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Sayaric, évêque d'Auxerre, s'occupant du temporel plus qu'il n'est convenable à un prélat, leva des troupes; et s'étant mis à leur tête, il s'empara de l'Orléanais, du Nivernois, des territoires de Tonnerre, d'Avalon et de Troyes, et les unit à ses domaines (1).

Hainmare, son successeur, ayant joint ses troupes à celles de Charles Martel, ne contribua pas peu à la fameuse victoire que ce grand capitaine remporta sur les Sarrasins (2).

Chilpéric accorda à l'évêque de Noyon et de Tournay le droit de battre monnaie (3).

Dagobert II accorda au monastère de Weissembourg, en Alsace, le droit de battre monnaie (4).

Thierri III accorda le droit de battre monnaie à l'évêque du Mans (5). Charles-le-Simple, par un diplome donné l'an 919, confirme à l'abbé de SaintMartin de Tours le droit de battre monnaie, qui, dès les anciens temps, lui a été accordé par les rois ses

(1) Savaricus sæcularibus curis plusquam oportet pontificem inhiantem insistere cæpit, in tantum, ut tam Pagum Aurelianensem quàm Nivernensem, Tornodorensem quoque atque Avalensem, nec non et Tricassinum militari manu invaderet, suisque ditionibus subjungeret.

(2) Hist. episcop. Antissiodorensium, ap. Labbeum in bibliothecâ nová, t. 1, p. 429.

(3) Hist. de Soissons, 1. 5, c. 2.

(4) Thriteme, Annal., p. 52.

(5) Aiglibertus, Cenomannicæ urbis archiepiscopus, nos deprecatus est uti monetam publicam in sua civitate, et in nomine sancti Gervasii ac nostro ei concederemus: quod ita fecimus.

prédécesseurs (1). Il paraît que les rois dont parle ici Charles, sont les Mérovingiens. Premièrement ces, paroles, dès les anciens temps, marquent un temps fort éloigné. Secondement, il ne les appelle que rois; il les eût nommés empereurs, s'il eût voulu désigner Charlemagne, Louis-le-Débonnaire, Charles-leChauve; s'il eût voulu indiquer Pepin, il ne se fût pas servi du terme de rois au plurier; s'il eût voulu marquer son père Louis-le-Bègue et ses frères Louis et Carloman, il n'eût pas dit que cette concession avait été faite dès les anciens temps. Troisièmement, Charlemagne défendit expressément qu'on ne frappât aucune monnaie que dans son palais (2). Charles-leChauve ne veut point qu'on batte monnaie ailleurs que dans son palais, et à Quentovic, Rouen, Reims, Sens, Paris, Orléans, Châlons-sur-Saône, Melle, Narbonne. Tours n'est point nommé ici; ainsi, il n'est pas croyable que le monastère de Saint-Martin de cette ville ait reçu le droit de battre monnaie d'un de ces deux empereurs (3).

L'évêque de Maguelonne faisait frapper de la mon

(1) Expetüt ( Robertus abbas) ut...... sicut priscis temporibus, à prædecessoribus nostris regibus concessum fore probatur, propriam monetam et percussuram proprii numismatis nostrá autoritate concederemus.... hujus saluberrimæ petitioni libenter assensum probere usquequaque collibuit. (In coll. Marten., t. 1.) (2) Capitulaire de l'an 815.

(3) Edit. de Pistes de 864, dans le Recueil des hist. des Gaules et de France, t. 4, p. 657.

I. 10e LIV.

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naie d'or, marquée avec des caractères arabes, du temps de Charlemagne (1), ainsi qu'on le voit par ces deux vers de Théodulfe :

Iste gravi numero nummos fert divitis auri
Quos Arabum sermo sive caractevarat.

Il ne paraît pas que ce prélat eût reçu ce droit de Pepin ni de Charlemagne. Maguelonne avait été détruite de fond en comble par Charles Martel, en sorte que l'évêque avait été obligé de se retirer à Soustantion. Or, ce n'est pas dans un temps de disgrâce, et lorsqu'on est dans une terre étrangère, qu'on songe à se procurer des priviléges. D'ailleurs, si ce prélat avait dû le droit de battre monnaie à Pepin ou à Charlemagne, l'aurait-il fait marquer avec des caractères arabes?

On trouva à Rioz, village du comté de Bourgogne, au commencement de ce siècle, une pièce de monnaie sur laquelle on voit, d'un côté, un calice à anses; de l'autre, un globe surmonté d'une croix, avec ces mots : MONASTERIO LOSSOVIO. La lettre O, dans cette inscription, a la forme d'un rhombe en losange. Or, le savant père Mabillon assure, dans sa Diplomatique, que cette lettre n'a été ainsi figurée que dans un temps bien antérieur au règne des Carlovingiens. D'ailleurs, le calice à anses ne se voit que sur les monnaies de la première race, et jamais et jamais sur celles

(1) Le Blanc, Traité des monnaies, p. 164.

de la seconde ou de la troisième. On ne peut donc pas douter que cette pièce de monnaie n'ait été frappée du temps des Mérovingiens, et que par conséquent le monastère de Luxeuil n'ait eu dès lors le droit de battre monnaie.

On ne lit point sans étonnement la quantité de terres que sainte Théodechilde, fille de Clovis, donna pour doter le monastère de Sens, dit Saint-Pierrele-Vif, qu'elle avait fait bâtir; leurs noms seuls rempliraient une une page. Ceux que ce dénombrement intéresserait le trouveront dans les continuateurs de Bollandus, au 28 de juin.

roi

Saint Hugues ayant obtenu le consentement du

pour rétablir le monastère de Saint-Martin d'Autun, détruit depuis long-temps, rechercha avec soin les terres que la reine Brunehaut, sa fondatrice, et les autres rois, avaient données avec profusion à cette abbaye; car on dit que ce monastère possédait, dans ses commencemens, jusqu'à cent mille manses (1). La manse, disent les savans continuateurs de Bollandus, était un fonds dont un colon pouvait se nourrir avec sa famille, et payer le cens au propriétaire. On ne peut pas dire qu'il y a erreur dans les chiffres; ce nombre est écrit en toutes lettres. Accusera-t-on l'au

(1) Cœpit sollicitè inquirere ejusdem loci possessiones, quæ olim illi largissimè per liberalitatem Brunichildis reginæ, seu aliorum regum privilegiis, concessa fuerant. Fertur enim primitùs ipsius cœnobii summa fuisse totius possessionis ad centum usque millia mansos.

teur d'hyperboles? Rien de plus simple et de moins figuré que son style. Mais accordons qu'il y a de l'exagération dans son récit; quand on est aussi riche en preuves que nous le sommes, on ne doit être ni avares ni ménagers. Qu'on retranche de ce nombre la moitié, les trois quarts même, les vingt-cinq mille manses ou métairies qui resteront seront encore un bien si considérable, qu'aucune église, aucun seigneur n'en possède point aujourd'hui qui approche de cette valeur.

Henri ou Héric, abbé de Saint-Riquier, donna en 831, à Louis-le-Débonnaire, l'état suivant des biens de ce monastère (1).

(1) SCRIPTUM HENRICI ABB.

De proventibus monasterii S.-Richarü ex ipso oppido centula.

In ipsa centulá habentur mansiones hominum secularium duo millia quingenta: unaquæque persolvit denarios duodecim, pullos quatuor, ova triginta : servitium Domini abbatis et fratrum semper debent ubicumque necesse fuerit. Molendina quatuor, unde redditur annona permixtæ sexcenti modii, porcos octo, vaccas duodecim. De mercato per hebdomadam 40 solidos. De commeatu per hebdomadam viginti solidos. Sunt ibi clibana tredecim, que reddunt unumquodque per annum decem solidos, et panes trecentos, flatones in litaniis unumquodque trigenta. Cura animarum in porticu S. Michaelis deservit eleemosinis fratrum, valent per annum quingentos solidos. Sepultura pauperum et advenarum in novo-villa in S. Albino reddit per annum centum solidos, ad portam Nobilium, ad faciendam indè eleemosinam. Eleemosina Abbatis per unumquemque diem quinque solidi : pauperes quoti

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