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térieure qu'un homme fait aller facilement. Cette queue ne s'écarte jamais assez de l'axe vertical du moulin, pour qu'un homme d'une force ordinaire, puisse, sans le secours d'un treuil, donner le mouvement à la calotte; de manière qu'il perd toujours beaucoup de temps.

<< On pourroit ajouter à ces divers perfectionnemens, les moyens dont se servent les Anglois, pour donner à leurs moulins à vent, une vitesse constante; pour cela, il faut que la surface des ailes soit toujours dans un rapport inverse de la force du vent, c'est-à-dire que, plus il fait de vent, moins il faut de voiles; il n'y a pas un meûnier qui ne le sache', et quand le vent varie, ils arrêtent leurs moulins, et augmentent ou diminuent leurs toiles suivant le besoin. Les Anglois n'ont pas besoin d'arrêter; la force centrifuge, par le moyen du contrepoids, produit toute seule le changement nécessaire à la régularité du mouvement. »

L'introduction des aîles verticales dans la construction de ces moulins, y apportera encore une grande simplicité et une grande économie. »

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En six mois de temps, un bon charpentier, aidé d'un nombre suffisant d'ouvriers, et ayant tous les matériaux à sa portée, peut mettre un moulin à planches en état de travailler. »

« Le prix d'un moulin de Hollande, pareil à ceux dont le gouvernement est propriétaire, et qui servent uniquement pour les besoins de la marine et des édifices publics, se monte de 35 à 40,000 francs: ceux des particuliers ne sont pas aussi chers, parce qu'ils ne sont pas d'une construction aussi grande ni aussi solide. Au reste, ce prix varie beaucoup, en raison des localités ; celui que je présente ici est le maximum. »

« Il n'est pas aisé de désigner avec exactitude les lieux où il seroit utile de faire de semblables établissemens

en France: il faudroit, pour cela, consulter MM. les préfets et particulièrement l'administration des forêts; mais, on peut avancer, sans crainte d'être démenti, que nous en avons besoin dans tous nos ports de mer. Il faudroit commencer par monter le moulin du Havre, reconstruire celui de Lorient, en y employant les fers de celui qui a été brûlé, et qu'on doit avoir conservé. A Brest, on n'a aucun établissement de ce genre; cependant, ils y seroient très-utiles. Je ne crois pas qu'on pût s'y servir du vent pour moteur, à moins qu'on ne construisît le moulin sur un vaisseau qu'on fixeroit au milieu de la rade, par le moyen d'ancres; mais on pourroit toujours le faire aller par l'eau, soit en se servant d'une petite rivière qui se jette dans le fond du port, et met en activité la poulierie, soit en éclusant, par le moyen de la haute mer. »

«On pourroit en construire, à Paris même, un qui serviroit de modèle pour les autres, et débiteroit les bois dont le gouvernement a besoin pour les édifices publics.

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<< Enfin, il n'y a pas de département où il ne fût nécessaire d'en établir quelques-uns. Si le gouvernement en donne l'exemple, on verra bientôt les particuliers s'empresser d'étendre cette branche d'industrie. Alors nous ne chargerons plus les Hollandois de débiter nos bois, et de nous les revendre ensuite. »>

De l'ensemble des faits, dont nous venons de rendre compte, résultent plusieurs points de vérité, qu'il nous paroît utile de rapprocher ici.

1°. Une très-grande partie des bois, qui arrivent en Hollande par le Rhin, est tirée des forêts de la France.

2o. Aujourd'hui, que les relations des Hollandois, avec les ports du nord, sont ralenties, les bois, que

procure le Rhin deviennent presque les seuls dont la Hollande puisse s'approvisionner.

3°. On a l'espérance fondée, que l'exportation en Hollande, qui a eu, jusqu'ici, principalement pour objet le chène et ce qu'on appelle les bois durs, s'étendra, même cette année, aux sapins et aux autres bois blancs.

Ces circonstances ne doivent elles donc pas faire désirer de trouver les moyens de tirer un parti plus avantageux des bois, qui se prennent dans nos forêts, pour les flottes du Rhin ; et d'empêcher que nous nous voyions, plus long-temps, dans la nécessité de racheter des Hollandois, et à un très-haut prix, la portion de ces bois qu'ils livreront au commerce et que peuvent réclamer nos besoins.

Il ne faut pas sé dissimuler que la recherche de ces moyens offre des difficultés; mais aussi, on semble forcé de convenir qu'elle est digne de la plus grande

attention.

Nous présenterons, dans la suite, quelques vues sur l'important objet dont il s'agit.

Extrait du rapport, sur les voyages de M. MICHAUX, pour la naturalisation des arbres forestiers des 'États-unis, fait à la société d'agriculture du département de la Seine, par une commission composée de MM. ALLAIRE, BOSC, DU PETIT THOUARS et CORREA DE SERRA. (1)

Depuis long-temps les botanistes connoissent la prodigieuse variété des arbres qu'on trouve dans les forêts

(1) A Paris, chez Mme. Huzard, libraire, rue de l'Éperon, n°. 7, et chez Arthus-Bertrand, rue Hautfenille, n°. 23.

de l'Amérique septentrionale, et qui font l'objet d'un commerce très-étendu. On connoissoit aussi la possibilité de les acclimater en France; mais, on s'étoit borné à la culture de quelques individus des espèces de pur agrément.

En 1805, M. Michaux fut envoyé en Amérique par l'administration des forêts, pour y recueillir, à l'effet de les transmettre en France, les graines des différentes espèces d'arbres, susceptibles d'ètre cultivées avec avantage dans diverses parties de l'empire, et les renseignemens nécessaires pour suivre leur éducation,

M. Michaux parcourut donc l'Amérique septentrionale dans presque toutes ses parties, observa tous les bois qu'il rencontra, et, particulièrement ceux qui, par leur nature et leurs usages, font l'objet d'un commerce d'échanges entre les états de ce vaste continent, ou qui s'exportent soit aux colonies, soit dans les différentes parties de l'Europe; les ports et les états d'où les bois sont tirés, leurs prix, leurs noms scientifiques rattachés aux noms usités dans le commerce; les différentes espèces d'écorces employées pour le tannage des cuirs; les différentes espèces de bois employées dans les arts ou comme combustibles, furent autant de points d'observation qui fixèrent l'attention de M. Michaux.

Indépendamment des graines qu'il a recueillies, il a rapporté une assez grande quantité d'échantillons de différentes espèces de bois de travail, échantillons qui sont assez forts pour qu'on puisse apprécier la qualité de chaque espèce.

Enfin, M. Michaux, voulant rendre son voyage utile à la France sous tous les rapports, et prévoyant que, quelque nombreuse que soit l'importation qu'il a faite de ces plantes, l'étendue de l'empire et le goût des améliorations nécessiteroient d'autres demandes et

d'autres envois d'Amérique; a pensé que bien que la

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langue angloise soit générale en Amérique, il existe des differences sensibles dans la nomenclature des arbres de même espèce, et que cette différence de nomenclature occasionneroit nécessairement de la confusion et des erreurs incalculables dans les demandes qui pourroient être faites; M. Michaux, pour remédier à cet inconvénient, a recueilli avec soin tous les noms donnés à chaque espèce de bois, et les a tous rattachés aux noms scientifiques de ces mêmes espèces; on peut, premier abord, juger combien un travail de cette nature épargne de soins et facilite le commerce.

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du

Le voyage de M. Michaux et le travail auquel il s'est livré, ont paru, à MM. les commissaires, de nature à être considérés comme très utiles à la science et comme donnant à leur auteur les plus grands droits à la reconnoissance de tout bon François, et particulièrement à celle de la société d'agriculture. (1)

(1) Comme dans les numéros 9 (page 38 ) et 10 (page 90) de ces Annales, nous avons déjà en occasion de parler de l'ouvrage publié par M. MICHAUX, nous croyons devoir nous borner à présenter ici l'extrait du rapport de la société d'agriculture auquel le voyage et les travaux de M. MICHAUX ont donné lieu.

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