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Le terrain où ces essais ont été faits, est assez meuble, frais, et à demi soleil.

Il résulte des expériences de M. Cambon, sur la multiplication du Robinier, par boutures, que le mode qui consiste à couper, sur un vieil arbre, des branches d'une année, auxquelles on laisse un talon de bois de deux ans, est celui qu'on doit préférer. Il a fait aussi des observations sur les terreins et les expositions qui conviennent le mieux à l'Acacia.

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Planté, dit-il, dans un sable léger et brûlant exposé aux frimas, il a bien végété; dans un terrain très-caillouteux où étoient précédemment des vignes, les pousses ont été belles; dans des terres légères où l'on trouvoit le tuf à deux décimètres de profondeur, il y a eu des succès; dans d'autres argileuses, il a eu une jolie venue, lorsque l'eau n'a pas séjourné à ses pieds; enfin, dans des positions abritées des vents du nord et d'ouest, où la chaleur se concentroit fortement, mais où il y avoit de l'humidité intérieure, il a eu un succès étonnant, puisque les premières pousses se sont élevées jusqu'à quatre

mètres.

M. Cambon conclut de ces succès, que les arbres. qu'il a plantés, peuvent couvrir fructueusement des terrains voués à la stérilité. Il a annoncé aussi avoir établi des pépinières considérables.

L'Acacia visqueux (Robinia viscosa), et l'Acacia saus épine (Robinia inermis), ont également fixé

son attention.

Il a fait greffer le dernier sur le Robinier ordinaire, en a plante un certain nombre ainsi greffés, dans le terrain le plus aride, à douze décimètres de distance, et les a fait recéper rase-terre. Leurs premières pousses s'élevèrent à près d'un mètre, et formèrent des touffes d'environ 2 mètres de circonférence. Elles

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furent coupées deux fois en juillet et septembre, et leur produit, en volume et en poids, fut quadruple de celui qu'avoit donné la luzerne dans un semblable espace.

Après avoir fait jeûner des chevaux, des bœufs, des vaches et des moutons, il leur fit présenter de ce fourrage, branches et feuilles, alternativement vert et sec, et conjointement avec ceux auxquels ils étoient habitués; ils dédaignèrent absolument ceux-ci, et dévorèrent l'autre. Un jeune cheval qui mangeoit journellement vingt livres de foin, se trouva suffisamment substanté avec six à sept livres de cette nourriture, et refusa toute autre qui lui fut offerte.

M. Cambon n'a pas borné ses cultures aux arbres forestiers dont on vient de parler; il les a étendues à des plantes d'une grande utilité dans l'économie rurale et pour les manufactures. Il a cultivé l'Arachide, le Chou-navet, l'Orge nue ou Sucrion, et le Coton herbacé,

Les graines de l'Arachide avoient été dépouillées de leurs enveloppes et mises pendant vingt-quatre heures dans de l'eau pure. Elles furent semées depuis le 2 jusqu'au 15 mai, à 32 centimètres de distance, dans des rayons des 8 centimètres de profondeur, espacés entr'eux à 48 centimètres.

Le premier semis a été fait dans une terre dont la superficie, provenant d'un curage de fossé, est sablonneuse, et le dessous compacte.

Dans les intervalles, il a fait planter des choux qui ont tout couvert de leur ombrage; cependant les pieds d'Arachides y sont sont venus très-beaux et ont donné chacun de 60 à 80 graines.

Le second semis a été fait dans un terrain argileux, abrité au nord par un mur qui lui a procuré

une chaleur très-forte. Les tiges d'une belle venue, lui ont fourni environ 50 graines.

Lè troisième semis a eu lieu entre des Acacias dans un sable aride, et chaque pied a donné de 40 à 45 graines.

Le quatrième semis a été fait dans un terrain sablonneux, infesté de chiendent, en friche depuis 5 ans, et seulement labouré et hersé.

Les semences étoient avec leurs enveloppes, et n'avoient point été trempées dans l'eau. Ce semis, quoique le moins avantageux, a pourtant donné vingt pour un.

Le résultat de ces expériences, dit l'auteur, a donc prouvé contre l'opinion générale, que cette plante fructifie dans des terrains frais et chauds, forts ou légers, découverts ou ombragés; que le voisinage des autres productions ne lui est pas nuisible; enfin, qu'elle peut prospérer dans le département de la Gironde, et par conséquent dans la majeure partie de l'Empire François, et augmenter ainsi nos recherches agricoles.

Chou-navet de Laponie ou rutabaga. Il a cultivé cette plante et reconnu qu'elle fournissoit un excellent fourrage, et qu'elle réunissoit tous les avantages qu'on lui attribue.

Orge nue ou Sucrion. Il assure que cette espèce réussit dans presque tous les terrains, qu'elle donne beaucoup de farine, et peut remplacer le riz dans l'usage alimentaire.

Le Coton. M. Cambon avoit reçu de MM. les Préfets de la Gironde et Landes, des graines du Cotonnier herbacé; mais fort tard, de sorte que, n'ayant pu les semer qu'à une époque très-reculée, les froids de l'automne ont empêché la maturité des fruits, qui cependant étoient bien formées. Il pense

qu'il est possible d'acclimater cette plante, surtout en se servant de semences des parties de la France les moins méridionales. Il espère confirmer son opinion cette année et les suivantes.

Enfin, l'auteur annonce avoir fait un heureux emploi de l'arqûre sur des arbres à fruits.

Résumé et Observations.

Il résulte du mémoire de M. Cambon, que ce zélé agriculteur s'est appliqué à des cultures utiles, dont la plupart sont encore peu répandues dans son département.

Les arbres forestiers qu'il a plantés, si l'on en excèpte le Gainier ou arbre de Judée, qui n'est qu'un arbre de décoration, sont tous employés à des usages nombreux dans l'économie rurale et domestique.

Tout le monde connoît les qualités précieuses du Robinier, déjà rappelées dans ce rapport; cclles du Bouleau, qui croit partout, et procure beaucoup de bois pour le chauffage, la fabrication du charbon, le charronnage, etc.; celles du Cytise des Alpes, qui prospère dans les plus mauvais terrains, fournit un bois dur, souple, élastique, propre à remplacer le Châtaignier pour l'usage des tonneliers, et recherché des tourneurs, des ébénistes, et même des menuisiers; celles du Mahaleb ou bois de Sainte-Lucie, qui sert à mettre en rapport des terrains que l'abondance de la craie, du plâtre, de l'argile et même du sable rend stériles, dont le bois est dur, compacte, rougeâtre, odorant, et propres aux ouvrages d'ébénisterie et de tour; cet arbre est encore précieux pour recevoir la greffe de toutes les espèces de cerisiers; l'Erable à feuilles de Frêne, espèce dont l'accroissement est très-prompt, le bois très-beau et de bonne

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qualité; le Fréne, grand arbre estimé par rapport à son bois employé de préférence à tout autre, pour les pièces de charronnage, qui doivent avoir du ressort et de la courbure; le Micocoulier austral, qui croît sur tous les terrains, et dont le bois est dur, compacte, souple, et propre à une foule d'ouvrages; enfin, le Châtaignier, qui tient un rang distingué parmi les arbres indigènes à la France, dont le bois est précieux pour la charpente, ne se laisse point attaquer par les insectes, et s'emploie très-utilement pour faire des échalas et d'excellent charbon.

Tels sont les arbres que l'auteur a cultivés au nom

bre de 185,000 sur une espace de 14 hectares.

Il a de plus établi des pépinières considérables, dont les plants lui paroissent d'une réussite d'autant plus assurée, qu'ils sont venus sans secours factices et sans engrais. A cet égard, le comité d'agriculture observe qu'il y a une limite à garder, pour qu'un plant devienne beau; et que si les engrais peuvent avoir des inconvéniens, il ne faut pas non plus que le plant ait langui dans sa jeunesse. Relativement à l'assertion de l'auteur, que les semis du Robinier faits à la volée, ne réussissent pas, et qu'il est indispensable de semer dans des rayons peu profonds après avoir fait tremper la graine pendant vingt-quatre heures, le rapporteur observe que les semis à la volée, ne sont pas les plus avantageux, mais qu'ils peuvent réussir; que l'époque la plus favorable pour semer, soit à la volée, soit en rayon, est dans le mois de mai, et que l'on doit faire tremper la graine quand la saison est plus avancée. De tous les moyens de multiplication employés par M. Cambon, le plus sûr et le meilleur est le semis, sur-tout dans ce moment où la graine n'est plus. rare.

L'âge le plus avantageux auquel on doit exploiter

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