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SUR L'ÉTABLISSEMENT DE LA RELIGION CHRÉTIENNE
DANS LES GAULES (1).

CET ouvrage est divisé en cinq parties.

Dans la première, l'auteur développe d'abord les différentes opinions des savans pour ou contre l'antiquité des églises des Gaules. Il fait observer que M. de Tillemont, à qui surtout il a l'intention de répondre, a paru fort embarrassé, et n'a point osé prendre de parti, quoiqu'il penche évidemment pour celui qui est contraire à l'antiquité de notre Eglise.

Un article est ensuite consacré à énumérer les difficultés dans lesquelles s'engagent les auteurs qui suivent ce dernier sentiment. Les principales sont la nécessité d'abandonner le sens littéral de l'Evangile et des épîtres de saint Paul, où nous voyons que la foi devait être prêchée, et qu'elle le fut effectivement dans la plus grande partie du monde connu, avant la ruine de Jérusalem. 2° Celle de renoncer au témoignage des saints Pères, qui nous apprend que, dès les

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premiers temps, il y avait des chrétiens partout l'empire romain, et même dans les Pays-Bas. 3° De faire dire à Sulpice Sévère que la religion chrétienne a été reçue assez tard dans les Gaules, tandis que cet historien dit seulement qu'elle y a été reçue plus tard qu'en Orient et en Italie. 4° Ils se fondent principalement sur l'autorité de Grégoire de Tours, qui est peu exact, et qui se contredit fort souvent. 5° Ils sont obligés de soutenir, comme M. de Launoy, que la lettre de saint Cyprien au pape Etienne, celle du pape Zozime, et la requête des évêques de Provence à saint Léon, sont des pièces supposées. Ces pièces sont en effet inconciliables avec la mission des sept évêques placée par Grégoire de Tours à l'an 250, ce que l'on voit clairement par les peines inutiles que M. de Tillemont s'est données pour les accorder ensemble. 6° Ils doivent prétendre, contre toute vraisemblance, que sous Marc-Aurèle il n'y avait qu'un seul évêque dans les Gaules, celui de Lyon. 7o Dans les Celtes dont parle saint Irénée, ils ne reconnaissent pas tous les Gaulois, mais seulement les peuples de la Gaule Lyonnaise. 8° Ils demandent des preuves de certains faits qu'il est impossible de leur fournir.

L'article 3 de la première partie est l'analyse de l'œuvre d'Abbadie (1).

Dans l'article 4, l'auteur examine pourquoi les

(1) V. Observations préliminaires de l'Edit. C. L.

nouvelles opinions avaient fait tant de progrès depuis un siècle. Il en trouve la cause dans l'exagération de ceux qui soutenaient les anciennes, et dans les autorités peu solides sur lesquelles ils s'appuient. Il observe ensuite que les nouvelles opinions sont fondées sur plusieurs erreurs capitales ou faux principes qu'il répète successivement. Ainsi, quand on a prétendu que l'ignorance où l'on est du nom des évêques de France antérieurement au troisième siècle, est une preuve de la nouveauté de leur siége, il répond qu'à l'exception des quatre principales églises de la chrétienté, personne peut-être, avant Eusèbe, n'avait songé à donner les catalogues des évêques; et cet usage est probablement plus reculé encore en France. On écrivait peu dans ces provinces durant les quatre premiers siècles. Jusqu'à Pepin, nous connaissons les noms d'un très-grand nombre d'évêques dont nous ignorons les siéges, tandis qu'il y a d'autres évêques dont il est parlé dans l'histoire, et dont les noms et les siéges sont également inconnus. L'antiquité de la religion dans une province, ne dépend pas non plus de l'antiquité des martyrs. S'il n'y a point eu de martyrs dans les Gaules avant Marc-Aurèle, ce n'est point qu'il n'y eût pas de chrétiens, mais parce que les différentes causes qui donnaient lieu aux persécutions ne se rencontraient pas dans ce pays. La principale était la haine des Juifs, et il paraît certain qu'il n'y avait qu'un fort petit nombre de Juifs dans les Gaules avant Marc-Aurèle. C'est ainsi que l'auteur termine sa première partie.

Il commence sa seconde par établir ce qu'il a l'intention de prouver; savoir: Que les églises des Gaules ont été fondées par des hommes apostoliques, dès le premier siècle; qu'avant la fin du second, il Ꭹ avait un grand nombre d'évêques et d'églises dans les Gaules, où ils commencèrent à paraître pendant la vie de saint Photin, évêque de Lyon; qu'au commencement du troisième, toutes les diverses nations l'avaient reçue, en sorte qu'il n'y avait peut-être pas une ville un peu considérable où il n'y eût une église avant Dioclétien, et qu'enfin les chrétiens y étaient très-puissans au commencement du quatrième siècle. Il déduit ensuite les règles que l'on doit suivre dans l'examen de cette question : c'est-à-dire, surtout, que, l'on doit croire de préférence les écrivains les plus anciens, ceux d'Orient plutôt que ceux d'Occident, et que l'on doit savoir, dans chaque écrivain, ce qui est bon à prendre et ce qu'il faut rejeter. Il revient ensuite sur les préjugés qui s'élèvent contre l'opinion des sectateurs de Grégoire de Tours. Il se demande pourquoi la religion chrétienne ne s'est pas répandue en-deçà des Alpes, aussi promptement et avec autant d'éclat que dans l'Orient: il l'attribue à la barbarie des Gaulois et au petit nombre de Juifs qui se trouvaient parmi eux. Enfin, si la tradition ou la mémoire de la prédication des apôtres et de leurs disciples, dans les Gaules et dans les provinces voisines, s'est presque perdue dans les lieux mêmes où ils ont prêché, c'est surtout, dit l'auteur, que Dieu fit à ces églises la grâce de les laisser long-temps en paix : on

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sait que la première persécution y eut lieu sous MarcAurèle; et, d'un autre côté, les hérétiques se glissèrent assez tard dans les provinces qui sont en-deçà des Alpes, et y réussirent moins que dans l'Orient, où les hommes étaient légers, grands discoureurs, amis des disputes, voulant raisonner sans fin, au lieu que les Gaulois et leurs voisins conservaient avec simplicité et fermeté la foi qu'ils avaient reçue.

On voit que ces deux premières parties ne sont, en quelque sorte, que des préliminaires : c'est dans la troisième que l'auteur aborde le fond de la question. M. de Tillemont ayant bien prévu, dit-il, que son opinion était insoutenable si l'on trouvait que la religion de Jésus-Christ était établie dans toutes les provinces de l'empire, et même hors de l'empire, lorsque Dèce commença à persécuter les églises, il sera utile de prouver d'abord ce fait, avant d'en venir à ce qui regarde la France.

Un article est, en premier lieu, consacré à démontrer la grande probabilité du voyage de saint Paul en Espagne. Dans un second, l'auteur établit, d'après un passage de saint Irénée, qu'à l'époque où vivait ce Père, les églises de la Germanie étaient nombreuses et célèbres. En effet, saint Irénée cite entre autres ces églises, pour prouver que la prédication de la foi était conservée uniformément, avec un soin extrême, dans l'Eglise qui était répandue par toute la terre, quoique les langues des peuples qui l'avaient embrassée fussent différentes. Il n'aurait point, en réfutant les hérétiques, parlé des églises de la Germanie, si

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