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puisé dans ces stèles antiques, ses livres et sa chronologie; soit enfin avec ces colonnes élevées par les fils de Seth avant le déluge, suivant Josephe (1), et où ils avoient gravé les connoissances dès lors acquises; colonnes ou stèles plutôt, qui, suivant lui, de son temps se voyoient encore en Syrie, et où ils avoient sans doute écrit sous une forme hiéroglyphique, et avec ces lettres assyriennes qui étoient de toute antiquité, nous dit Pline (2).

Or, ce fut cette forme hieroglyphique, forme que nous commençons à peine à pénétrer, soit en Egypte, soit dans la Haute-Asie, qui porta le docte M. Delambre à établir que les Grecs avoient tout créé, et à une époque comparativement moderne ; tandis qu'il seroit plus exact de dire qu'ils avoient recréé, sous une forme alphabétique et moderne, ce qui existoit déja depuis plus de 3,000 ans, sous une forme hieroglyphique et primitive. Explication toute naturelle et toute simple, et qui concilieroit, ce nous semble, les assertions de MM. Fourier et de la Place, avec celles tout opposées de feu M. Delambre.

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Avant d'avoir fait les études pénibles et les méditations profondes auxquelles nous nous sommes livré depuis plusieurs années, nous penchions, nous l'avouerons, pour les idées de M. Delambre; mais maintenant,

(1) Josephe, Histoire des Juifs, ch. II, liv. I. (2) Pline, liv. VII, ch. 56.

plus éclairé, embrassant d'une manière plus complète le vaste ensemble de la haute antiquité, nous admettons toutes les conséquences déduites d'une manière si ngénieuse par Bailly, et qui n'ont pas été détruites par es calculs de Bentley, ou de M. Delambre (1); et dans ce peuple inconnu, qu'il plaçoit vers le Nord, où, suivant les vastes et utiles recherches de M. Rémusat (2), rien ne montre ses traces;' peuple qu'il suppose inventeur de toutes les sciences et de tous les arts; nous voyons les hommes d'avant le déluge, ces patriarches antiques qui, pour ces mêmes inventions, ont été déifiés ensuite sur toute la terre; nous croyons y trouver également ce peuple submergé de l'Atlantide, dont nous parle le divin Platon, lui attribuant une civilisation déja très avancée; et ici nous pouvons citer Bossuet, qui, dans la première époque de son admirable ouvrage sur l'histoire universelle, nous dit : « Avec le genre humain, « Noé conserva les arts, tant ceux qui servent de fonde«ment à la vie humaine, et que les hommes savoient « dès leur origine, que ceux qu'ils avoient inventés de«puis. Ces premiers arts que les hommes apprirent d'a« bord, et apparemment de leur Créateur, sont l'agricul« ture, l'art pastoral, celui de se vêtir, et peut-être celui «de se loger; aussi ne voyons-nous pas le commencement

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(1) Delambre, Histoire de l'Astronomie ancienne, T. 1. (2) P. 393, T. I, Recherches sur les Langues tartares.

« de ces arts en Orient, vers les lieux d'où le genre hu« main s'est répandu. »

C'est dans ces arts fort simples en effet, que nous voyons l'origine des Caractères Cycliques qui nous occupent, lorsque (comme nous allons le faire), nous examinons le Sens et la signification qui leur sont donnés, et qui sont d'accord avec les Formes diverses que l'on a attribuées à chacun d'eux, suivant l'aspect sous lequel il a été considéré.

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Ainsi, dans le Cycle des 12 Heures, la première Heure (1), qui est celle de minuit, qui répond à l'Aleph des Hébreux (signif. institution et docteur), à l'as des Russes et des Illyriens, à notre lettre A, et au Chiffre UN à tête arrondie dans les Série des Chiffres orientaux, ou aussi à l'as unité de mesure des Romains (2), offre ici sous la prononciation tse, tsaï et tsa, qui a pu donner le Son as, outre l'idée de docteur, de lettré, disciple, qui entre par exemple, dans le nom de Fou-tse ou Magister, l'idée plus spéciale de germe, enfant naissant, fœtus, tétard de grenouille, enfin de tout ce qui commence à naître, à exister; de sorte qu'elle rappelle évidemment, la célèbre inscription de Saïɛ, où l'on voyoit un enfant, un vieillard, un épervier, un poisson, un hippopotame, et que l'on interprétoit : « Vous qui entrez dans ce monde, « ou qui en sortez, (sachez ) que Dieu hait l'impu« dence (3). »

(1) Dictionnaire de Deguignes, n° 2059, clef 39°; M. Morisson, Dictionnaire Tonique, no 11233, au son Tsze, et notrc pl. III.

(2) On traduit aussi Aleph par Chef, Premier, et par Bœuf, et le Caractère T'se, celui de la re heure, entre en effet dans le Composé Tse, no 5664, Dict. de Deguignes, traduit par Vacca. (3) Plutarque, de Isid. et Osirid., § XXIX.

La 2 Heure (1), de une à trois du matin, Heure où le Repos de la nature et des hommes continuoit à subsister, où l'on se trouvoit encore renfermé dans les Maisons, dans les réduits les plus secrets, ou sous les Tentes mobiles des peuples Nomades, offre nous diton (2), une Main qui se ferme, qui saisit quelque chose; une Arme; un Enfant qui vient de naître et qui élève les mains; le nom d'une Divinité; et suivant l'Encyclopédie Japonnoise, des Mains renfermées dans des Menottes, des Idées de Jonction, Union, Prison, et ses formes antiques la montrent semblable à un Caractère, que le P. Amiot (3) traduit par Main gauche, Caractère dont un autre plus moderne (4) prononcé Pa, ne se trouve ́qu'une modification, aussi bien que son abrégé Pa(5), puisqu'il signifie Prendre, Saisir, c'est-à-dire, fermer la main pour retenir, ce qui est rendu par l'image même qu'il offre encore actuellement : mais Diodore (liv. 111), nous apprend qu'en Ethiopie, la Main Gauche fermée étoit l'image d'une Possession tranquille, et suivant Horus-apollon, la Main étoit le Symbole de ce qui bátit ; les Idées de Maison, de Repos de la nuit, de Lieu secret, qu'offre le Nom du B, ou du Beth Hébreu, dans toutes les Langues Sémitiques, se trouvent donc justifiées ici, si cette Lettre, qui en a la forme d'ailleurs, dérive de ces Hiéroglyphes qui entrent dans la Clef des Villes, des Bourgs, comme aussi les idées de Ben, Fils, enfant né.

(1) Deguignes, no 13, clef 1; et Morrisson, no 1432, au son . Chow, et pl. III de cet ouvrage. (2) Morrisson, ibid. (3) Mém. concernant les Chinois, T. I, pl. VIII, lig. 7. (4) Deguignes, Dict., no 3267. (5) Deguignes, idem, n° 2397.

La 3° heure (1), qui répond de trois à cinq du matin, étoit celle du lever et de la prière du matin, en Orient; soit dans les caravanes, soit dans les cités et les palais des grands aussi, elle se traduit par revereri, timor reverens, collega; mais l'Encyclopédie japonoise y voit un vase de cuivre à trois pieds, allant sur le feu, servant dans les armées à diriger la marche pendant la nuit, ce qui se faisoit sans doute également dans les caravanes. Ce vase sacré, trépied mystique, ou symbole du nombre trois, pouvoit donc encore servir à appeler à la 1a prière ( dite salath-subhh chez les Musulmans, qui est la fe des cinq heures canoniques, et qui précède le lever du soleil, lever qui n'a lieu ici, en effet, que dans la 4 heure); or, la 3a lettre chaldéenne, le Ghimel, outre les idées de chameau et de congregation, rassemblement, qu'elle offre, se traduit en hébreu par retributio, remuneratio, et parfois offre l'idée de provocare; et en arabe, excoluit (pietatem) est un des sens de ses composés, outre les idées de grâce, faveur, beauté, etc. On voit donc que toutes ces idées tiennent de très près à celles que présente la 3o heure, heure de la prière qui précède toujours le départ des caravanes, et qui exige le rassemblement, l'aggrégation de ceux qui les composent, les soins donnés à leurs chameaux, etc., etc. : et en outre, le 3o A an, ou jour qui correspond à cette 3°

(1) Deguignes, Dictionnaire, no 2146, clef 40; et Morisson, Dictionnaire Tonique, no 12296, son yin; et pl. III de cet ouv.

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