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qu'au dixième siècle, que Thibaud, comte de Blois, dit le Tricheur, lui en ravit la souveraineté (1).

Charles Martel faisant la guerre à Childéric III, qui avait donné à Rainfroid la charge de maire du palais, se présenta avec son armée aux portes de Reims, dont saint Rigobert était évêque, et lui cria : « Seigneur Rigobert, ordonnez qu'on m'ouvre la porte de la ville. Ce saint prélat lui répondit qu'il n'entrerait point. Alors Charles Martel se retira en menaçant le saint évêqué (2).

Les Sarrasins assiégeant la ville de Sens, saint Ebbon, qui en était évêque, ordonna qu'on ouvrît la porte de la ville; et ayant fait une sortie à la tête d'un petit nombre de troupes, il mit en fuite les ennemis (3).

Saint Léger, évêque d'Autun, fit relever les murs de cette ville (4). Ce soin regarde le souverain.

(1) Hist. de Blois, p. 279.

(2) Karlus propter urbem Remorum transiens..., clamasit ad Rigobertum dicens: domine Rigoberte jube mihi portam civitatis aperiri.... Homo Dei... respondit ei, non tibi, inquiens, porta hæc aperietur. (Ap. Bolland.)

(3) Beatus Ebbo seras patefieri jussit... secum paucis de victoria certus dubiæ sorti opposuit. Respiciente siquidem superna clementia, quae nunquam parta credentibus adimit præsidia, fuga solamina hostium cunei capessunt. (Ibid.)

(4) Prætereà innuunt ejus (Leodegarii) industriam ecclesia pavimenta, vel laquearia aurea, et atrii constructio nova et murorum urbis restauratio. (Acta SS. ord. S. Bened.)

que

Saint Didier, vulgairement Géry, qui fut fait évêde Cahors l'an 629, releva les murs de cette ville. Le château de Cahors était, avant lui, petit et de peu de défense; il en augmenta considérablement l'enceinte, et en fit une place très-forte (1).

Grégoire de Tours dit que saint Avit, évêque d'Auvergne, se montra grand dans l'épiscopat, rendant la justice aux peuples, secourant les pauvres, consolant les veuves, aidant les pupilles (2). Ragnemode, évêque de Paris, fit mettre en prison un imposteur qui séduisait le peuple. Dom Félibien écrit dans son Histoire de Paris, que l'évêque de cette ville avait déjà, du temps des Carlovingiens, une juridiction sur certains quartiers, qui lui fut confirmée par Louis-le-Débonnaire. L'auteur du Droit public de France 'rapporte une charte d'un de nos rois de la troisième race, dans laquelle on lit «< que l'Eglise de Paris est en possession de si long-temps, qu'il n'est mémoire du contraire, de tenir les seigneuries et

(1) Præter civitatis Cadurca opera, castellum quoque Cadurcum, quod anteà nudum penè ac exiguum videbatur, copioso opere conspicandâ quâdam munitione ampliavit, erexit ac firmavit, quod sagaciter extruens, multoque ibi labore desudans, ecclesias, domos, portas, turres murorum ambitu, ac quadratorum lapidum compactione munivit, firmumque ac solidum ad posteros pervenire decrevit. (S. Desiderii Vita, in Gall. Christ.)

(2) Beatus Avitus accepto episcopatu magnum se hominibus præbuit, justitiam populis tribuens, pauperibus opem, viduis solatium, pupillisque maximum adjumentum. (L. 4, c. 35.)

justices, spécialement celle de l'ancienne fondation, en toute justice temporelle, sous le ressort et souveraineté de nous et de notre Cour de parlement sans moyen.» On voit, dans M. de la Mare, une charte de Philippe-Auguste, qui porte que l'évêque « aura toute justice au bourg ancien de Saint-Germain, en la culture de l'évêque, et au clos Brunet (c'est aujourd'hui ce qui compose une partie des quartiers de Saint Honoré, de Saint-Germainl'Auxerrois, de Saint-Eustache et de la place Maubert); qu'excepté les crimes de rapt et de meurtre, l'évêque aura la connaissance de toutes les fautes ou crimes qui se commettront en ces lieux; à condition néanmoins que ceux qui seront condamnés par sa justice à quelques peines corporelles, ne pourront être exécutés qu'à Saint-Cloud, ou ailleurs en sa terre, hors la banlieue de Paris. » Cette réserve que Philippe-Auguste met ici, montre que l'exemption (l'exécution) des criminels condamnés à la justice de l'évêque, se faisait auparavant à Paris.

Lorsque saint Léger, nommé à l'évêché d'Autun, vint dans cette ville, tous les ennemis de l'Eglise ou de la ville furent effrayés, de même que ceux des citoyens qui, armés les uns contre les autres, portaient la fureur et la haine jusqu'à se massacrer. Par ses exhortations, il rétablit la concorde parmi une partie d'entre eux, et contint ceux qui ne voulurent pas s'y rendre, par la terreur et la justice (1).

(1) In adventu ejus (Leodegarii) territi sunt omnes ecclesiæ vel

Saint Ouen, archevêque de Rouen, s'étant laissé surprendre par les discours calomnieux qu'on lui tint contre saint Filibert, le fit mettre en prison : Sanctus Audoënus... virum Dei Filibertum... retrudi jussit ergastulo (1).

On lit dans la Vie de saint Maur, que Bertichram ou Bertram, évêque du Mans, avait un vidame (2). C'était un officier préposé pour rendre la justice au nom et à la place de l'évêque.

Le roi Dagobert Ier, à la prière de saint Eloy, donna par une charte authentique, à l'Eglise de Tours, tout le cens qui se payait au fisc dans cette ville; et depuis ce temps-là, l'Eglise de Tours est en possession de cette imposition, et c'est l'évêque qui nomme les comtes de cette cité, et qui leur donne leurs provisions (3).

urbis adversarii, nec non et hi qui inter se odiis et homicidiis incessanter certabant; ut memoriam transacti scandali nollent audire, quia quos prædicatio ad concordiam non adduxerat, justitia et terror cogebat.

(1) Vita S. Filiberti ap., Bolland. die 20 Augusti.

(2) An 543.

(3) Magnum insuper beneficium eidem ecclesiæ (beati Martini) apud regem obtinuit Eligius: namque pro reverentiâ sancti confessoris Martini, Eligio rogante, omnem censum qui reipublicæ solvebatur ad integrum Dagobertus rex eidem ecclesiæ indulsit, atque per chartam confirmavit. Adeo autem omne sibi jus fiscalis census ecclesia vindicat (ut) usque hodiè in eadem urbe per pontificis litteras comes constituatur. (Acher. Spic., t. 5.)

Personne n'ignore que les comtes rendaient alors la justice. Ainsi, puisque l'archevêque de Tours nommait le comte de cette ville, et lui donnait ses provisions, on ne peut douter que cet officier ne rendît la justice par l'autorité et au nom de ce prélat.

Il est parlé dans la Vie de saint Lambert (1), évêque de Mastricht au septième siècle, d'un Amalgisile qui avait été son juge.

par

Cette juridiction temporelle des évêques faisait tie de la police générale de la nation : c'est ce qu'a reconnu dom Thierri Ruinart, si instruit de nos antiquités. Ce savant religieux décrivant le gouvernement de la monarchie sous nos premiers rois, dans la préface qu'il a mise à la tête de son édition de Grẻgoire de Tours, dit qu'outre les grands plaids ou assemblées du champ de Mars, les comtes et les évêques tenaient, à des jours marqués, des plaids dans les grandes villes, pour terminer les différends des particuliers.

Charles-le-Chauve parle de ces tribunaux des évêques comme de ceux des comtes, que chacun sait être aussi anciens que la monarchie. « Que tous les évê<«<ques, dit-il, dans leurs diocèses, les envoyés du « prince dans les lieux de leurs missions, les comtes « dans leurs comtés, tiennent pareillement les plaids. » Episcopi quique in suis parochiis, missi in illorum

(1) Bolland., 17 septemb.

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