après avoir ainsi tracé le plan de son ouvrage, l'auteur insiste sur l'utilité de l'étude des feuilles pour reconnoître et distinguer les plantes. Puis, il entre en matière il donne des notions générales sur les feuilles ; il en présente la définition; rapporte, à ces parties des plantes, des organes connus sous d'autres noms, tels que les stipules et les bractées ; fait connoître les feuilles avec les parties qui les composent les divise en trois ordres, savoir; en feuilles simples, en feuilles polytomes, et en feuilles composées; il les examine avant leur développement, c'est-à-dire, dans les graines, dans la plantule, et dans le bouton qu'il distingue en œil, en bouton proprement dit, et en bourgeon, selon le temps où on l'examine, ou suivant son plus ou moins de développement.

Nous bornerons ici l'analyse du plan de cet ouvrage qui, s'il est exécuté avec le même soin qu'on remarque dans la première livraison, quant à l'ordre des matières à la clarté du texte, et à l'exécution des figures, ne pourra manquer d'être utile à l'étude de la botanique, et par conséquent à celle des végétaux qui intéressent les forêts. C'est principalement dans cette dernière vue, que nous avons voulu en parler dans ces Annales. BAUDRILLART.

N.. 3. Annuaire statistique du département du Mont-Tonnerre, pour l'année 1809; par F. BODMANN, chef de division à la préfecture (1). On ne peut qu'applaudir, sans doute, au zèle des

(1) Vol, in-12 de 300 pages, imprimé à Mayence; et se

parsonnes qui s'occupent de la statistique, et qui, par la position où elles se trouvent, peuvent donner des renseignemens, également utiles et exacts sur un ou plusieurs départemens.

Nous avons vu paroître, depuis environ dix années, un nombre considérable d'ouvrages de ce genre, et si tous ne présentent pas le même degré d'intérêt, on doit cependant convenir que chacun d'eux offre avec exactitude des renseignemens de détail qu'on ne trouve nulle part, et qui dès-lors ne peuvent être considérés comme sans mérite.

L'Annuaire que nous annonçons est à peu près. distribué de la même manière que ceux des autres départemens.

On y traite, en effet, de la topographie, des fleuves, des rivières, des fontaines et sources minérales, des montagnes, des forêts, des routes et chemins vicinaux, de la nature du sol, de la température, de l'histoire naturelle, de la population, de la division territoriale, du langage, de la religion, de l'état des citoyens, de l'instruction publique, de l'agriculture, des produits territoriaux, de l'industrie, et du commerce, des manufactures et fabriques, des mines et tourbières, des foires et marchés, enfin de l'organisation judiciaire et administrative.

Sans entrer dans le détail de ces différens objets, nous nous bornerons à parler de ce qui concerne la partie forestière.

L'auteur annonce que le département du MontTonnerre, est l'un des plus boisés de l'Empire, puis

trouve, à Paris, chez ARTHUS BERTRAND, libraire, rue lante feuille, no. 23

que plus d'un cinquième de son territoire est couvert de forêts (1).

Elles s'y trouvent assises, suivant l'auteur, partie en plaine, partie sur la croupe des côteaux, dans une proportion à peu près égale. Une moitié, dit-il, appartient au domaine impérial; l'autre moitié à des communes ou à des particuliers, soit par indivis avec l'état, soit par propriété indépendante et sans partage. Le chêne, le pin, et le hêtre sont les essences dominantes. Le chêne se plaît à l'aspect du nord, et dans les sols fertiles, où on dit qu'il acquiert jusqu'à 8 mètres (plus de 24 pieds) de tour; le hêtre ne prospère que dans les terrains peu substanciels (2)

Le charme croît partout, l'orme et le fresne aiment un sol léger et humide; le tilleul, le tremble, le saule, et les autres bois blancs viennent surtout, dit l'auteur, dans les lieux bas et aquatiques. Le melèze, ajoutet-il, est encore rare; quoique les anciens souverains aient puissamment favorisé l'introduction de cet arbre utile qu'on a même planté avec succès dans quelques parties de bois dont le sol épuisé ne se prêtoit plus à la reproduction des hautes futaies, dont il étoit au→ trefois couvert.

L'abondance des bois de première qualité, dans laquelle le département se trouvoit, s'est opposée, dit l'auteur, à ce qu'on y introduisit le platane, le faux

(1) Nous remarquerons que, sous le rapport de l'étendue des bois qu'il possède comparée à celle du territoire entier le département du Mont-Tonnerre n'est que de la deuxième classe; puisque plusieurs départemens ont un tiers où un quart de leur superficie en forêts, et que le département de la Nièvre en a même cinq douzièmes. (Note du Rédacteur.)

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(2) C'est une erreur. Le hêtre se contente, sans doute, d'un terrain de médiocre qualité ; mais il croît mieux dans les bons fonds dans les autres.

que

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