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rés (1): les curés tiennent leur pouvoir immédiate

la Cour a voulu toujours garder et conserver la liberté de l'Eglise gallicane, et sauf en toutes choses l'honneur et la révérence dus à notre saint Père le pape et au saint Siége apostolique.>>

(1) Il y a donc grande différence entre les évêques, etc. Il est vrai qu'il y a une grande différence entre les évêques et les curés; mais il est faux que cette différence consiste en ce que les évêques ont reçu leur pouvoir immédiatement de Jésus-Christ, et que les curés ne tiennent le leur que de l'évéque. Les docteurs de Paris se sont opposés dans tous les temps à cette doctrine, et l'ont toujours regardée comme scandaleuse, erronée en la foi, et détruisant l'ordre de la hiérarchie. Ils la censurèrent comme telle, l'an 1482, dans la personne de Jean Angeli, cordelier, qui avait avancé, dans un sermon, que les curés ne tenaient leur pouvoir que de l'évêque Facultatem suam habent dicti presbyteri (curati) ab episcopo duntaxat. Voici la censure qui fut faite par la Faculté: Dicit Facultas quòd propositio in se et quoad omnes reliquas partes et PROBATIONEM PARTIS ULTIMÆ, in quâ dicitur, AB EPISCOPO DUNTAXAT, est scandalosa, in fide erronea, hierarchici ordinis destructiva, etc.

Les docteurs de Paris, dans le siècle suivant, ont soutenu et défendu, avec la même fermeté, le pouvoir des curés de droit divin. Claude Cousin, jacobin, ayant renouvelé en 1516, à Beauvais, dans une de ses prédications, la proposition erronée de Jean Angeli, savoir, que les curés ont leur faculté et institution de l'évêque seulement, la Faculté ne manqua pas de renouveler aussi contre lui la censure qu'elle avait déjà portée contre Jean Angeli, avec ordre à lui de la révoquer publiquement........

ment de l'évêque, qui demeure toujours en droit d'exercer toutes les fonctions en chaque paroisse, et ce n'est que quant à l'ordre de prêtrise que l'institution des curés est de droit divin. Si chaque évêque a tant de pouvoir, à plus forte raison plusieurs évêques assemblés dans un concile; car Jésus-Christ a dit: Si deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux : c'est pourquoi nous recevons les décisions de foi et les règles de discipline que les conciles nous ont données, mais différemment. La foi étant invariable et universelle, nous recevons comme de foi ce qui a été décidé dans les conciles, même particuliers, si le reste de l'Eglise les approuve.

Les mêmes docteurs établissent le pouvoir des curés de droit divin, 1o sur le saint Evangile (Luc., ch. 10, v. 17), qui nous apprend que les disciples ont été envoyés immédiatement de Jésus-Christ, de même que les apôtres : Ite, ecce ego mitto vos; 2° sur la doctrine de l'apôtre saint Paul, qui assembla à Milet, selon l'explication de saint Irénée, les évêques et les prêtres d'Ephèse et des villes voisines, et leur dit: Prenez garde à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques pour gouverner l'Eglise de Dieu. Attendite vobis et universo gregi in quo vos Spiritus-Sanctus posuit episcopos regere Ecclesiam Dei; 3o sur l'au torité des saints Pères, des conciles et des anciens docteurs, qui nous enseignent que les prêtres, et principalement les curés, sont les successeurs des soixante-douze disciples, de même que les évêques sont les successeurs des apôtres, et qui appliquent aux prêtres de l'Eglise d'Ephèse les instructions que saint Paul donne au 28° vers. des Actes, ch. 20.......

Quant à la discipline, nous y admettons des changemens autorisés expressément, ou tacitement, par l'Eglise universelle; mais nous parlerons ensuite de la discipline; achevons ce qui regarde la foi.

Puisque l'Eglise est infaillible, le concile universel qui la représente toute entière doit être infaillible aussi; c'est pourquoi nous recevons les décisions de foi des conciles comme dictées par le Saint-Esprit, suivant ces paroles du premier concile : Il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous. Nous y voyons saint Pierre parler le premier, mais le décret se fait au nom de tous; ainsi, dans tous les conciles généraux, le pape préside en personne ou par ses légats, mais tous les évêques jugent avec lui. Ce n'est pas lui seul qui y donne autorité, autrement il serait inutile de faire assembler à si grands frais tant d'évêques pour lui donner de simples conseils, et on trouverait peutêtre plus près d'autres théologiens aussi éclairés. Il est vrai que le pape confirme le concile; mais cette confirmation n'est en effet qu'un consentement, comme il paraît par les anciennes souscriptions, où tous les évêques indifféremment se servaient de ce terme de confirmation pour souscrire aux décrets des conciles et des papes même. L'Eglise (1), sans

(1) L'Eglise, sans être assemblée en concile, n'en est pus moins infaillible. Il y a deux sortes de dogmes: les uns sont clairement révélés dans l'Ecriture, enseignés unanimement et constamment dans tous les siècles, crus distinctement dans toutes les Eglises; les autres ne sont point clairement

être assemblée en concile, n'en est pas moins infaillible: elle l'est toujours; et pour être assuré de ce que nous devons croire, il suffit de voir son consentement unanime, de quelque manière qu'il nous paraisse. Donc, si le pape, consulté par les évêques, a décidé une question de foi, et que l'Eglise reçoive sa décision, l'affaire est terminée, comme autrefois celle des pélagiens (1); il ne faut point de concile. Si quel

révélés dans les Livres Saints, et sont contestés dans l'Eglise, parce qu'ils ne sont point encore suffisamment éclaircis. A l'égard des dogmes qui sont clairement révélés dans l'Ecriture, enseignés unanimement et crus distinctement, le témoignage de la foi commune de toutes les Eglises, et leur consentement unanime à attester ces dogmes n'est pas moins infaillible qu'un jugement rendu par toute l'Eglise assemblée en concile, et suffit pour nous assurer de ce que nous devons croire. Par rapport aux autres dogmes difficiles et obscurs, qui ne sont pas révélés clairement dans l'Ecriture, et dont on dispute, l'Eglise ne peut exercer l'autorité infaillible, qu'elle a toujours, sans être assemblée en concile; car, pour définir ces dogmes, il est nécessaire qu'elle s'assure de la doctrine de toutes les Eglises particulières; ce qu'elle ne peut faire que les ministres de Jésus-Christ ne s'assemblent pour conférer entre eux, examiner et éclaircir la doctrine dont il s'agit, expliquer les difficultés; en un mot, pour réunir tous les esprits dans les mêmes points de doctrine.

(1) Comme autrefois celle des pélagiens. La cause des pélagiens n'était point du nombre de ces questions sur lesquelles. il y a du partage entre les catholiques; tout le monde eut horreur de la doctrine de ces hérétiques aussisôt qu'elle pa

ques docteurs, ou même quelques êvêques en petit nombre murmurent encore, on ne doit pas les écouter; mais si une grande partie de l'Eglise ne se soumet pas, comme dans la cause d'Eutychès, l'Egypte et l'Orient, alors c'est le cas d'assembler un concile universel, qui examinera la décision du pape, et ne l'approuvera qu'après l'avoir reconnue conforme à la tradition de toutes les Eglises. Ainsi, dans cette cause d'Eutychès, le concile de Calcédoine examina la lettre du pape saint Léon, qui toutefois servit de

fondement au décret de foi.

Au contraire, dans le sixième concile, les lettres du pape ayant été examinées, comme celles de Pyrrhus, de Cyrus, de Sergius et de Paul, hérétiques monothélites, furent rejetées de même, comme favo

rut; leurs erreurs furent proscrites au moins dans vingt-trois conciles cependant, l'affaire ne fut terminée en dernier ressort que dans le concile général d'Ephèse, comme il est aisé de s'en convaincre par les actes du concile et par tous ceux qui ont écrit l'histoire des pélagiens. Le P. Maimbourg s'exprime trop nettement sur cet article pour ne point rapporter son témoignage, Traité de l'Eglise de Rome, ch. 18. Quand saint Augustin dit, en parlant des pélagiens : « Il nous est venu des rescrits de Rome; la cause est finie: » cela s'entend qu'elle est finie à Rome, où ces hérétiques, qui, après avoir été condamnés dans les conciles d'Afrique, s'étaient adressés au pape, croyaient gagner leur cause par leur artifice, qui leur avait une fois réussi. Elle ne fut jugée en dernier ressort qu'au concile d'Ephèse.

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