Page images
PDF
EPUB

promit que les devoirs en seraient faits à chaque

tation.

mu

Les abbesses de Remiremont ont repris plusieurs fois de l'archevêché de Besançon ce que leur abbaye possédait à Amance, Fouchécour, Baulai, Mersuai, Quincey, Breurey, Velai, Valdajoz, Fougerolle, Martinvelle, Cordemoi, Frotey et Grammont.

Le comte de Bourgogne, outre Gray et Vesoul, tenait encore Choye de l'archevêché de Besançon.

Le seigneur de Montfaucon, outre les terres détaillées plus haut, tenait encore de l'archevêché celles de Sône, Bouclans, Delus, Vaire, Roche, Amagney, etc. Le seigneur de Neufchâtel tenait de l'archevêché Fresne-le-Châtel.

La terre de Vielley a été annexée à titre de fief par les archevêques de Besançon au haut doyenné du chapitre métropolitain.

On ne peut excuser que par le goût de leur siècle, les archevêques de Besançon qui ont aliéné un si grand nombre de terres, et des terres si considérables, pour de vains hommages, et que même on ne leur rend plus depuis long-temps. Les faibles restes de tant de richesses et de grandeur se réduisent aujourd'hui à la principauté de Mandeure, à la terre de Gy, d'où dépendaient autrefois trente-six fiefs, aux terres de Noroy et d'Etalans.

Je n'ai garde de prétendre que toutes les terres qu'a possédées l'église de Besançon lui aient été données par les rois Mérovingiens; mais je crois pouvoir assurer qu'elle leur en doit une bonne partie. Voici sur

quoi je fonde mon sentiment. On lit dans un ancien manuscrit de l'église de Besançon, que l'empereur Henri III a donné Gray et Choye à l'archevêque. On ne trouve, pour la très-grande partie des autres terres qu'ont possédées nos prélats, ni diplomes ni enseignemens qui puissent nous apprendre de qui ils les ont reçues. S'ils les avaient tenues de la libéralité des princes Carlovingiens, ou des rois de Bourgogne, ou des empereurs d'Allemagne, il en resterait quelque

monument.

Les archives du chapitre métropolitain, des abbayes de S. Claude et de Lure, renferment plusieurs diplomes des souverains que nous venons de nommer. Est-il croyable qu'il n'y eût eu que ceux qui auraient été donnés en faveur de l'archevêché qui se fussent perdus? n'est-il pas plus vraisemblable qu'il n'y en a jamais eu de ces souverains, et que par conséquent la plus grande partie des terres qu'a possédées l'archevêché viennent des rois Mérovingiens et des seigneurs de leur temps, dont tous les savans conviennent qu'il nous reste trèspeu de monumens?

En réduisant l'archevêché de Besançon à une partie de ses domaines sous les rois Mérovingiens, il ne perd pas pour cela le droit d'être compté parmi les riches bénéfices de ce temps-là. Il a possédé, dans le onzième siècle, un si grand nombre de terres, et des terres si considérables, que la moitié a pu suffire pour en faire un des plus opulens siéges des Gaules sous la première race de nos rois.

Je terminerai cette description par un trait qui seul

aurait pu en tenir lieu. La puissance et les richesses des évêques étaient déjà si considérables sous les petitfils de Clovis, que Chilpéric, l'un d'eux, leur portait envie. Ce prince, au rapport de Grégoire de Tours, disait souvent : Notre fisc a été appauvri, nos richesses ont passé aux églises, il n'y a plus que les évêques qui règnent; notre autorité est anéantie, et elle a été transportée aux évêques (1).

Qu'on ne pense donc plus que le clergé n'est devenu le premier ordre de l'Etat que par la faveur de Pepin et de Charlemagne. Qu'on ne regarde plus les droits régaliens, les principautés des évêques comme des usurpations faites dans le temps de la décadence de la maison Carlovingienne. On a vu que les prélats, dès la conversion de Clovis, ont formé le premier ordre de l'Etat ; qu'ils ont toujours occupé la première place dans les assemblées nationales; qu'ils ont eu sous les rois Mérovingiens la principale part dans l'administration publique; qu'ils étaient alors dans une si grande considération, que ces souverains accordaient la liberté aux captifs à leur volonté, et la grâce aux criminels qui se réfugiaient dans le parvis de leur église; que ces princes, dans leur absence, leur confiaient leur suprême autorité; que dès lors les évêques jouissaient

(1) Aiebat enim (Chilpericus) plerumque: Ecce pauper remansit fiscus noster; ecce divitiæ nostræ ad ecclesias sunt translatæ. Nulli penitùs nisi soli episcopi regnant. Periit honos noster et translatus est ad episcopos civitatum.

de tous les droits régaliens; que ces monarques leur ont donné des principautés, des villes, d'immenses domaines, qu'ils les ont comblés de richesses; qu'ils ont, pour ainsi dire, partagé avec eux leur puissance, leur grandeur et leurs terres; qu'ils ne se sont réservé que ce qui ne peut se communiquer sans se détruire, la haute souveraineté; de sorte qu'on peut dire avec vérité que jamais l'épiscopat n'a eu tant de splendeur temporelle, que jamais il n'a eu tant d'autorité, que jamais il n'a été en si grande considération, que jamais il n'a possédé tant de biens que sous la première race de nos rois.

Mais, dira-t-on, cette grandeur temporelle et cette opulence n'étaient-elles pas dangereuses pour le clergé, à qui elles pouvaient si aisément faire perdre l'esprit de son état? N'étaient-elles pas préjudiciables au royaume, qu'elles affaiblissaient en le privant d'une si grande partie de ses fonds et de ses richesses? Je réponds à ces deux questions par des faits. L'Eglise de France n'a jamais eu tant de saints évêques et de saints. religieux que sous les rois Mérovingiens. La monarchie française s'étendait alors de l'embouchure de l'Elbe à la Méditerranée. Elle était la terreur de l'Europe. Seule elle arrêtait les immenses et rapides conquêtes des Sarrasins. Elle avait des rois tributaires : elle comp tait des princes parmi ses sujets.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Avec un choix des meilleures notes extraites de divers commentaires.

L'EGLISE gallicane s'est mieux défendue que les autres du relâchement de la discipline introduit de

(1) Cette pièce, publiée en 1724, après la mort de l'auteur, a été ajoutée, avec plusieurs autres de la même nature, au Recueil de ses huit premiers Discours, dans l'édition donnée par l'abbé Goujet : Paris, 1763, in-12. On y avait joint des notes, qui sont, en général, exactes et sages. Deux ans après, le même discours a reparu imprimé sépa– rément, avec partie des premières notes et un nouveau commentaire tellement exagéré dans les doctrines contraires aux prétentions du Saint-Siége, qu'on ne peut y méconnaître l'esprit de secte qui agita la France pendant le siècle dernier, et l'œuvre d'un écrivain dont l'expérience n'avait pas encore tempéré l'ardeur (*).

(*) Ces notes sont attribuées à Chiniac de la Bastide Duclaux, qui ayant à peine fini d'assez bonnes études en théologie et en droit, était alors dans l'effervescence de la première jeunesse. On a publié depuis un autre texte du Discours de Fleury, qu'on suppose être plus exact; mais il est permis de douter de son authenticité.

« PreviousContinue »