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en motte et qu'ils reprennent plus facilement. Si on vouloit les conserver quelque temps sans les planter on pourroit user d'un moyen, que j'ai indiqué à l'article des Sapins, qui consiste à tremper, à plusieurs reprises, les racines dans de la terre délayée avec un peu d'eau. On doit toujours préférer le printemps à l'automne pour transplanter des Pins, des Sapins, et autres arbres de la même famille. Le moment le plus favorable est celui où ils commencent à entrer en séve. »

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L'auteur parle ensuite de l'élagage des Pins qui leur est nuisible, mais qu'on peut employer quand il est indispensable pour pénétrer dans une plantation. On commence, lorsque les arbres sont parvenus à l'âge de 8 à 10 ans, par couper l'étage inférieur des branches, puis, 1 ou 2 ans après, on en couperoit un second, ainsi successivement jusqu'à la hauteur de 2 mètres au dessus du sol. Les mois d'octobre et de novembre sont ceux qu'il faut choisir pour cette opération, parce qu'alors le mouvement de la séve est suspendu et que l'écoulement résineux est peu considérable. Les Pins, ajoute-t il étant en général peu délicats sur la nature du sol, on pourroit en planter dans plusieurs endroits de nos forêts où les Chênes et beaucoup d'autres arbres ne réusissent point.

Nous ne suivrons pas plus loin M. DESFONTAINES dans les détails qu'il donne sur les Pins; c'est dans l'ouvrage même qu'il faut en prendre connoissance.

Le lecteur y trouvera décrites toutes les espèces que nous possédons en France, celles qu'il seroit important d'y multiplier, et les instructions nécessaires pour en suivre la culture. Mais nous ne terminerons pas cet article sans dire, que si l'histoire des arbres et arbrisseaux que nous annonçons est utile aux sa¬

vans et aux différentes classes de cultivateurs, elle est indispensable aux forestiers jaloux, de se mettre au niveau des connoissances acquises sur les arbres qui peuplent nos bois. BAUDRILLART.

N°. 2. Procédés sur les plantations de Pins sauvages dans les plaines arides de la Champagne.

La Bibliotheque Physico-économique contient, dans le Numéro de mai, l'extrait d'une lettre de M. de VILLARSY, propriétaire dans le département de la Marne, sur les plantations de Pin dans ce départenient. Comme les faits qui y sont rapportés sont d'un grand intérêt pour la multiplication de cet arbre dans les terrains crayeux, nous allons la faire connoître, et y joindre les observations dont cette culture nous paroît susceptible.

Colligny, près Vertus, (Marne.) le 13 mars 1809.

« Je désire beaucoup que vous vouliez bien avoir la complaisance de consigner dans votre intéressante et utile Bibliothéque Physico-économique, une anecdote agricole qui peut être utile dans tous les pays semblables aux plaines de la Champagne. Il y a un siècle que, dans tout le terrain qui compose le département de la Marne, il n'existoit aucun Pin sauvage. Un Propriétaire qui voulut embellir un petit coteau, vis-à-vis de son habitation, fit venir, du côté de Besançon, de jeunes Pins, qui prospérèrent fort bien; ils portèrent graine, et l'on en vit d'autre s'é

lever à leurs pieds. En 1720, des propriétaires firent lever de ces jeunes arbres, et les firent porter dans leurs domaines. Cette culture, d'abord de curiosité

se propagea insensiblement. Un de mes parens en planta en une vingtaine d'années 60 arpens, qui ont fourni des arbres magnifiques, dont on a fait des bâtimens. Ces plantations fourmillent maintenant d'une quantité, pour ainsi dire innombrable, de jeunes Pins, propres à être levés en motte, et transplantés sur d'autres propriétés; ainsi, de proche en proche, le Pin sauvage, jadis totalement inconnu dans la Champagne, finira, avec le temps et le zèle des propriétaires instruits, par couvrir et embellir ses vastes plaines. Depuis 3 à 4 ans, je connois au moins 160 mille Pins sauvages, que l'on nomme ici Sapins déplantés. De simples laboureurs font jusqu'à 4 lieues pour en aller chercher. Le département de l'Aube en a déjà tiré 20 mille, dont partie a été plantée sur la terre de M. de Jessaint, Préfet de la Marne, homme ⚫ infiniment respectable, et par ses connoissances administratives et par ses expériences agricoles en tous genres. Moi, j'en ai planté 12 mille, et j'ai déjà 10 mille trous de faits à l'avance pour en recevoir d'autres.

« M. de Cernon, notre véritable OLIVIER DE SERRES, Champenois, à qui la Société d'agriculture vient de décerner une médaille d'or, n'avoit, lorsqu'il devint propriétaire de sa terre, que 10 Pins d'Ecosse, comme arbustes d'ornement et de curiosité; il en a maintenant plus de 60 arpens, et il peut fournir plusieurs centaines de milliers de plants; on en voit d'autres qui viennent d'eux-mêmes. Il existę maintenant dans le département de la Marne, sept à huit pépinières de Pins sauvages, d'environ cinquante à soixante arpens chacune, et tout ce qui se plante maintenant de ces arbres utiles, deviendra de nouvelles pépinières avant une vingtaine d'années.

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Jugez de ce que peut, pour l'amélioration de

l'agriculture dans un pays, l'introduction d'une espèce d'arbres; de quelle utilité une expérience peut être pour les générations à venir. J'ai fait venir des graines d'Epicéas et de Pins sauvages, des Sécheries Kaiserslautern, département du Mont - Tonnerre; elles ont bien réussi, et je vais en semer cette année une grande quantité. J'ai formé, le premier dans le département, une pépinière de Mélèzes que je m propose de multiplier; aucun n'a péri cet hiver. Je vais augmenter chaque année ces pépinières, et chercher à faire rivaliser les Mélèzes avec nos sapins.

« Je me propose de vous adresser de temps en temps quelques observations sur la culture de notre département, où les plantations, les troupeaux Mérinos, et les prairies artificielles sont pris en grande considération; où un de nos propriétaires a 400 arpens de Pimprenelle, et 600 autres arpens, tous en Sainfoin, Luzerne, Trèfles, etc.; cela peut, je crois compter, car il est tel département, en France, qui ne renferme pas plus, sur tout son territoire, de ces prairies artificielles, que ce cultivateur (M. TURRIN) sur ses propriétés.

« Quoique M***. peigne notre département par le seul mot désert, les habitans de ce désert travaillent à le rendre productif; et un motif de gloire pour eux, c'est de voir dans la même année, la Société d'agriculture de la Seine, qui récompense les cultivateurs de tout l'Empire, accorder deux médailles d'or, sur quatre qu'elle avoit à distribuer, à des cultivateurs Champenois. >>

M. de Villarsy ne dit point s'il a fait des semis à demeure avec le Pin sauvage. Il paroît que ce mode de multiplication ne réussit pas en plaine dans la craie, et qu'il est indispensable d'élever cet arbre en pépinière pour le transporter en motte sur le terrain à planter. Des essais ont été faits par un grand pro

priétaire de ce département, qui connoît très-bien la culture des bois. Ils ont eu lieu dans des remises; c'est-à-dire dans des endroits déjà plantés, et qui offroient par conséquent des abris contre les ardeurs du soleil. Les semences levèrent bien, et passèrent l'année sans souffrir beaucoup. Mais les gelées de l'hiver suivant, ayant soulevé cette terre crayeuse, qui a la propriété d'absorber beaucoup d'humidité, les jeunes plants se trouvèrent déracinés, et périrent en totalité. Cet effet n'a pas lieu dans les semis naturels, qui s'opèrent au moyen des semences tombées des arbres dans les bois plantés de Pins ; sans doute parce que les abris y sont plus nombreux, parce que la terre a plus de fermeté, et qu'elle se gonfle moins par l'effet des gelées; enfin, parce que les feuilles mortes et le gazon protègent et fixent mieux leurs racines. Mais quelle qu'en soit la cause, il est certain que les bois de Pins sauvages, dans la Champagne, produisent des milliers de plants qui s'élevant spontanément, garnissent ces bois d'une manière trèsserrée, et fournissent un grand nombre de sujets pour des plantations nouvelles.

Le Pin sauvage va devenir, non-seulement pour la Champagne, mais, encore pour d'autres parties arides de la France, une essence précieuse qui en recouvrira l'affligeante nudité, et y portera la fraîcheur ainsi que tous les principes de fécondité. C'est un arbre dont on a trop long-temps négligé la culture dans nos tristes bruyères, et qu'il est temps de venger d'un oubli qu'il est si loin de mériter. Les sables et les montagnes le réclament,et les heureux essais qui y ont été faits garantissent de nouveaux succès. Depuis peu d'années, il en a été semé des quantités de graines considérables dans les dépertemens voisins du Rhin, et dans ceux de l'intérieur. Partout il a réussi presque sans culture. Cependant une expérience faite, dans

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