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et d'une longue durée; l'accroissement très-lent; mais qui vit plusieurs siècles. Pline rapporte qu'il y en avoit une sur le Vatican, qui étoit plus ancienne que la 'ville Rome: Vetustior autem Urbe in Vaticano est Ilex in quá titulus Arcis litteris Etruscis religione arborem, jam tum dignam fuisse significat. Lib. 16. cap. 44. Le même auteur fait aussi mention d'une Yeuse que l'on voyoit de son temps près de Tusculum, dans le voisinage d'un bois consacré à Diane, et dont le tronc avoit onze mètres de contour: Vicina luco est Ilex, et ipsa nobilis, quinque et triginta pedum ambitu caudicis, decem arbores mittens singulas magnitutidinis visende, sylvamque sola facit. Ibid.

«Le Chêne vert, continue M. DESFONTAINES, est sensible au froid. Dans le nord de la France, il est sujet à être endommagé par les gelées quand les hivers sont rigoureux. On le multiplie de graines que l'on sème en automne aussitôt après la chute des glands. Il faut le transplanter fort jeune; il reprend difficilement quand il a plus de trois ou quatre

ans. »

Puis, il décrit le Chêne Kermès, arbrisseau qu'on trouve dans le Midi de la France, et sur lequel naît l'insecte appelé Kermès, qui est employé en médecine comme tonique, et pour teindre les étoffes en rouge; le Chene Liége, qui, comme le Kermès, croît dans le Midi de la France, et dont l'écorce fongueuse et épaisse est employée à faire des bouchons, des chapelets de pêcheurs, etc.; le Chéne Ballote qui croit en Espagne, en Portugal, et dans les Etats d'Alger et de Maroc, dont les fruits sont doux et nourrissans; le bois très-compacte et qu'on pourroit cultiver dans nos départemens les plus méridionaux; le Chêne appelé par lui Faux-Liége, qu'il a

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observé sur les montagnes qui séparent les royaumes. d'Alger et de Maroc, et qu'il conseille aussi de propager dans nos forêts; le Chêne Velani, indigène à la Natolie et aux îles de l'Archipel, qu'on pourroit cultiver dans les forêts du Midi de la France, dont les glands sont renfermés dans une cupule très-volumineuse, qui est employée dans la teinture; le Chêne Prase, originaire du Portugal, petit arbre propre à former des haies; le Chène à la Noix de Galle, très-commun dans l'Asie Mineure, cultivé en pleine terre dans plusieurs Jardins de France et qui produit la Noix de Galle du Commerce."

Les Chênes d'Amérique occupent ensuite M. DESFONTAINES; mais comme nous en avons parlé dans les Numéros précédens d'une manière assez étendue, nous ne le suivrons pas dans les détails qu'il donne sur ces arbres. Nous passons à la fin de son article pour rapporter ce qu'il dit de la culture des Chênes en général.

«Lorsqu'on se propose, dit-il, d'élever des Chênes, on choisit sur des individus vigoureux les glands les plus gros et les plus sains, on les sème peu de temps après qu'ils ont été cueillis, ou bien on les stratifie dans une terre mélangée avec du sable, pour ne les semer qu'au printemps. Sans cette précaution, ils courroient risque de se gâter. Il ne faut pas que la terre, dans laquelle on les conserve, soit humide, parce qu'ils s'épuiseroient en poussant des tiges et des racines. Si, au contraire, on s'apercevoit qu'ils se desséchassent trop, on les arroseroit légèrement. Enfin, dans le cas où ils auroient germé trop tôt, on les mettroit en terre avant le mois de mars; en semant les glands en automne, on les expose à être mangés par les mulots et autres animaux qui s'en nour

rissent.

On doit, autant qu'il est possible, semer les. Chênes à demeure, et les espacer beaucoup, afin qu'ils ne se nuisent pas dans la suite en se privant mutuellement d'air et de lumière, et que leurs rameaux puissent se développer en liberté.

<< Plusieurs cultivateurs déposent les glands, au nombre de trois ou quatre dans de petites fosses creusées avec la pioche, d'autres les jettent sur la terre à la volée comme le blé. D'autres, après avoir labouré le terrain avec la charrue, les placent dans les raies à trois ou quatre décimètres de distance les uns des autres. Il ne faut les couvrir que de l'épaisseur d'un travers de doigt, et on peut semer en mêmetemps du froment ou de l'avoine pour les abriter de l'ardeur du soleil. La récolte de ces blés dédommagera même des frais du labour. Lorsque les glands stratifiés ont germé, il faut prendre garde de rompre, la plumule et la radicule, soit en les retirant de la terre qui les couvre, soit en les semant.

Quelques agriculteurs coupent la radicule des glands qui ont germé; mais cette pratique n'est bonne que pour des Chênes destinés à recevoir la greffe, et que l'on voudroit ensuite transplanter ; parce qu'alors ils sont plus faciles à arracher, et qu'ils reprennent plus sûrement. On laboure les jeunes chenaies pendant l'hiver, et on les éclaircit lorsque les plants sont trop rapprochés.

« Dans le cas où un grand nombre d'individus auroient souffert des gelées ou de l'ardeur du soleil, ou les couperoit au niveau de la terre à l'âge de sept à huit ans, ou même plutôt, si le sol n'étoit pas de bonne qualité. La souche repoussera de nouveaux jets qui croîtront avec vigueur, et auront bientôt surpassé les anciens.

Les semis ou plantations de Chêne faits dans

un terrain où il y en avoit auparavant ne réussissent pas. C'est un fait confirmé par l'expérience, et connu des agriculteurs.

«Lorsqu'on a élevé des Chênes en pépinières pour les replanter ensuite, on ne doit pas couper le pivot, parce que cette opération nuit à leur développement, et comme leurs racines sont très-sujettes au hâle, iĺ faut les transplanter peu de temps après qu'ils ont été arrachés; mais la reprise des Chênes transplantés est toujours incertaine. »

Duhamel dit, que si l'on vouloit planter des Chênes ca avenue ou en quinconce, il seroit bon de les semer dans un terre au-dessous de laquelle il y auroit un lit de roche à quatre à cinq décimètres de profon deur la racine se trouvant arrêtée, poussera des radicules latérales qui faciliteront la reprise. Ceux, au contraire, qui sont venus dans un sol qui a de là profondeur, reprennent plus difficilement, parce qu'alors la racine a plus de longueur et moins de chevelu.

«La multiplication des Chênes par marcotte ne produit pas de beaux individus ; cette pratique n'est bonne que pour propager des espèces rares. La greffe est préférable; mais comme elle réussit assez difficilement, il faut la faire au niveau de la terre, et l'arroser de temps en temps.

« On ne doit élaguer les Chênes que dans leur jeunesse, et encore faut-il user de beaucoup de ménagemens. Si on étoit forcé de retrancher de grosses branches, il conviendroit de les couper à une distance du tronc d'autant plus grande qu'elles sont plus grosses, parce que si on les coupoit trop près, la plaie se cicatriseroit difficilement ; il se feroit un grand écoulement de séve, et il pourroit même arriver qu'il se formât un chancre.

No. 14.

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Dans la ci-devant Bretagne et dans la BasseNormandie, on étête un grand nombre de Chênes pour avoir du menu bois; mais alors ils vivent moins long-temps, et la plupart de ces arbres mutilés, se pourrissent et se creusent à l'intérieur. On abat les Chênes en hiver, et pour préserver le bois de la piqûre des vers, et l'empêcher de se gercer, on le laisse plongé dans l'eau pendant quelques mois et on le met ensuite sécher à l'ombre. »

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Nous passons à l'article où M. DESFONTAINES a traité de la famille des conifères, dans laquelle sont renfermés l'If, les Genevriers, les Cyprès, les Thuias, les Sapins, les Mélèzes, et les Pins. C'est particulièrement dans ce dernier genre que nous puiserons la matière de notre extrait. Cependant, nous donnerons, sur les principales espèces qui appartiennent aux autres genres, des notions générales tirées du texte même de l'ouvrage, et qui feront connoître la taille ordinaire de chaque arbre, les terrains où il croît, ses moyens de multiplication, les qualités de son bois, de ses fruits, etc. Nous suivrons l'ordre établi par l'Auteur; ainsi, nous parlerons d'abord de l'If.

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IF COMMUN, Taxus baccata; 15 à 18 mètres d'élévation; se plaît sur les montagnes, vient dans presque tous les terrains, et cependant réussit mieux dans ceux qui sont fertiles, ombragés et un peu humides; se multiplie de marcottes, de boutures et de graines qu'il faut semer à l'ombre dans une terre bien divisée que l'on a soin d'arroser de temps en temps lorsque la saison est sèche; bois dur, compacte, pesant, d'un grain très-serré, de couleur rousse ou rougeâtre, susceptible d'un beau poli, et propre a faire des meubles et plusieurs ouvrages de tour, d'ébenisterie, du placage, etc.; les feuilles et les jeunes

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