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grand nombre d'arbres et d'arbrisseaux. Les plus utiles, même de ceux qu'on y cultive aujourd'hui, tels que la Vigne, l'Olivier, le Pècher, l'Abricotier le Murier blanc, le Noyer, etc., sont étrangers, et ont été introduits anciennement; mais c'est particulièrement depuis la fin du seizième siècle, époque à laquelle l'étude de la botanique a commencé à faire des progrès, que nos richesses végétales ont considérablement augmenté. Le désir de connoître des les plantes nouvelles a excité le goût des voyages; gouvernemens de l'Europe les ont favorisés, et une multitude d'arbrés et d'arbrisseaux utiles ou d'agrément, recueillis dans les diverses parties du globe, sont venus peupler et embellir nos jardins et nos vergers.

L'Asie mineure nous a donné le Cèdre du Liban, le Marronnier d'Inde, l'Arbre de Judée, les Lilas et diverses espèces de fleurs, qui font l'ornement de nos parterres.

« Les Voyageurs qui ont abordé à la Chine et au Japon, nous ont envoyé le Sophora, le Thuia, l'Aylante, le Mûrier à papier, le Camellia, arbrisseau remarquable par la beauté de son feuillage et par l'éclat de ses fleurs.

que

« On cultive aujourd'hui en France plusieurs Chènes originaires de l'Amérique septentrionale, qu'il seroit utile de répandre dans nos forêts, tels le Chêne blanc, employé dans les grandes constructions, le Chêne à feuille de Châtaignier, arbre d'une haute taille, et dont le bois est également d'un très-bon emploi; le Chêne vert de Caroline, qui croît dans les sables et dans les dunes des bords de la mer, le Quercitron, dont l'écorce fournit une couleur jaune employée à teindre les cuirs, et qui leur donne beaucoup de prix.

« Nous avons diverses espèces de Frênes apportés des mèmes contrées, qui méritent d'être propagés pour la beauté de leur port et pour les excellentes qualités de leur bois; plusieurs Érables, parmi lesquels se trouvent l'Erable rouge et l'Erable à sucre, dont le bois souple, ferme, uni, et quelquefois agréablement marbré, est propre à faire des meubles, et de superbes ouvrages de marqueterie.

« L'Amérique septentrionale nous a donné, en outre, le Bouleau à canots, avec l'écorce duquel les Canadiens font ces pirogues légères qu'un homme peut transporter d'un fleuve à un autre; un grand nombre de beaux Peupliers, de Noyers qui ont un bois solide, colorés et d'un très bon usage, tels que le Noyer noir, le Noyer cendré, l'Ikori, le Pacanier, dont la noix est très-bonne à manger; des Ormes, des Micoucouliers, le Charme de Virginie, avec lequel on fait des essieux, des dents, des engrenures de roues, des poulies de vaisseaux; le Tupela aquatique, arbre de 30 mètres de hauteur, dont les racines, fongueuses et légères, ont un bois propre à remplacer le liége pour beaucoup d'usages ; le Tupélo de montagne, employé au charronnage; différentes espèces d'arbres résineux, du nombre desquels sont le Genévrier de Virginie, qui vient dans les terrains les plus arides, et dont le bois est odorant, d'une belle couleur rouge, et d'une longue durée; le Cèdre blanc, recherché en Amérique pour les constructions, le Pin du lord Weimouth, remarquable par la finesse et l'élégance de son feuillage; les Sapinettes blanche et noire avec lesquelles on fait de la bière dans le nord de l'Amérique; le Baumier de Gilead, d'où découle le baume de Canada, employé en médecine; le Cyprès chanvre, arbre trèsgros et très élevé, qui croit dans les terrains inon

dés, dont le bois est très-léger, très-durable, facile à travailler, et excellent pour faire de la volige.

« Tous ces arbres, et beaucoup d'autres que je passe ici sous silence, ne sont encore cultivés en France que dans les parcs et dans les jardins de botanique, comme objets d'agrément ou d'instruction; mais ils deviendront d'une utilité générale, lorsque le Gouvernement aura ordonné d'en faire des cultures dans ses pépinières, et qu'il les aura répandus dans ses forêts.

« Nous devons encore au nord de l'Amérique, plusieurs arbres et arbrisseaux d'ornement le Robinier, l'Acacia rose, que le Monnier a cultivé le premier en France; l'Acacia visqueux, introduit par Michaux père, et déjà commun dans les jardins; les Payias jaune et rouge, celui à longues grappes; le Tulipier de Virginie, l'un des plus beaux arbres de la nature; diverses espèces de Magnolia, d'Azalea, de Cléthra ; des Rhododendrum, des Öbiers, des Aube-épines, des Viornes, des Alisiers, qui fleurissent au retour du printemps, et embellissent nos bosquets pendant cette saison.

« Les botanistes de l'expédition du capitaine Baudin, nous ont apporté, il y a quelques années, des îles des mers du Sud et de la Nouvelle-Hollande, plusieurs Eucalyptus, parmi lesquels il en est qui, comme l'Eucalyptus obliqua, le Cordata, le Globulus, décrit par M. de la Billardière, ont jusqu'à 45 à 50 mètres de hauteur sur 8 de circonférence; leur bois est très-bon pour les constructions, et ils viendroient en pleine terre dans nos Départemens du Midi.

« Qu'on ne pense pas que nos arbres indigènes puissent remplacer les arbres exotiques que l'on peut cultiver en France. Dans un pays comme le nôtre, où l'on

exerce un grand nombre d'arts mécaniques, on a besoin de bois de différens degrés de souplesse et de solidité; les Layetiers, les Tourneurs, les Ebénistes, etc., sauront en tirer un parti avantageux. D'ailleurs, beaucoup d'arbres étrangers peuvent croître dans des terrains qui se refusent à la culture de ceux de nos climats, et il y en a dont le bois est d'une qualité supérieure à celui des arbres analogues de notre Continent. Enfin, parmi les arbustes qui ornent nos parterres et contribuent aux jouissances de la vie, il en est plusieurs qui ont fourni de nouveaux modèles de dessin aux Peintres, aux Brodeurs, aux Manufactures d'étoffes et de porcelaines.

« Les Voyages des Botanistes ont procuré un grand nombre de végétaux utiles à l'agriculture, aux arts et à la médecine; mais il en reste encore beaucoupà acquérir L'Asie mineure, la Chine, le Japon, etc., en produisent plusieurs qu'on acclimateroit facilement, et dont on retireroit de grands avantages. Il existe aussi, sous des climats plus chauds, des plantes précieuses que l'on pourroit transporter et naturaliser dans nos colonies, telles que le Sagoutier des Moluques; le Pin du Chili, employé à la mâture des vaisseaux; le Palmier Sagwert, qui donne du sucre dans l'île d'Amboine; les bonnes espèces de Quinquina; le Châtaignier du Brésil, dont les graines sont nourrissantes et très-huileuses ;fle Chérimolia et le Matisia du Pérou, dont les fruits sont délicieux; un nombre considérable de plantes tinctoriales indigènes à la Chine, aux Indes, au Mexique, et en d'autres pays. L'exécution d'un pareil projet est digne d'un Gouvernement qui protège et encourage tout ce qui est grand et utile. »

S'il restoit encore des doutes sur l'utilité de l'importation des végétaux étrangers, la Préface de M.

Desfontaines seroit bien faite pour les dissiper. Il a démontré que les plantes indigènes à la France, se réduisoient à un très-petit nombre, et que c'est à nos Voyageurs que nous devons la plupart de celles que nous possédons. Cette vérité importante doit nous engager à accueillir favorablement ces nouveaux hôtes, qui viennent enrichir notre sol et offrir à nos besoins le produit de leurs riches dépouilles. Ils méritent d'autant mieux cet accueil, qu'il se contentent souvent des lieux incultes méprisés par ceux qui les ont précédés. Loin de nous cependant la pensée, que l'on doive négliger, pour eux, nos Chênes et nos Châtaigniers antiques, nos hêtres utiles par leur bois et par leurs fruits, nos Bouleaux si précieux par la facilité avec laquelle ils se multiplient dans toutes sortes de terrains, ni aucun de nos arbres dont l'utilité est constatée par des siècles. Un tel projet n'a jamais été celui des plus zèles partisans des cultures étrangères; mais ils ont cherche par leurs expériences à s'assurer de la possiblilité d'augmenter nos ressources forestières et agricoles, sans rien proscrire de ce qui avoit droit à leur reconnoissance.

Dans un second article, nous donnerons des extraits de l'Ouvrage de M. DESFONTAINES particulièrement applicables aux forêts.

BAUDRILLART.

No. 2. Essai de Carte géologique et synoptique du Département de l'Ourte et des environs; par J. L. WOLFF, de Spa (1).

La Carte dont il s'agit, a pour objet de faire connoître avec détails le territoire du département de l'Ourte, et une partie de ceux qui l'avoisinent.

(1) Prix 3 fr. Se trouve à Paris, chez ARTHUS BERTRAND, li braire, rue Hautefeuille, n. 23.

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