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le département de la Seine-Inférieure, sur un terrain sablonneux, a constaté qu'il venoit mieux lorsque la terre avoit été légèrement labourée, que lorsqu'on s'étoit contenté de la herser; même avec une forte herse de fer, à plusieurs reprises et en sens contraire.

Cet exemple confirme le précepte de Burgdorff, qui dit que dans toutes les espèces de cultures du Pin, et même lorsqu'il s'agit d'en favoriser les ensemencemens naturels, il faut, dès l'été ou en automne faire un léger labour sur le terrain destiné à recevoir les semences. Il excepte cependant les sables où il faut se contenter de faire passer la herse. Au reste, on ne doit pas perdre de vue ce principe que toutes les graines résineuses se contentent d'un terrain superficiellement préparé, et qu'on ne doit les recouvrir que légèrement.

B.

S. 4. Question proposée pour l'amélioration des bruyères, marais et terrains vagues de l'arrondissement de CLEVES. (Département de la Roër.)

La situation avantageuse de l'arrondissement de Clèves, le plus septentrional de l'empire, (et que la Meuse traverse à l'ouest dans toute son étendue, du Midi au Nord, tandis que le Rhin, qui coule dans la même direction, lui sert de limite à l'Orient) doit faire naître le désir de voir augmenter, par la plantation des terrains improductifs de cet arrondissement, la quantité des bois qu'il offre déjà, et qui presenteroient alors de plus grandes ressources à l'Etat, aux besoins du pays, aux arts, ainsi qu'au commerce.

L'arrondissement de Clèves contient 156,500 hectares (plus de 78 lieues carrées) de superficie ; et sa population qui, en 1789, n'étoit que de 74,000 ames, s'élevoit déjà, en 1804, à 90,000.

Quelques personnes attribuent, en grande partie cette augmentation, d'environ un cinquième dans la population (augmentation qui s'est fait également sentir dans l'arrondissement de Clèves,) aux défrichemens qui ont eu lieu, dans ces deux arrondissemens, depuis la vente d'une partie des terres vagues qu'ils contiennent, et dont la loi du 3 frimaire an 7 1799) a autorisé l'aliénation.

Le gouvernement Prussien et l'administration de l'ancien électorat de Cologne avoient déjà fait défricher beaucoup de terrains dans les arrondissemens de Clèves et de Creveld. C'est aux encouragemens qu'ils ont accordés à de pareils travaux, que l'on doit le défrichement d'une grande partie des bruyères de Goch et de Boningerhardt. Le premier a été effectué, sous le Grand-Frédéric, par les habitans du Palatinat, qui, en 1745, voulurent porter leur industrie en Amérique. Ils s'étoient déjà rendus en Hollande, mais n'ayant pu obtenir les secours que l'Angleterre leur avoit promis pour le trajet, ils cherchèrent un asile dans le pays de Clèves. Le gouvernement d'alors les reçut à bras ouverts, et abandonna à leur industrie la bruyère de Goch. Is répondirent à cette bienveillance, en faisant produire des grains, des légumes et des fruits, à une terre qui n'avoit jamais donné que des ronces; vingt ans à peine étoient écoulés, que ce terrain se trouva changé en un champ fertile: la reconnoissance a donné le nom de PFALZDORF, c'est-à-dire, village .de Palatins à l'endroit où ces laborieux colons fixèrent leur domicile.

La bruyère de Boningerhardt n'a pas répondu aussi bien aux travaux qu'elle a nécessités, parce que son sol n'est pas si argileux que celui de Pfalzdorf; cependant les hêtres et d'autres arbres y ont parfaitement réussi on a défriché, avec succès, celle qui

est située entre Dülken et Bracht, dans l'arrondissement de Creveld.

On compte, dit-on, dans celui dé Clèves ( où se trouvent Goch et Pfalzdorf, dont nous venons de parler) plus de 70,000 hectares de bruyeres, marais, et terrains vagues, dont le produit net s'élève pas, diton, à 70,000 francs, et qui pourroient facilement rapporter un million de revenu (1).

La société d'émulation et d'agriculture de Clèves considérant qu'il n'est pas de questions à laquelle puissent se rattacher de plus puissans intérêts agronomiques, pour ces contrées, a proposé dans sa séance du 21 avril dernier d'examiner: Quels sont les moyens de rendre les bruyères, terres marécageuses, vagues vaines, le plus et le plus promptement productives.

Et a annoncé devoir décerner, dans sa séance du 15 mai 1810, un prix qui consistera, au choix de celui qu'on en jugera digne, dans une médaille d'or de la valeur de 300 francs, ou une médaille d'argent de 50 francs, et 250 francs en numéraire.

On se persuadera d'autant plus aisément de la possibilité de planter en bois une partie considérable de ces terrains, que beaucoup d'entre eux se trouvent placés au nord et au sud-est de la forêt de Clèves, qui, bien plus considérable autrefois, s'étend cependant encore depuis Gueldres au midi et Xanten à l'est, jusqu'à Clèves au nord, ayant à l'ouest la frontière du royaume de Hollande.

(1) Nous avons peine à croire à l'exactitude de cette évaluation: il est, en effet, invraisemblable qne l'arrondissement de Clèves, qui ne contient au total que 156,500 hectares ait près de moitié, en bruyères, marais, et terrains incultes.

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en

Le REICHSWALD (nom ancient de la forêt dont il s'agit) etoit connu du temps des Roniains, et prenoit alors, depuis le château des Bataves (arx Batavorum aujourd'hui NIMEGUE, jusqu'à Monterberg (Harmaceum), près de CALCAR (1).

Sans aller jusqu'à espérer que des plantations nou velles rendent à cette forêt son ancienne étendue, il est raisonnablement permis de croire que ces plantations, que provoquent l'intérêt des propriétaires et le bien du pays, augmenteront le sol forestier de l'arrondissement de Clèves : la proximité du Rhin, du Waal et de la Meuse, assurant la plus grande facilité pour le débouché utile des bois (2).

(1) C'est dans ces bois fameux que, vers la fin du premier siècle de notre ère, Claude Civil, dans un repas nocturne, donné à l'usage des vieux Germains ses compatriotes, exhorta ceux-ci à se délivrer du joug des Romains, parmi lesquels il avoit été élevé. (Statistique de la Roër; par M. DORSCH, page 298.)

(2) Ce n'est pas seulement dans les arrondissemens communaux de Clèves et de Clevelt, dont nous venons de parler, que se trouvent des parties considérables de terrains sans valeur et qu'on pourroit utilement planter en bois.

Sans vouloir entrer dans aucun détail à ce sujet, bornons-nous à parler du département de la Vienne (chef-lieu Poitiers) qui présente encore aujourd'hui une quantité de terres incultes, telle qu'un tiers de l'arrondissement de Chatelleraut, plus de moitié de celui de Montmorillon et au moins les deux tiers de celui de Civrai sont couverts de landes et de bruyères : ce qui, d'après les calculs faits à cet égard, presenteroit un ensemble de plus de 200,000 hectares; c'est-à-dire entre le tiers et le quart de l'étendue totale du département.

C'est ici le lieu de rappeler que, dès 1772, le Gouvernement entreprit d'établir dans l'arrondissement de Chatelleraut plusieurs familles d'Acadiens, réfugiés. en France après le traité de 1763. L'établissement fut fixé dans la paroisse de Cenon où l'on construișit des habi tations et où l'on commença des défrichemens. Mais comme on n'avoit envoyé que des familles d'ouvriers les moins propres à la culture de la terre, tous les efforts dispendieux que l'on fit devinrent inutiles, et les ouvriers s'en retournèrent.

Remarquons cependant que le pays doit à cette tentative une amé lioration dans la culture et que la richesse du canton s'en est sensi blement accrue.

D'autres travaux amèneroient sans doute de nouveaux succès.

ANNALES FORESTIÈRES,

FAISANT SUITE AU MÉMORIAL FORESTIER.

No. XV. JUILLET 1809.

PREMIÈRE PARTIE.

RÈGLEMENS.

. SECTION Ire. LÉGISLATION.

Cahier des charges de l'adjudication des coupes des bois de l'Empire de l'an 1810. Délibéré en Conseil d'administration, le 28 juin 1809, par MM. LES ADMINISTRATEURS; approuvé par M. LE CONSEILLER D'ETAT DIRECTEUR-GENERAL; et vu et approuvé par S. EX. LE MINISTRE DES FINANCES COMTE DE L'EMPIRE (1).

CONDITIONS GÉNERALES.

ART. Ier. l'hectare et are.

CHAQUE

S. Ier. Ventes.

coupe sera adjugée en franc, à

(1) Dans le n°. I. des Annales, nous avons (page 26 suiv.), présenté le rapprochement des clauses du cahier des charges

No. 15.

19

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