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dousi; et Mou-Vang1, Roi célèbre par son expédition en Occident, par ses Guerres et par ses Palais magnifiques, ne peut être évidemment que le CAï-KAOUs du même poëme, dont on rapporte les mémorables expéditions et aventures, vraies ou fabuleuses, et qu'on place à la même époque celle de David et Salomon2. Et comme ici l'Histoire, ou plutôt le Poëme des Persans entre dans des fictions dont il est difficile de faire sortir la vérité Historique 3, nous reprenons la BIBLE, qui nous montre dans SALMANASAR, ou le Roi Pacifique, le Pingvang des Chinois, dont le Nom a la même signification, et qui est placé exactement à la même époque, de 770 à 720 4.

A cette époque de Ping-vang, ou de SALMANASAR, les Dates Historiques, même aux yeux des Lettrés et des Habiles Critiques de la Chine, acquièrent seulement, dans leurs Livres, toute leur certitude: alors également (en 776) commencent les Olympiades en Occident; alors se fonde Rome (en 743); alors s'établit (en 747) la fameuse ère de Nabonassar; après une longue désolation, alors l'Egypte recommence à jeter quelqu'éclat, et sous Psammétique (en 670), elle est connue des Grecs, Peuple moderne, comparativement à ceux dont nous parlons: alors enfin, dans nos Livres Occidentaux l'Histoire devient plus positive, et commence à se dégager des traditions Asiatiques qui la précèdent partout, plus ou moins déguisées.

A cette date donc (où sur toute la Terre à la fois, en raison de

Chou-King, p. 285 et suiv. 2 Bibl. Órient., idem, d'Herbelot, article Caï-kaous. 5 Il faudrait que les élèves habiles et nombreux du savant M. de Sacy fouillassent dans les écrits de Hamzeh et de Massudi, auteurs Arabes antérieurs à Ferdousi, qui avoient puisé dans ces anciennes Histoires de la Perse, et dans l'ancien Schah-Nameh, ou Livre des Rois, livre sans doute analogue au Chou King, et ne renfermant pas les fables introduites (avec quelques faits vrais cependant) par Ferdousi, dans sou poëme, seul ouvrage dont nous puissions nous servir pour nos recherches jusqu'à ce jour. King, p. 306.

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l'usage enfin plus répandu de l'Ecriture Alphabétique, qui remplaçoit peu à peu les anciens Livres écrits en Hiéroglyphes, les Faits deviennent plus certains, et où s'arrête presque le Chou-king guide le plus certain après la Bible, le dernier Roi mentionné dans ce Livre mourant en 621 avant J.-C.), pouvoient déja peut-être, exister en Chine comme au Japon fondé seulement en 660 avant notre ère 1, quelques colonies de Race Sémitique qui étaient venues civiliser les Scythes et les Huns, habitans primitifs de ces contrées; et peut-être même, quelque branche cadette de la famille très étendue des Tcheou, y régnait-elle déja, sous la Suzeraineté éloignée de l'Empire central et primitif, établi alors vers BALKHE, SAMARCANDE, et sur l'Oxus, où l'on place LOHORASP, et d'autres Rois CAIANIENS ; et cependant, les Historiens Chinois les plus estimés ne commencent l'Histoire positive de leur Pays, qu'à Goey-li-vang, et vers 424 à 599 avant J.-C.

Alors finit le Tsien-pien, 1 Partie du Tong-kien-kangmo, Histoire la plus estimée conservée en Chine. Alors commence le Heou-Pièn, ou la 2o partie de cette Histoire, 'celle qui s'applique à la Chine avec toute certitude2. Ce n'est que long-temps après encore, et sous Tsin-chi-hoang-ty, le fondateur du Tsin, montant sur le trône en 246 avant J.-C., que se bâtit la Grande Muraille; que le sud de la Chine commence à être connu des Chinois, que des Monumens positifs enfin, y montrent un Empire déja puissant 3.

1 P. 137, T. I, Hist. du Japon, Kæmpfer. 2 P. 46 et 47, Lettres au P. Parennin, par M. de Mairan; et p. 157, Chronologie Chinoise, du P. Gaubil, sur le savant Sse-ma-Kouang, qui ne commence sa grande Histoire de la Chine qu'en 399, à la 23e année de Goey-ly-vang, n'ayant fait pour les temps antérieurs qu'un abrégé seulement. 3 P. 186, Chronologie Chinoise du P. Gaubil, publiée par les soins de M. le marquis de Laplace, de MM. de Sacy et Rémusat.

Aussi M. Rémusat, dont nous nous honorons d'avoir suivi les leçons savantes, bien qu'en y apportant des idées souvent contraires aux siennes, mais qui ne l'ont pas moins empêché de nous aider avec une extrême complaisance, nous dit-il 1, en traitant des Livres Chinois relativement aux Pays Etrangers dont ils parlent: << Ce qui précède le 2. siècle avant notre Ere, est <«< plus obscur; mais je pense que dans cette obscurité il est << encore beaucoup de faits à recueillir. » Et M. Klaproth luimême, ne place-t-il, T. I, des Mémoires relatifs à l'Asie 2 le commencement de l'histoire certaine de la Chine qu'en 782 avant notre Ere, c'est-à-dire un règne avant Ping-Vang ou SALMANASAR.

Mais après cette esquisse rapide de nos Travaux Historiques à la fois appuyés sur la Concordance des Dates, sur celle des Faits, et sur l'identité des Noms traduits respectivement dans la langue de chaque peuple, esquisse que nous avons cru devoir donner afin de faire voir que nous avons dès à présent, examiné le vaste ensemble des matières difficiles dont nous voulons traiter, nous devons arriver aux travaux préparatoires que nous avons dû faire, avant d'envisager l'Histoire sous ce point de vue que nous croyons à la fois, et lumineux et vrai; nous devons parler de ces Hiéroglyphes, où avec satisfaction, mais sans une grande surprise, nous avons découvert le Type primitif des formes des Lettres de tous les Peuples; nous devons expliquer enfin, ce que nous entendons par une Écriture Hiéroglyphique, Écriture dont un assez grand nombre de Savants, maintenant qu'on commence à la pénétrer en Égypte, font l'objet de leurs

1.P. 129, Mémoires de l'Acad. des Inscript,, Recherches sur la ville de Kara koroum, etc., M. Rémusat. 2 P. 406, Mém. relat. à l'Asie, T. I, M. Klaproth.

Ecrits, sans avoir appris auparavant, en suivant le cours philosophique fait avec une si grande clarté par M. RÉMUSAT (qui a su le Créer et le Perfectionner), ou en méditant suffisamment sa concise et excellente Grammaire, à se faire une idée exacte et convenable de la manière dont les Premiers Hommes durent concevoir et établir ces Hiéroglyphes.

Ainsi on voit M. CHAMPOLLION, dans son Précis, regarder comme une Découverte qui demandoit de longues méditations, ce Principe posé par lui, mais qui ne l'est pas encore peutêtre, avec toute la clarté désirable, que dans l'Ecriture Hiéroglyphique entroient beaucoup de Caractères purement Phonétiques; il partoit donc, ainsi que d'autres Savants qui suivent ses traces ou qui l'ont précédé, de la supposition qu'il avoit pu exister une Ecriture Hiéroglyphique entièrement Symbolique, et cependant cette Supposition ne peut s'admettre.

'Tant d'objets qui entourent l'Homme, et qu'il eut le besoin de peindre et de distinguer quand, instruit par Dieu dans l'art de la Parole et de la Pensée, il voulut Figurer ces pensées, se ressemblent parfaitement dans leurs Formes, leurs Couleurs, leurs Habitudes extérieures, bien que différant infiniment dans leur Substance intime, que les Peintres les plus habiles n'auroient pu Ecrire avec cette Ecriture purement Figurative que l'on s'imagine à tort avoir été la Première. Comment distinguer, en effet, par des Symboles nécessairement abrégés et fort réduits, un Homme d'un autre Homme, une Abeille d'une Guêpe, de l'Orge et du Froment, un Cerisier d'un Pêcher, et même des Objets infiniment moins ressemblants entre eux? On ne le pouvoit qu'avec le secours des Noms ou plutôt des Sons particuliers qui, dans le Langage Oral, désignoient ces mêmes Objets la combinaison des Ecritures Figuratives et Phoné

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tiques devoit donc avoir lieu dès l'origine même de l'Ecriture Hieroglyphique : de là devoient naître des Lettres Syllabiques d'abord, comme le sont celles de l'Alphabet Japonnois, et facilement ensuite, réduites à une Expression plus simple et de pures Voyelles ou de Consonnes de là également devoient naître, pour chaque Syllabe, plusieurs lettres d'un sens et d'une forme différente 1, comme on le voit dans les Alphabets Egyptiens (rétablis d'ailleurs avec tant de mérite par M. CHAMPOLLION), et comme on l'eût vu depuis long-temps en Assyrie et en Chaldée, si avec un peu plus de foi, pour d'Antiques et Vénérables Traditions, on n'eût pas regardé les Chinois et les Japonnois comme un peuple entièrement à part, et que dans leurs Livres, apportés du centre de l'Asie, on eût été chercher les Caractères que nous allons présenter, lesquels, peignant le le même Son par différents Objets, ou le même Objet sous divers Aspects, ont donné naissance aux Lettres de formes diverses de tous les Peuples, en y comprenant même celles des Egyptiens.

Supposons, par exemple, qu'on eût à figurer un Arbre, une Plante, un Quadrupède, un Insecte, un Minéral, dont le Nom se fût trouvé être en prononciation, DÉ (ou TÉ, chez les Peuples qui n'ont pas cette lettre D, et qui la remplacent par le T, lettre de même organe) : il est évident, qu'ayant un Symbole arrêté et facile à tracer même en petit, pour un Arbre, un

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Un même Objet ayant donné, par sa Prononciation, le Son d'une Lettre Alphabétique, pouvoit être figuré vu de Face, de Profil, de Dessus, de Dessous, et ensuite sa Figure même pouvoit s'abréger diversement: plusieurs Objets très dif férents de formes, ayant dans leur nom la même Initiale pour les Consonnes, ou la même Finale pour les Voyelles, avoient pu également être le Symbole d'une même Lettre; il y avoit donc au moins trois Causes pour que chaque Lettre pût être rendue par un grand nombre de Figures très différentes entr'elles : c'est ce que l'on voit dans les Alphabets de M. CHAMPOLLION et dans les Tableaux que nous offrous pour les Cycles Chinois, qui ont donné nos Lettres : c'est ce qui nous a permis, malgré la diversité apparente des Alphabets des Différents Peuples, de les rapporter 'tous à un Centre Commun,

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