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« Dans la ville de Saint-Riquier, il y a deux mille cinq cents manses de séculiers: chaque manse paie

diani trecenti, vidua centum quinquagenta, clerici sexaginta. Mansorum unusquisque per annum solvit sextarium unum frumenti, similiter avenæ unum, et fabæ unum. De matrimoniis per annum viginti libras. Judicium forensium sexaginta octo libras per annum. Item ibidem vicus Negotiantium omni anno pallium unum valens centum solidos. Vicus fabrorum cuncta persolvit ferramenta: valet per annum libras tres. Vicus scutariorum omnia voluminum indumenta tribuit, conficit, consuit: valet triginta solidos. Vicus sellariorum cunctas abbati et fratribus ibi degentibus obsoniat sellas. Vicus pistorum centum panes per hebdomadam. Vicus servientium per omnia liber est. Vicus sutorum cuncta fa

mulorum et cocorum calceamenta tribuit. Vicus lanistarum omni anno quindecim sextarios sagiminis persolvit. Vicus fullonum cuncta fratribus filtra administrat. Vicus pellificum cunctas fratribus pelles conficit et consuit. Vicus vinitorum sexdecim sextarios vini, unumque olei persolvit per hebdomadam. Vicus cauponum unáquáque die triginta sextarios cervitice. Vicus militum centum et decem, unusquisque semper equum, scutum, gladium, lanceam, cæteraque arma exhibet. Capella nobilium solvit omni anno libras duodecim thuris et thymiamatis. Capella populi oulgaris quatuor, unaquæque solvit centum libras cera, incensi tres. Oblatio ad sepulchrum S. Richarii valet omni hebdomadá marcas ducentas, aut trecentas libras præter aliadonaria. (Ap. Bolland, 18 frebuarii.)

Sed nunc etiam de exterioribus bonis híc ponamus indiculum; et villas quæ monasterio Christi militis præcipui Richarii tunc temporis serviebant, breviter annotemus. Reditus verò villarum qui scire cupit codicem ex hoc conscriptum revolvat; nam pro sui magnitudine hic totus poni non potest. Ha ergo sunt villæ S. Richari: Buniacus, Valles, Drusiacus, Nova-villa, Gaspanna,

<< douze deniers (environ cinquante sous de notre << monnaie), quatre poulets, trente œufs : ils doivent << toujours le service au seigneur abbé et aux frères << partout où il est nécessaire. Quatre moulins, qui << rendent six cents muids de grains mêlés, huit porcs, << douze vaches. Le marché, par chaque semaine, << rend quarante sous d'or (le sou d'or valait douze à « treize livres de notre monnaie); le péage rend par << semaine vingt sous d'or. Il y a treize fours, qui ren

Guibrentium, Bagardas, Curticella, Crux, Civinocurtis, Haidulficurtis, Maris, Nialla, Langradus, Alteia, Rochonismons, Sidrunis, Concilio, Buxudis, Ingoaldicurtis. Inter has erant quædam licet pauca, ubi aliqui militares S. Richarii beneficii quidpiam habebant. Hæ autem sunt villæ in Dominicaturâ sancti ejusdem absque ullâ admixtione beneficii vel alterius potestatis : Pontias, Attisgnico, Tulino, Durcaptum, Abbatis-villa, Forestemonasterium Majocch, sanctus Medardus, Alliacus, Longavilla, Altoillaris, Rebellismons, Valerias. Istæ non tam villæ quâm oppida, vel, ut ita dicam, civitates habebantur, quippe quibus nulla vis injustitiæ inferebatur.

Hæc sunt nomina militum monasterio beatissimi Richarii famulantium quos ubique abbas, vel præpositi secum ducebant; quique consuetudinaliter in die festi S. Richarii, et in Nativitate Domini, vel in Resurrectione, seu in Pentecoste, semper monasterio aderant, accuratè prout quisque poterat ornati, et ex sud frequentiá regalem penè curiam nostram ecclesiam facientes.

Villas igitur et prædia, diversasque possessiones et reditus quo ex beneficio S. Richarii obtinebant, longum et nimis gravè nobis est hic recensere, maximè cùm volumen hæc disserens pleniter apud nos habeatur, à quo scientiam horum suscipiat qui nosse exoptat. (Chron. Centulense, 1. 3, c. 3.)

<< dent chacun par an dix sous d'or, trois cents pains, «<et trente gâteaux dans le temps des litanies. La «< cure de Saint-Michel rend par an cinq cents sous « d'or, que les frères distribuent en aumônes. Les en<< terremens des pauvres et des étrangers rendent par << an cent sous d'or, qu'on emploie en aumônes. L'abbé << donne chaque jour en aumônes cinq sous d'or, nour<< rit trois cents pauvres, cent cinquante veuves, « soixante clercs. Chaque manse paie par année un «<< setier de froment, un d'avoine, un de fèves. On re<< tire par an des mariages vingt livres (ce sont des << livres de poids dont il est toujours ici parlé). Le << jugement des procès rend par an soixante-huit li<< vres. La rue des marchands, qui est dans la ville de << Saint-Riquier, doit chaque année une pièce de ta«< pisserie de la valeur de cent sous d'or. La rue des <<< ouvriers en fer fournit les ferremens nécessaires à << l'abbaye, ce qui vaut trois livres par an. La rue des «faiseurs de boucliers fournit les couvertures de tous <«<les livres, les relie, les coud; ce qui vaut trente « sous d'or. La rue des selliers fournit des selles à « l'abbé et aux frères. La rue des boulangers donne «< cent pains par semaine. La rue des écuyers ne paie << rien. La rue des cordonniers fournit de souliers les << valets et les cuisiniers de l'abbaye. La rue des bou«< chers donne chaque année quinze setiers de sain. « La rue des foulons fournit aux frères toutes les « nattes de laine sur lesquelles ils couchent. La rue « des pelletiers prépare et coud toutes les peaux dont « les frères ont besoin. La rue des vignerons donne

<< par semaine seize setiers de vin et un d'huile. La << rue des cabaretiers donne chaque jour trente setiers « de bière. Chacun des chevaliers, qui sont au nom«<bre de cent dix, doit toujours avoir un cheval, un « bouclier, une épée, une lance, et les autres armes. « La chapelle des nobles paie chaque année douze li«<vres d'encens et de parfums. Chacune des quatre «< chapelles du commun peuple paie cent livres de <«< cire et trois d'encens. On tire chaque année deux <«< cents marcs ou trois cents livres d'argent des of«< frandes qui se font au tombeau de Saint-Riquier, << sans y comprendre les autres dons. >>

On a cru devoir rapporter ce monument dans ses propres termes. Tout y fait tableau, tout y donne une idée de l'état des villes du royaume dans le neuvième siècle.

Henri donne ensuite le dénombrement de toute la vaisselle d'or et d'argent qui se trouvait dans les trois églises du monastère de Saint-Riquier. Il donne le catalogue des livres qui en formaient la bibliothèque; après quoi il ajoute :

Marquons à présent les noms des villages qui << appartiennent à Saint-Riquier. Ceux qui voudront << savoir les revenus qu'on en tire, pourront lire le «< cahier où ils sont détaillés; car ce cahier, à cause « de sa grosseur, ne peut être ici transcrit. Voici les « villages de Saint-Riquier. » On en nomme vingt; et on dit que dans quelques-uns de ces villages il y a quelques vassaux de Saint-Riquier qui y possèdent des terres à titre de bénéfices militaires. L'auteur con

tinue: «< Mais voici les villages qui sont entièrement << du domaine de Saint-Riquier, sans que personne y «‹ ait ni bénéfice ni possession (on en nomme treize). « Ce sont moins, ajoute-t-il, des villages que des «< villes, ou des cités. » On indique ensuite les églises qui appartiennent à Saint-Riquier, avec les villages et les manses qui dépendent de ces églises.

Après avoir fait le dénombrement des villes, villages et terres dépendantes de Saint-Riquier, il nomme les chevaliers de ce monastère, au nombre de cent. Il dit ensuite : « Ce sont là les noms des chevaliers << de l'abbaye de Saint-Riquier, dont l'abbé ou les prévôts se font accompagner, et qui, selon la cou<< tume, se trouvent toujours à l'abbaye, parés le << mieux qu'ils peuvent le jour de la fête de SaintRiquier, les jours de Noël, de Pâques, de la Pente«< côte, et qui, par leur présence, font de notre église << une cour presque royale.

<< Il serait long et trop fatigant, continue-t-il, de «< faire le dénombrement des villages, des métairies, << des fonds, des revenus que ces chevaliers tiennent << de Saint-Riquier à titre de bénéfices militaires. « Nous avons dans l'abbaye un volume où cela est «< contenu, que celui qui voudra en avoir connais<< sance pourra consulter. »

Qu'on se figure, si l'on peut, les richesses d'un monastère qui, outre la ville de Saint-Riquier, plus grosse alors que celle de Besançon ne l'est aujourd'hui, puisqu'il y avait deux mille cinq cents manses, possédait treize autres villes, plus de trente villages,

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