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ses et épidémiques qui affectent constamment les habitans des communes voisines des terreins marécageux. On ne sauroit trop engager les propriétaires aisés à imiter M. de Sommariva; ils serviroient tout-à-la-fois, et l'humanité et leurs propres intérêts. »>

Il est difficile de se persuader que si on apportoit, à tous les desséchemens d'étangs, les soins mis à celuici, on n'en obtînt pas tout le succès qu'il est raisonnablement permis d'en espérer.

On voit, au surplus, les avantages qui résulteroient, dans tous les cas, de plantations, faites avec discernement, d'arbres propres à l'espèce de terrein qu'on auroit entrepris si utilement de dessécher.

Note sur l'origine, le transport et le débit des bois, connus dans le commerce, sous le nom de BOIS DE Hollande.

Lorsque tous les journaux annoncent l'activité que vient de recevoir le commerce des bois qui se transportent de France en Hollande par le Rhin, (1) nous croyons que ceux de nos lecteurs, desquels les détails

(1) Voici le texte même de la note insérée dans le Moniteur du 3 août 1809.

(Cologne le 23 juillet 1809.)

« On nous écrit du Haut-Rhin ce qui suit :

« Depuis que les relations des Hollandois avec les ports du nord se sont ralenties, les exportations de bois par le Rhin se multiplient, au grand avantage du commerce indigène, et les superbes forêts qui enrichissent les bords de ce fleuve et de ses affluens sont devenues, pour ainsi dire, les uniques magasins d'où l'on puisse tirer les bois de toutes les espèces nécessaires pour les constructions navales, militaires et civiles de la Hollande.

« Cette branche de commerce qui acquiert, chaque jour, plus d'importance et d'étendue, en raison des demandes, toujours

de ce commerce important sont encore ignorés, nous sauront gré de les leur faire connoître.

Commençons par bien fixer les idées sur ce qu'on doit entendre par bois de Hollande.

Les bois de Hollande, surtout ceux connus dans le commerce sous le nom de chêne de Hollande, ne sont autre chose que les bois qui, croissant en France dans les belles forêts avoisinant le Rhin, ou les rivières navigables y affluentes, sont conduits en Hollande à l'aide de ce fleuve.

Ainsi, les bois des Vosges, de la Lorraine, de l'Alsace, ont, depuis long-temps formé, et forment encore aujourd'hui, la majeure partie de ce qu'on est dans l'usage, même à Paris, de nommer bois de Hollande.

Voici comment ces bois, embarqués sur le Rhin, arrivent par flottes à leur destination.

Ce qu'on appelle flotte, sur le Rhin, est l'assemblage, en un seul train, d'une immense quantité de bois de construction. Les différens radeaux dont elle est composée, sont formés, à l'embouchure du Necker, du Mein, de la Moselle et de la Lahn, de tous les bois destinés à ce commerce; tous ces radeaux, arrivés sur le Rhin, se rassemblent aux environs d'Andernach. où le fleuve a acquis la largeur et la profondeur néces saires; et là, ils sont réunis en une seule masse flottante, de 700 à 1000 pieds de longueur, d'une largeur et d'une hauteur proportionnées.

croissantes, qu'on en fait, se maintiendra, sans doute, par la suite, et l'on verra, peut-être même dès cette année, les sapins et autres bois blancs, dont nos contrées abondent, finir par être exportés en bien plus grande quantité que le chêne, l'orme et autres bois dont l'emploi est moins fréquent, la croissance plus lente et par conséquent l'exportation moins considérable. »

on y

Lorsque cet assemblage est construit et consolidé, on élève, dessus, une espèce de pont et tout ce qui est nécessaire à la mâture et aux agrès de la machine; construit, ensuite, dix à douze grandes cabanes, qui servent, à loger l'équipage, de magasins pour les agrès et pour les approvisionnemens, de tentes, de salles à manger, de cuisines, d'étables. Il y en a d'élégantes, pour le logement des propriétaires et de leurs amis, pour les passagers ou les curieux qui viennent voir ces constructions qui ont l'air d'iles ou de villages flottans sur le fleuve. Tont ce train est suivi ou précédé de petites embarcations, qui portant des ancres, des cables, sont chargées de prévenir de l'arrivée de la flotte, et de lever les obstacles qui pourroient s'opposer à son passage.

La machine une fois construite et approvisionnée, l'équipage se rassemble, et il est, dès-lors, soumis à une exacte discipline. Cet équipage est composé d'environ 500 hommes, sans compter les propriétaires et leurs amis, qui se font une fête de cette navigation.

L'approvisionnement d'une flotte de la première grandeur, pour un voyage dont le terme est Dordrecht, consiste ordinairement en 40 ou 50 mille livres de pain, 15 à 20 mille livres de viande fraîche, 10 à 15 mille livres de fromage, 10 à 15 quintaux de beurre, 8 à 10 quintaux de légumes secs, avec 8 à 9 cents hectolitres de bière; l'équipage en boit à discrétion: on ne compte point ici le vin et les menues denrées qui doi. vent accompagner un tel approvisionnement.

Les constructeurs, les bateliers, les rameurs de ces énormes trains de bois, sont, presque tous, du département de Rhin et Moselle, principalement des communes riveraines entre Bonn et Coblentz.

Le voyage est ordinairement de 15 à 20 jours, durant lesquels l'équipage reçoit une augmentation de

solde et de nourriture; mais, arrivé à sa destination, il est remis sur le même pied qu'auparavant.

Les pilotes pour conduire ces flottes, de Manheim à Dusseldorf, sont assez ordinairement du village de Rudesheim, sur la rive droite: on leur donne, durant ce voyage, une bonne table et environ 1000 francs. A Dusseldorf, les hollandois les remplacent pour achever le trajet.

Le train ou la flotte arrivé à Dordrecht (1), une partie de l'équipage est payée et congédiée, l'autre partie, renforcée de journaliers hollandois, se met à démolir l'énorme construction: on fabrique d'abord un radeau de sapin sur lequel on transporte les cabanes, les tentes et les agrès pour le retour: on dispose, ensuite la cargaison de bois, pour être vendue sur le rivage.

Un grand train comprend environ 500,000 pieds cubes de bois de construction, et revient aux propriétaires à environ 500, 000 francs; les frais de transport de Manheim ou de Mayence à Dordrecht, s'élèvent à 300,000 francs, ce qui porteroit la valeur de la flotte à 800, 000 francs.

(1) Dordrecht ou Dortrecht est une ville de la Hollande, située dans une île du Rhin : cette île a été formée par une inondation qui, en 1421, engloutit 72 villages et fit périr nombre d'habitans.

Voici ce que dit, de l'arrivée d'une flotte à Dordrecht, M. Le Turc, qui a voyagé dans ce pays.

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«Etant à Dordrecht, on nous apprit que le radeau venant << d'Allemagne et de tous les pays qui bordent les rivières qui se jettent dans le Rhin, étoit arrivé: nous fûmes le voir et, après << avoir marché quelques centaines de toises, nous aperçûmes une « espèce de village, des chevaux en grand nombre, quelques <<< milliers d'hommes, des voitures et des équipages de toute espèce. De cet endroit, la vne ne pouvoit plus juger des bords « et de l'étendue d'un parcil radeau. »

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Ce sont ordinairement des compagnies qui entreprennent ce commerce, à cause des fonds considérables qu'il exige: une seule flotte, de Mayence à Dordrecht paye près de 60,000 francs de droits de navigation. Il en passe, dans certaines années, 10 à 15, et l'on compte qu'elles laissent environ 300,000 francs dans le département de Rhin et Moselle, quoique ce département ne fournisse pas le bois, mais les approvisionemens, et, comme nous l'avons dit, une grande partie des ouvriers et des bateliers.

Nous nous sommes étendus (1) sur cette branche d'industrie, parce qu'elle est importante, et qu'elle tient aux localités et à l'heureux voisinage du Rhin. Ce commerce a langui pendant la guerre; à la paix, il a repris une partie de son activité; et, malgré les dévastations qu'ont éprouvées les forêts, la Souabe, la Franconie, et même le département de la Sarre, ont fourni des bois en assez grande quantité. L'exportation en fut prohibée, ensuite, pendant quelque temps; mais enfin, une loi récente a permis le transport en Hollande, comme par le passé, à quelques modifications près, qu'il n'est pas de notre objet de rapporter ici.

La flotte, ainsi rendue à sa destination, et les bois quila forment, disposés pour être vendus sur le rivage, comme nous venons de le dire, les Hollandois les achettent (c'est M.Le Turc qui parle); chacun d'eux emporte la provision qui convient à l'exploitation du nombre de ses moulins à scie pour une année entière; et ces bois, ainsi débités sont revendus très-cher, et, pour

(1) Ces détails sur les flottes du Rhin sont extraits de la Description topographique et statistique de la France par MM. PROCHET et CHANLAIRE (No. 13, Département de Rhin et Moselle),

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