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puis quatre ou cinq cents ans, et a résisté avec plus de force aux entreprises de la cour de Rome. La théologie a été enseignée plus purement dans l'Université de Paris que partout ailleurs; les Italiens même y venaient étudier, et la principale ressource de l'Eglise contre le grand schisme d'Avignon s'est trouvée dans cette école. Les rois de France, depuis Clovis, ont été chrétiens catholiques, et plusieurs très-zélés pour la religion leur puissance, qui est la plus ancienne et la plus ferme de la chrétienté, les a mis en état de mieux protéger l'Eglise.

Depuis que les empereurs ont perdu l'Italie, et que

En conservant de ces diverses notes toutes les explications qui portent sur des faits historiques ou des droits reconnus dans l'Eglise gallicane, nous avons eu soin d'en écarter les controverses qui nous ont paru excéder également les bornes du sujet traité par Fleury, et celles de la légitime défense de nos libertés spéciales contre le chef commun de toutes les Eglises. Si Rome s'est attribué des priviléges exorbitans, et qu'on a pu lui contester sans blesser la divinité de sa mission, ce n'est pas une raison pour refuser au souverain pontife toute espèce de prédomination spirituelle, et de réduire son autorité à celle d'un simple évêque. C'est à peu près ce que font les partisans outrés de certaines doctrines. Quant à nous, qui sommes étrangers à tout esprit de parti politique ou religieux, et qui ne voulons qu'être exacts et vrais, autant que la faiblesse de nos lumiè– res nous le permet, nous n'avons pas cru devoir nous rendre l'écho de déclamations trop passionnées pour appeler notre confiance et mériter celle de nos lecteurs.

(Edit. C. L.)

les papes (1) ont acquis un Etat temporel qui en a fait la meilleure partie, il n'y est point resté de souverain capable de résister à leurs prétentions; et l'intérêt commun de s'avancer à la cour de Rome a fait embrasser à tous les Italiens les intérêts de cette cour. La dignité des cardinaux y efface celle des évêques, qui sont en très-grand nombre, et pauvres pour la plupart (2). Les réguliers y ont le dessus sur le clergé

(1) Pépin et Charlemagne, rois des Français, ayanı anéanti la monarchie des Lombards, qui avaient enlevé presque toute l'Italie aux empereurs d'Orient, s'en réservérent la souveraineté, et ne donnèrent aux évêques de Rome que le domaine utile de l'exarcat de Ravenne, de la Pentapole et du duché de Spolette. Louis-le-Débonnaire voulut enchérir sur les libéralités de Charlemagne son père et de Pépin son aïeul. Ainsi, l'an 817, non content de confirmer à l'évêque Pascal toutes les donations qu'ils avaient faites au siége de Rome, il y ajouta la ville de Rome, avec tous les droits de domaine, de justice et de principauté, hors la souveraineté directe et supérieure qu'il se réserva, et dont lui et ses successeurs jouirent toujours. Voilà la source véritable des grands biens que possèdent aujourd'hui les évêques de Rome. Les différentes révolutions arrivées dans la monarchie française et dans l'empire, leur ont fourni l'occasion de joindre peu à peu la principauté temporelle et (Edit.)

souveraine à l'éminence du sacerdoce.

(2) Les évêques d'Italie sont si pauvres, qu'on les prendrait plutôt pour des curés de village que pour des évêques ; les cardinaux au contraire sont si opulens, qu'on les prendrait plutôt pour des princes temporels que pour des prêtres de l'église de Rome.

séculier. Il n'y a que les Vénitiens qui se soient mieux défendus des nouveautés.

En Espagne, depuis l'invasion des Maures, les chrétiens ont été long-temps faibles, obligés d'implorer le secours des autres, et de recourir aux papes pour avoir des croisades (1) et des indulgences, afin d'encoura

« que

(1) Les papes et ceux qui, par leur ordre, prêchaient la croisade, ne cessaient de la représenter à la noblesse comme l'affaire de Dieu et le meilleur moyen d'assurer leur salut. Prêchaient-ils la vérité?...... « Aujourd'hui, dit M. Fleury, « que les esprits ne sont plus échauffés sur cette matière, et nous la considérons de sang-froid, nous ne trouvons dans ces discours ni solidité ni justesse de raisonnement. « La religion de Jésus-Christ n'est point attachée aux saints lieux; il nous l'a déclaré lui-même, en disant que le temps « était venu où Dieu ne serait plus adoré ni à Jérusalem ni à Sa« mari, mais par toute la terre, en esprit et en vérité...... La << croisade servit de prétexte aux gens obérés, pour ne point << payer leurs dettes; aux malfaiteurs, pour éviter la punition << de leurs crimes; aux moines indociles, pour quitter leurs «< cloîtres; aux femmes perdues, pour continuer plus libre«ment leurs désordres...... Les croisés étaient, pour ainsi

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dire, des pécheurs tout crûs qui, sans conversion de cœur «et sans préparation précédente, sinon peut-être une con«fession telle quelle, allaient, pour l'expiation de leurs pé▪chés, s'exposer aux occasions les plus dangereuses d'en « commettre de nouveaux : des hommes choisis entre ceux « de la vertu la plus éprouvée auraient eu peine à se con"server en tels voyages.... Les croisades ont procuré la ces"sation des pénitences canoniques......... Elles ont rendu les catholiques l'horreur des infidèles et des schismatiques.....

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ger leurs troupes. Ce n'est que depuis deux cents ans que leur puissance est rétablie et réunie; et c'est alors qu'ils ont reçu l'inquisition (1), et se sont soumis à la plupart des usages modernes.

L'Angleterre, avant le schisme d'Henri VIII, était soumise au pape, même pour le temporel; le denier Saint-Pierre y était établi dès le temps des premiers Anglais (2), et Jean-sans-Terre avait achevé de se

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« Et voilà l'honneur qui revint à Jésus-Christ de ces entre<< prises formées à si grands frais. » (Edit.) (1) L'inquisition a été introduite dans plusieurs Etats catholiques, en Italie, à Venise, en Espagne et en Portugal C'est en France que fut d'abord établi ce tribunal. On voit combien il était odieux, par la difficulté qu'il y eut de l'établir, même en Italie et dans l'état ecclésiastique, et par les inquisiteurs qui furent mis à mort. L'inquisition n'était pas seulement odieuse aux hérétiques, qu'elle recherchait et poursuivait, mais aux catholiques mêmes, aux évêques et aux magistrats, dont elle usurpait la juridiction; aux particuliers, auxquels elle se rendait terrible par la rigueur et quelquefois par l'injustice de sa procédure. Les papes furent obligés de publier diverses constitutions pour en modérer l'excessive sévérité. On a senti en France les inconvéniens terribles de ce tribunal. Il a été aboli; il n'en reste présentement (au milieu du dernier siècle) d'autre vestige que le titre d'inquisiteur, que porte encore un dominicain à Toulouse, avec une pension modique du roi, mais sans aucune fonction. (Edit.)

(2) Le denier Saint-Pierre fut établi par Ethelulfe, roi d'Quessex en Angleterre, qui l'an 856 laissa, par son testament, trois cents marcs d'or par an à l'Eglise romaine;

rendre sujet du pape, en lui faisant hommage de son royaume. Il n'y a point de pays où l'on se soit tant plaint des exactions de la cour de Rome.

En Allemagne, les empereurs ont résisté aux entreprises des papes par d'autres entreprises, et par une conduite outrée et mal soutenue. Leur puissance est tombée dans les derniers temps. Les ecclésiastiques ont mêlé à leur vraie autorité le faste et la domination séculière la doctrine et les fonctions ecclésiastiques ont été presqu'abandonnées à des réguliers dépendant particulièrement du pape; et depuis Luther, les catholiques voulant relever l'autorité du pape, se sont souvent jetés dans les excès contraires. Il en est de même à proportion de la Pologne : le christianisme n'y a commencé que vers le temps où les papes s'accoutumaient à pousser le plus loin leurs prétentions.

Les maximes des ultramontains que nous rejetons en France sont les suivantes :

1° La puissance temporelle est sous-ordonnée à la spirituelle, en sorte que les rois et les souverains sont soumis, au moins indirectement, au jugement de l'Eglise, en ce qui regarde leur souveraineté, et peuvent en être privés, s'ils s'en rendent indignes;

2° Toute l'autorité ecclésiastique réside principale

cent pour saint Pierre, cent pour saint Paul, cent pour les largesses du pape. Ce tribut a son origine dans la taxe imposée par Ina, roi d'Ouessex, dans le septième siècle, pour l'entretien du collége anglais qu'il avait fondé à Rome. Ce tribut fut augmenté par Offa, roi des Merciens. (Edit.)

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